Par Service politique
Publié le 23 juillet 2024 à 20h13, mis à jour le 23 juillet 2024 à 23h46
Lucie Castets. LINKEDIN
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Portrait Les partis de l’alliance de gauche ont fini par s’entendre pour proposer le nom de cette jeune énarque, directrice des finances à la maire de Paris, pour le poste de Premier ministre.
Ils y sont finalement parvenus, à quelques heures de l’ultimatum fixé par le PS et quelques minutes avant l’intervention du Président de la République qui espérait imposer une « trêve politique ». Les partis alliés au sein du Nouveau Front populaire se sont accordés ce mardi 23 juillet sur le nom d’une femme inconnue du grand public, Lucie Castets, comme candidate pour Matignon. Une proposition qu’elle dit accepter « en toute humilité mais avec beaucoup de conviction » auprès de l’AFP. C’est donc un visage neuf – et jeune – de la société civile, avec une forte expérience mais en dehors des appareils politiques, qui a permis de sortir de l’ornière et du bras de fer entre socialistes et insoumis. Son profil ? Une haute fonctionnaire – elle est directrice des finances de la mairie de Paris – engagée pour la défense des services publics, un thème qui fait consensus à gauche et au cœur des préoccupations des Français.
Elle a en effet cofondé et est co porte-parole du collectif Nos services publics avec Arnaud Bontemps. « On s’est rencontré lors réunions de fonctionnaires engagés, dans des salons en 2017, puis on a écrit des tribunes, puis monté ce collectif en 2021 », explique au « Nouvel Obs » Arnaud Bontemps. Elle a dénoncé ces dernières années le recours abusif aux cabinets de conseils, notamment McKinsey, révélé par une enquête du « Nouvel Obs », arguant que l’Etat se déshabillait et perdait des compétences. On l’a notamment vue, calme et cash, tenir tête au ministre de la fonction publique Stanislas Guérini sur un plateau de France 5 en 2022, dénonçant la suppression de 180 000 fonctionnaires d’Etat en douze ans. Tous ceux qui s’intéressent à la défense de ce sujet connaissent sa détermination et son infatigable engagement à gauche. Lucie Castets fait partie de ces énarques qui ont fait le choix de s’organiser dans un collectif, prenant le risque de sortir de la réserve traditionnelle des fonctionnaires. Dans « Alternatives économiques », elle a notamment signé une tribune en 2023, « Qu’attend-on pour agir ? ». Dans le podcast diffusé par le « Nouvel Obs », « On n’a pas tout essayé « , elle imagine des solutions nouvelles pour la gauche. Elle est également un des piliers du Festival des idées, qui chaque année fait débattre la société civile et les politiques à gauche.
« Personne n’a le sentiment de ne pas s’y retrouver »
« Les partis l’ont choisie parce qu’elle incarne des valeurs – l’émancipation, la défense des services publics – qui font consensus, explique Saïd Benmouffok, conseiller de la mairie de Paris, professeur de philosophie et chroniqueur au “Nouvel Obs”. Elle n’est pas la plus connue, mais elle coche beaucoup de cases : c’est une femme, elle vient de la société civile, elle est ancrée à gauche, et en termes de sérieux, on ne trouve pas mieux : elle vient de Bercy et est directrice des finances de la ville de Paris. Personne n’a le sentiment de ne pas s’y retrouver ». Au « Nouvel Obs », nous la connaissons bien : elle avait été l’une des chevilles ouvrières du conclave que nous avions organisé, en 2021, visant à « réconcilier les gauches irréconciliables » sur les sujets qui fâchent (laïcité, discriminations, intersectionnalité, racisme d’Etat, réunions non mixtes, universalisme, etc). Une bonne préparation pour ce qui l’attendrait en cas d’arrivée à la tête d’un gouvernement NFP…
C’est le PS qui, après l’avoir auditionnée en visio, a sorti son nom du chapeau cet après-midi, « considérant qu’elle pouvait faire consensus », rapporte Pierre Jouvet, secrétaire national, lors d’une ultime réunion des chefs de parti et alors que l’impasse semblait proche. La jeune femme avait participé à la campagne présidentielle d’Anne Hidalgo en 2022. Défenseuse de l’union de la gauche, un temps proche du courant de Martine Aubry au PS, elle s’est récemment rapprochée de Clémentine Autain et a également rencontré François Ruffin. « Ce que je peux dire, c’est qu’elle n’incarne aucun parti. Même si elle a pu avoir des engagements partisans par le passé, elle n’est pas là pour incarner une force du NFP plutôt qu’une autre », réagit auprès du « Nouvel Obs » l’insoumis Manuel Bompard, qui dit avoir repéré son nom il y a plusieurs semaines et échangé avec elle pendant les négociations à gauche. Contacté, l’ancien bras droit d’Anne Hidalgo à la mairie, Emmanuel Grégoire, explique que c’est lui qui l’a fait rentrer à la ville et loue « un des esprits les plus vifs » qu’il a rencontrés.
Un profil de « techno » engagée
Née à Caen de parents psychanalystes, Lucie Castets y a vécu jusqu’à ses 18 ans. Diplômée de Sciences Po et de la London School of Economics, ancienne élève de l’ENA, elle a décroché son premier poste à la direction générale du Trésor avant de rejoindre Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, un autre de ses combats. Un CV qui crédibilise sa candidature. D’après ses amis, c’est aussi dans la vie privée une sportive, joueuse de foot, féministe et mère d’un enfant.
Ce profil de « techno » très engagée permet au NFP de sauver l’honneur et de sortir du récit de l’échec, qui commençait à lui coûter très cher dans l’opinion et auprès de ses électeurs. Il contre aussi un argument présidentiel : impossible de nommer la gauche, arrivée en tête aux législatives, puisqu’elle est incapable de se mettre d’accord sur un nom. Et surtout pas un Insoumis. Lucie Castets n’est pas encartée, ce qui est un avantage mais montre qu’elle est prête à se lancer sans capital politique. Invité à réagir sur ce nom mardi soir, Emmanuel Macron, invité du journal de France 2, n’a pas souhaité se prononcer sur cette candidature : « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique. »
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Cet accord sur son nom ne règle cependant pas tout. Rien n’oblige le président de la République à la nommer et à l’Assemblée, la gauche n’a pas réussi à imposer son candidat à la présidence. Par ailleurs, les difficultés du NFP à s’accorder sur un chef de file montrent la tache qui attendrait Lucie Castets pour composer une équipe si elle arrivait à Matignon. Mais au moins, elle fait déjà consensus à gauche et c’est déjà un petit exploit.
Source link : https://www.nouvelobs.com/politique/20240723.OBS91516/haute-fonctionnaire-engagee-pour-la-defense-de-services-publics-qui-est-lucie-castets-proposee-par-le-nfp-pour-matignon.html
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Publish date : 2024-07-23 18:13:17
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