l’essentiel
À neuf jours du premier tour des élections législatives, le Nouveau Front populaire a détaillé ce vendredi son ambitieux programme de relance budgétaire, avec 25 milliards de dépenses supplémentaires dès 2024.
Il était temps que le Nouveau Front populaire présente les chiffres, recettes et dépenses, de son ambitieux programme « de rupture » pour mettre un terme à la cacophonie qui s’installait. Ces derniers jours certains présentaient des chiffrages contradictoires – 106 milliards pour la socialiste Valérie Rabault, 200 pour l’insoumis en chef Jean-Luc Mélenchon – ou étaient incapables de préciser certaines mesures sur les plateaux télé, notamment sur les hausses d’impôts au-delà de 4 000 € – bruts ou nets ?
« Une grande loi » sur la retraite à 60 ans « avant 2027 »
Après avoir dévoilé son programme le 14 juin dernier, le Nouveau Front populaire présentait donc hier midi la façon dont il allait financer ses mesures. Dans la brochure de 10 pages intitulée « Notre proposition macroéconomique », le NFP cible d’abord « l’échec de la politique économique, fiscale, budgétaire et sociale d’Emmanuel Macron », estimant que « le ruissellement » vanté par le Président était « en échec ».
« Le déficit public est passé de – 2,3 % du PIB en 2018 à – 5,5 % du PIB en 2023. La dette publique est passée de 98,5 % du PIB en 2018 à 109,9 % du PIB en 2023. Le taux de pauvreté est reparti à la hausse depuis 7 ans, passant de 13,8 % à 14,5 % en 2021 » pointe le NFP. « Nous sommes la 7e puissance économique du monde et nous comptons 9 millions de pauvres avec une consommation au plancher », a déploré le sénateur PCF Ian Brossat, premier à prendre la parole lors de la conférence de presse hier.
Le NFP propose d’ « inverser la logique, d’enclencher un cercle vertueux » qui « marque une rupture immédiate et claire avec la politique mise en œuvre depuis 2017 » autour de trois axes, « agir pour le pouvoir d’achat des Français, une bifurcation écologique pour préserver le climat et le vivant, réparer et développer les services publics. »
« Nous commencerons par éteindre le feu social », explique le sénateur PS Alexandre Ouizille, qui énumère plusieurs mesures déjà annoncées : « l’abrogation de la réforme des retraites et l’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage » ; « l’augmentation du smic à hauteur de 1 600 euros, [soit] une augmentation de 14 % », une « une augmentation du point d’indice de 10 % » pour les fonctionnaires, une augmentation des « aides pour le logement de 10 % ».
« Nous entendons proposer une grande loi avant 2027 sur la retraite à 60 ans », a de son côté promis l’Insoumis Eric Coquerel. Aux PME inquiètes de la hausse du Smic, la sénatrice EELV Eva Sas explique « Nous les aiderons par plusieurs dispositifs, d’avances à 0 %, de reprise de leurs charges financières et des mesures d’accompagnement financier pour celles qui en ont besoin. »
150 milliards de dépenses fin 2027
Selon le chiffrage présenté hier, les dépenses publiques supplémentaires pourraient atteindre 150 milliards fin 2027 pour des recettes équivalentes, largement à la faveur d’une hausse de la fiscalité. « Trois bornes » ont été établies pour le chiffrage du programme du NFP : « 25 milliards d’euros en 2024, 100 milliards fin 2025, 150 fin 2027 », explique Alexandre Ouizille qui évalue le chiffrage « autour de 125 » milliards d’euros en 2026.
Côté recette, le NFP annonce le retour immédiat d’un « ISF [impôt sur la fortune] avec une composante climatique à 15 milliards d’euros ». Sur le reste des recettes, l’union de la gauche prévoit une taxe sur les superprofits (qui rapportera 15 milliards), la suppression de la « flat tax » (2,7), le rétablissement de l’ « exit tax » (1), la suppression des niches fiscales (25), la taxe des transactions financières (3), la réforme de l’impôt sur l’héritage (17), la refonte des aides aux entreprises (20) et la réforme de l’impôt sur le revenu (5). Au final, le NFP table sur 30 milliards de recettes en 2024, 100 en 2025 et 150 en 2027.
Pour répondre aux attaques de la majorité, le NFP s’est entouré d’économistes qui assurent que le programme est parfaitement réalisable. « Il y a des mesures de dépenses sociales qui peuvent sembler non crédibles » mais « qui peuvent complètement changer la donne », estime l’économiste Eloi Laurent, qui invoque le nom de l’économiste britannique John Maynard Keynes et estime qu’une « une dépense sociale peut devenir un investissement » et peut être « efficace économiquement ».
« Ce que propose aujourd’hui le Nouveau Front populaire, c’est d’introduire de la justice fiscale, car le consentement à l’impôt est l’une des dimensions de la création de la confiance. [Le NFP mènera] une politique d’investissement sur le long terme », poursuit la professeure d’économie Julia Cagé.
Un calculateur pour savoir si ses impôts augmentent
« L’idée est de partager les richesses pour faire en sorte que la grande migration du travail vers le capital reparte dans l’autre sens, de façon à doper le pouvoir d’achat », a expliqué Eric Coquerel. « C’est une broyeuse à classe moyenne, ce sont des hausses d’impôts sur la classe moyenne », a réagi le Premier ministre Gabriel Attal alors que la gauche assure que son programme n’impactera que les revenus supérieurs à 4 000 euros nets.
Pour que chaque Français se fasse son idée avec le passage de 5 à 14 tranches d’impôt sur le revenu, le Nouveau front populaire a mis en place un calculateur sur internet (impots-frontpopulaire.fr).
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Publish date : 2024-06-22 04:31:00
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