Seul le Nouveau Front populaire dispose d’un candidat déclaré au poste de Premier ministre. Pour le reste, des noms circulent pour entrer à Matignon avec des profils diamétralement opposés.
Après la démission du Premier ministre Gabriel Attal acceptée le 16 juillet dernier par Emmanuel Macron, la haute-fonctionnaire de 37 ans Lucie Castets a été désignée par le Nouveau Front populaire pour représenter l’alliance de la gauche comme Première ministre, après la victoire du NFP aux dernières élections législatives. Toutefois, Emmanuel Macron a déjà fermement indiqué qu’elle ne sera pas nommée Première ministre, comme toute autre personnalité ayant pour ambition de prendre la tête d’un gouvernement de gauche. Le chef de l’Etat souhaite nommer à Matignon le chef d’un gouvernement de coalition, disposant d’un soutien majoritaire à l’Assemblée nationale. Ce qui n’est pas le cas pour le Nouveau Front populaire, malgré la victoire au dernier scrutin législatif.
De l’autre côté, une possible alliance entre le groupe présidentiel et les Républicains est soupçonnée depuis la réélection de Yaël Braun-Pivet en tant que présidente de l’Assemblée nationale lors de la première plénière de l’hémicycle. Le nom de Xavier Bertrand revient également avec insistance et pourrait être l’élément plutôt « consensuel » recherché par le président de la République après la tempête politique traversée. Lundi 29 juillet, l’actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’a pas manqué d’encenser le président LR des Hauts-de-France : « c’est un homme politique avec une très grande compétence », il pourrait « servir grandement la France ». « J’ai mes amitiés, mais je ne suis pas le président de la République » a indiqué le numéro 3 du gouvernement démissionnaire au micro de France 2. Alors, qui est vraiment susceptible de réunir une majorité absolue ou un nombre d’élus suffisamment important pour pouvoir éviter une motion de censure, et espérer rejoindre l’hôtel de Matignon, « après les Jeux olympiques » ? Élements de réponse.
La possibilité d’un Premier ministre de coalition
La gauche étant le groupe majoritaire à l’Assemblée nationale, elle pourrait abriter le futur Premier ministre, mais si une coalition voyait le jour et devenait le groupe le plus important en nombre d’élus, c’est elle qui deviendrait un vivier de potentiels chefs de gouvernement. Et une coalition aurait l’avantage de renforcer le Premier ministre en rendant son éviction par une motion de censure plus difficile, mais toujours possible tant que 289 députés ne sont pas réunis dans l’alliance. Plusieurs scénarios de coalition sont sur la table.
Une coalition entre Ensemble et Les Républicains
Le camp présidentiel à la tête de la coalition Ensemble compte 168 députés tandis que la droite en a 60, les deux groupes unis cumuleraient donc près de 230 députés et deviendraient majoritaires. Les deux formations politiques se sont déjà entendues sur plusieurs projets depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022 et ont permis de faire voter des lois malgré la majorité relative du camp présidentiel. Une coalition paraîssait donc possible, notamment grâce à Édouard Philippe, capable de faire le pont entre la macronie et la droite. De plus, le camp présidentiel et la droite se sont alliés pour l’élection de Yaël Braun-Pivet au perchoir. Si une telle coalition voyait le jour, le Premier ministre pourrait venir du camp macroniste, plus particulièrement de l’aile droite, mais aussi d’un parti du centre droit comme Horizon ou alors de la droite modérée. Les Républicains poseraient comme condition à une coalition la nomination d’un Premier ministre de droite sans donner de nom. Une éventualité récemment balayée par le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, lors de sa présentation d’un « pacte législatif » en présence de Laurent Wauquiez, indiquant qu’il ne souhaitait « ni entrer au gouvernement, ni dans une coalition », mais simplement faire des propositions sur lesquelles les LR s’engagent à suivre le gouvernement en cas de vote à l’Assemblée nationale, notamment sur la sécurité ou l’éducation. Pour autant, lundi 29 juillet 2024, l’actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’a pas manqué d’encenser le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand : « C’est un homme politique avec une très grande compétence », il pourrait « servir grandement la France ». « J’ai mes amitiés, mais je ne suis pas le président de la République » a indiqué le numéro 3 du gouvernement démissionnaire au micro de France 2. De quoi relancer la rumeur d’une coalition entre Ensemble et Les Républicains (hors Ciotti).
Une coalition entre le Nouveau Front populaire et Ensemble
Le camp présidentiel ou son aile gauche pourrait aussi se rapprocher de la gauche à condition que LFI, qui fait partie du Nouveau Front populaire, soit exclue de la coalition. Condition pour le moment refusée par une partie de la gauche qui est réticente à s’associer au camp présidentiel. Cette option s’est tout de même éloignée après la réélection de Yaël Braun-Pivet au perchoir.
Une coalition allant de la gauche sociale-démocrate à la droite républicaine
C’est un scénario auquel appelle le camp présidentiel et Emmanuel Macron dans une lettre adressée aux Français le 10 juillet, mais qui paraît difficilement envisageable compte tenu des différences programmatiques entre la gauche et la droite malgré des points d’accord. Dimanche 28 juillet 2024, un ministre défendait auprès de Politico « une coalition » allant du Parti communiste français (PCF) jusqu’aux Républicains, hors Ciotti. Une volonté assumée, même si « ça prendra du temps » car selon lui, tout le monde est « en phase de digestion » depuis l’annonce choc de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. En revanche, ce même ministre a rapidement balayé l’hypothèse d’un Premier ministre issue du camp Macron. Pour lui, « ça n’aurait aucun sens, on ferait à 200, ce qu’on a pas réussi à faire à 250 » dans la configuration actuelle de la chambre basse du Parlement, confie-t-il à Politico
L’hypothèse d’un Premier ministre de gauche enterrée ?
Le Nouveau Front populaire est devenu le groupe le plus puissant de l’Assemblée nationale à l’occasion des élections législatives anticipées de 2024, même s’il est dépourvu de majorité. Portée par les résultats du scrutin, l’union de la gauche exige de gouverner et enjoint Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre issu de ses rangs. Mais en réalité, rien n’oblige Emmanuel Macron a nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire, pas même la Constitution. Il est le seul habilité à décider de qui il souhaite envoyer à Matignon en lieu et place de Gabriel Attal.
Du côté du Nouveau Front populaire, le choix s’est porté sur la haute-fonctionnaire de 37 ans, Lucie Castets. Elle a été conseillère d’Anne Hidalgo sur le budget, notamment les finances consacrées à la transition écologique. Son action comme directrice du budget, des finances et des achats de la capitale, poste qu’elle occupe depuis décembre 2023, est salué par la maire de Paris. « Elle est sensible à l’intérêt général. Je prends des collaborateurs ou directeurs compétents. Et qui se sentent concernés. Lucie est de ceux-là ». Tous les partis politiques de l’accord, La France insoumise, le Parti socialiste, les Ecologistes et le Parti communiste ont assuré soutenir cette candidate de « consensus », dans un communiqué, le 23 juillet. En revanche, Emmanuel Macron a déjà fermement indiqué qu’elle ne sera pas nommée Première ministre, comme toute autre personnalité ayant pour ambition de prendre la tête d’un gouvernement de gauche. Le chef de l’Etat n’a qu’un seul scénario en tête, celui de nommer à Matignon le chef d’un gouvernement de coalition, disposant d’un soutien majoritaire à l’Assemblée nationale.
Mais un Premier ministre de gauche, quel que soit le parti dont il est issu, ne pourra rester à la tête du gouvernement s’il n’obtient le soutien d’une majorité s’étendant au-delà du Nouveau Front populaire. Si quelques personnalités appellent à s’ouvrir à l’aile gauche de la macronie et jusqu’au centre gauche maximum, d’autres s’opposent à une coalition comme LFI ou le patron du PS qui appellent à des majorités par projets. Non seulement de refuser des alliances, le Nouveau Front populaire pourrait souffrir des dissensions entre ses propres membres : LFI et le PS se sont déjà mutuellement accusés de volontairement prolonger les négociations pour fragiliser l’alliance.
L’hypothèse d’un Premier ministre technique
Sans majorité et sans accord de gouvernement, une autre solution est celle de construire un gouvernement technique dirigé par un Premier ministre peu marqué politiquement et pouvant faire consensus de la gauche jusqu’à la droite. Les ministres seraient alors des hauts fonctionnaires, des économistes, des diplomates et des spécialistes de chaque domaine plus que des politiques. Ils seraient chargés de faire tourner le pays et son économie sans apporter de nouvelles grandes mesures ou réformes en attendant de nouvelles élections législatives.
Dans ce cas de figure, la nomination d’un Premier ministre plutôt centriste ou modéré à gauche ou à droite, et surtout expérimenté au rôle de « vieux sage », tient la corde. Des noms comme Dominique de Villepin ou Charles de Courson sont de bons exemples. Il y a aussi la possibilité d’une personnalité apolitique.
Quand le Premier ministre sera-t-il nommé ?
La démission de Gabriel Attal n’ayant pas été synonyme d’une nomination de son successeur dans la foulée, le Premier ministre restera, temporairement, à la tête d’un gouvernement démissionnaire pour gérer les affaires courantes jusqu’à l’arrivée du nouveau chef du gouvernement et de ses ministres. Cette période pourrait durer le temps nécessaire à la formation d’une coalition ou à la réflexion d’Emmanuel Macron. Le maintien d’un gouvernement démissionnaire jusqu’à la fin des Jeux olympiques de Paris paraît envisageable, et préférable selon des élus du camp présidentiel. D’autres estiment que la durée de vie du gouvernement démissionnaire pourrait aller bien au-delà : jusqu’à l’ouverture de la prochaine session ordinaire à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire jusqu’au 1er octobre. L’hypothèse est évoquée par Le Monde.
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Publish date : 2024-07-29 15:40:00
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