Députée sortante de la Nupes, Nathalie Oziol investie par le Nouveau front populaire a été très largement réélue ce dimanche dès le 1er tour sur la 2e circonscription de l’Hérault. Elle précise les enjeux, ses espérances et son rôle lors de cette semaine de campagne cruciale.
Vous êtes la députée la plus largement réélue en Occitanie. Quelle est votre réaction à l’issue de cette victoire obtenue dès le premier tour ?
Il faut d’abord saluer la mobilisation, avec des taux de participation dans certains bureaux de vote qui vont jusqu’à doubler, notamment à La Paillade, au Petit-Bard. Cela confirme des dynamiques amorcées lors des Européennes. Il faut lire cette élection comme la prolongation de ce qu’il s’est passé il y a trois semaines. Le 9 juin, la liste de l’union populaire avait été propulsée à plus de 24 % des voix. Il y avait déjà eu une mobilisation de la jeunesse et des quartiers populaires. Ces dynamiques-là se sont confirmées. J’appelle maintenant à les amplifier car il reste des circonscriptions où tout est possible.
Vous avez bénéficié de l’absence de candidatures dissidentes et d’adversaires sans grande notoriété.
Parce que tout le monde avait bien identifié cette dynamique à l’œuvre. Lorsqu’il y a une mobilisation populaire, le score de l’extrême droite est écrasé. Là le RN est disqualifié. S’il y a deux observations à faire c’est d’abord le gros revers d’Emmanuel Macron. C’est une sanction de sa politique, de la brutalisation de la vie politique depuis sept ans. Ensuite, lorsqu’il y a une mobilisation populaire on peut faire reculer l’extrême droite et c’est cela qui rend possible la victoire au second tour d’autres candidats du NFP.
Vous avez été très impliquée dans les manifestations de soutien à la population de Gaza. Cela a-t-il joué un rôle dans les quartiers où cette question est prégnante ?
C’est une question qui traverse la société française. Le génocide en cours à Gaza ne peut pas laisser indifférent. Il y avait beaucoup de diversité dans ces manifestations et notamment beaucoup de jeunes. Car on y retrouve les questions de l’avenir du pays, du monde, l’esprit d’humanité et de solidarité avec son prochain. C’est clair qu’à la France insoumise on s’est singularisé par notre constance dans le soutien au peuple palestinien, la dénonciation du génocide, la demande de cessez-le-feu et de sanctions contre le gouvernement de Netanyahu. Cela nous a valu beaucoup de reproches, mal fondés et de mauvaise foi. C’était un marqueur pour les Européennes mais aussi les législatives mais il est transversal.
« L’antisémitisme : c’est de la calomnie »
Comment réagissez-vous quand, dans la majorité présidentielle on annonce soutenir des candidats du Nouveau front populaire sauf LFI, taxé d’antisémitisme.
C’est de la calomnie, jamais prouvée. On n’a jamais pu prouver un propos antisémite de notre part. On est dans un jeu politicien dangereux pour le pays. LFI n’est pas une formation extrême, le Conseil d’État a tranché, en revanche le RN est une formation d’extrême droite. On a su prendre nos responsabilités, comme à chaque fois quand le RN se retrouve qualifié. On l’a redit encore dimanche. On a des choses à dire mais on retire nos candidatures. On est clair, là où les macronistes ne le sont pas. Dans l’Hérault, 24 h après le scrutin on ne sait toujours pas ce que vont faire les quatre candidats macronistes. L’heure est à prendre des décisions claires. Là où on cherche de l’ambiguïté chez la France insoumise il n’y en a pas. En revanche chez les macronistes il n’y a pas de clarté. J’espère qu’ils vont prendre leurs responsabilités et être à la hauteur du moment. Partout où l’extrême-droite a pris le pouvoir, en Hongrie, en Italie, en Argentine ce sont des reculs sociaux, les gens perdent des droits fondamentaux. C’est la remise en question du droit à l’avortement, du RSA et les idées racistes progressent. En France on ne peut pas tolérer ça.
Dans l’Hérault quelle va être votre action désormais ?
Être élue au premier permet d’être disponible pour aider partout on peut faire battre en retraite le RN. Dans certaines circonscriptions chaque voix va compter. Il y a une dynamique pour le RN mais pour nous aussi. Tout est possible le 7 juillet.
Vous y croyez ?
Nous visons la majorité absolue à l’Assemblée nationale. À la France insoumise nous aspirons à appliquer le programme que nous avons formé ensemble. Tout le programme, rien que le programme. C’est la bataille qui se joue en quelques jours. On est présent dans énormément de seconds tours. Si la mobilisation observée là s’amplifie on peut changer la vie des gens dès le 7 juillet, on abroge la réforme des retraites, on revalorise le SMIC à 1 600 €, on remet des services publics qui manquent cruellement, on met en place la bifurcation écologique.
« Ma bataille, c’est d’avoir la majorité absolue »
Avec quel Premier ministre alors que Jean-Luc Mélenchon est présenté comme un épouvantail ?
Pour moi l’épouvantail c’est Jordan Bardella. La formation politique qui aura le plus de députés aura des propositions à faire, plusieurs personnes peuvent aspirer à remplir cette fonction. Mais il y a des batailles à mener avant. Quelle que soit la personne, elle sera là pour appliquer notre programme de rupture. On peut redonner de l’espoir. Jean-Luc Mélenchon représente quelque chose dans les poches les plus précaires de notre société.
Est-ce que depuis dimanche soir, vos relations avec Michaël Delafosse se sont réchauffées ?
Je ne suis pas en guerre contre Delafosse. Ce n’est pas mon affaire dans cette élection-là. La bataille du moment, la mienne, c’est de remporter le plus de seconds tours possibles et avoir la majorité absolue. On n’est pas distancé par le RN, tout est possible le 7 juillet à condition qu’il y ait une mobilisation générale. Ensuite, le score spectaculaire obtenu à Montpellier est un vote de propulsion de ce que nous portons comme projet.
Certains prédisent un éclatement du Nouveau front populaire à l’issue de ces élections.
Mais tout le monde s’est engagé à respecter le programme. Il faut que les élus respectent ces engagements. Le peuple a trop souffert des promesses qui ne sont pas tenues. À La France insoumise c’est ce que l’on fera.
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Publish date : 2024-07-01 16:01:00
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