STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Photo d’illustration André Chassaigne et Cyrielle Chatelain, à l’Assemblée le 18 juillet 2024.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Photo d’illustration André Chassaigne et Cyrielle Chatelain, à l’Assemblée le 18 juillet 2024.
POLITIQUE – « C’est trop tard. Il y avait une fenêtre d’opportunités qui s’est refermée. » Le député François Ruffin, à qui l’on doit la résurrection du nom « Front populaire » après la dissolution, est amer. Deux semaines après son score inespéré aux législatives, l’alliance des gauches semble prise en étau, minée par des difficultés internes quand, en face, le président de la République semble prêt à reprendre la main.
Ce mardi 23 juillet, Emmanuel Macron s’adressera aux Français pour la première fois depuis les législatives. Le chef de l’État sera nécessairement amené à s’exprimer sur la « clarification » qu’il appelait de ses vœux et devrait préciser les contours de la « trêve politique » qu’il a réclamée pour les Jeux Olympiques.
Il lui sera difficile d’échapper à une question sur son futur Premier ministre, alors que le gouvernement Attal est démissionnaire. Répondra-t-il aux pressions du NFP qui exige une prise de contact ? Peu de chances. Déjà, parce qu’Emmanuel Macron refuse parler de victoire de la gauche aux législatives. Ensuite parce qu’il dispose désormais d’arguments supplémentaires pour discréditer la coalition.
Divisions à tous les niveaux
Contrairement à la NUPES qui avait fait campagne sur le nom de Mélenchon à Matignon, le Nouveau Front populaire a choisi de s’unir uniquement autour d’un programme. C’est l’argument martelé par les élus insoumis quand d’autres, comme la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier, reconnaissent qu’« on ne pourra pas faire 100 % du programme tout de suite » faute de majorité absolue. La première divergence est là : entre les tenants d’une ligne programmatique stricte et ceux qui estiment qu’« un “tiens” vaut mieux que deux tu l’auras ».
Viennent ensuite les divisions sur le nom. Proposées, Huguette Bello et Laurence Tubiana sont finalement retirées à défaut de faire l’unanimité. S’y ajoutent désormais les divisions sur le mode de désignation et un vote des députés, à défaut de consensus. La France Insoumise ne veut pas en entendre parler. Le PS tente un coup de pression et réclame un scrutin « au plus tard » ce mardi ? Mathilde Panot balaie d’un revers de main le matin même sur France Inter. « Je crois que comme d’autres, ils se sont avancés sur des dates qui ne peuvent pas être tenues pour l’instant », lâche l’insoumise.
Le parti d’Emmanuel Macron se régale : « Ce n’est pas la peine que le NFP s’excite comme il s’excite à chercher le nom du Premier ministre, parce qu’il ne sera pas issu de leurs rangs », raille le député des Yvelines Karl Olive sur TF1 ce mardi.
Faux départ du NFP…
Au lendemain des législatives, le camp macroniste était moins sûr de lui. À gauche en revanche, après l’euphorie, tout le monde était d’accord sur la conduite à tenir : revendiquer la place de première force du pays, contraindre Macron à reconnaître sa défaite et pour cela, proposer le plus vite possible un candidat pour conduire le gouvernement. « Si ça prend la semaine, ça prend la semaine, si ça prend dix jours, ça prend dix jours. Mais il y a urgence à se mettre d’accord », pressait Clémentine Autain, réélue en Seine-Saint-Denis, sur BFM TV le 8 juillet.
En face, le président de la République jouait la montre. Dans une lettre aux Français le 10 juillet, il expliquait vouloir donner du temps aux forces « républicaines » pour « bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle. » Le scrutin pour le Perchoir apparaissait comme une première échéance : en cas de victoire du candidat NFP, la gauche serait plus que légitime à imposer une cohabitation entre Élysée et Matignon.
À défaut de trouver quelqu’un pour Matignon, le NFP s’accorde sur André Chassaigne dans l’hémicycle. « Les parlementaires ont trouvé une candidature unique pour l’Assemblée nationale, ça envoie le signal aux électeurs que les choses sont possibles », voulait croire l’écologiste Léa Balage El Mariky le 18 juillet, en direct du Palais Bourbon. Mais dans la soirée, la présidence de l’Assemblée revient entre les mains de l’élue Renaissance Yaël Braun-Pivet.
Le brouillard s’éclaircit (très) légèrement pour Emmanuel Macron, qui voit s’éloigner le spectre d’une cohabitation imposée. À gauche en revanche, il s’épaissit en dépit des victoires obtenues dans la distribution des postes clés de l’Assemblée nationale.
..et course contre la montre
Le 21 juillet, dans une interview à la presse européenne, Jean-Luc Mélenchon minimise le temps mis par le NFP pour sortir un nom. À rebours des voix agacées qui s’élèvent ailleurs à gauche. « Le pire c’est qu’ils désespèrent les gens (…) C’est le découragement qui s’installe, c’est un ressentiment qui monte », déplore François Ruffin France 2 ce 23 juillet.
Agacement des électeurs de gauche, au point de bouder les urnes aux prochains rendez-vous ? Et agacement des élus, au risque de renoncer à l’union ? Le 10 juillet, alors qu’Emmanuel Macron excluait d’emblée LFI (et RN) de toute coalition, les trois autres partis faisaient bloc. « J’ai fait le choix du rassemblement de la gauche et je n’en bougerai pas », répliquait le chef des socialistes Olivier Faure.
Treize jours après, le bloc semble moins dense. Chez les socialistes, une petite musique monte sur le fait qu’« un seul partenaire (ne) peut bloquer tout un processus ». Certes, les discussions entre les cadres ont repris après le retour à l’Assemblée. Mais à ce stade, il n’y a plus de noms officiellement sur la table. La question du mode de désignation n’est plus non plus tranchée. Et le lancement des Jeux Olympiques dans soixante-douze heures rend plus qu’hypothétique la nomination d’un nouveau Premier ministre avant au moins le 11 août. Et François Ruffin de résumer : « La trêve a eu lieu parce qu’il n’y a pas de combattants, parce que les officiers ont déserté. »
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Publish date : 2024-07-23 15:21:25
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