Quinze jours après l’issue des élections législatives, le Nouveau Front populaire (NFP) se trouve dans une impasse après que les candidates du Parti communiste et du Parti socialiste Huguette Bello et Laurence Tubiana ont toutes deux décliné l’offre pour Matignon, faute de consensus. Une attente qui se fait longue pour certains électeurs corses à l’image de Carla : « On est tous un peu déçus, un peu dégoûtés du fait que l’on n’arrive pas à s’accorder autour d’un nom. » Un sentiment partagé par Marie, habitante de la première circonscription de Corse-du-Sud qui a glissé un bulletin Marc-Antoine Leroy (PCF) au premier tour des législatives : « Personnellement, je suis inquiète. Il y a eu la naissance d’un espoir au moment des législatives, l’impatience est légitime. »
Consensus face au blocage
Arrivés en tête au plan national, les partis de gauche avaient obtenu 9,04 % des suffrages en Corse au premier tour. Désormais, 13 925 électeurs sont plongés dans le doute, dans l’attente d’une convergence commune. Les représentants de la gauche maintiennent un consensus face à l’impasse politique à défaut de s’accorder sur une proposition concrète : « On ne peut pas se séparer maintenant que nous avons obtenu le plus de sièges à l’Assemblée », déclare Marc-Antoine Leroy (PCF). « Quand on a la possibilité d’appliquer notre programme, il ne faut pas se tromper », affirme Robin de Mari, ancien candidat LFI aux législatives de 2022. Si la situation inquiète, certains électeurs tempèrent, évoquant une impatience excessive. Pour Christine, l’Ajaccienne : « Ce n’est pas facile. C’est une alliance. C’est normal que les choses prennent du temps. »
Le programme, rien que les divergences
Si les désaccords autour des noms évoqués au sein du NFP sont bien réels, pour Robin de Mari, le problème est ailleurs : « Il faut surtout que le ou la candidate pour Matignon applique le programme, que cette personne respecte l’engagement pris devant les électeurs. » Mais avec 193 députés à l’Assemblée, la coalition est loin de la majorité absolue, compromettant ainsi la mise en œuvre de son programme. Marc-Antoine Leroy explique : « On ne peut pas mentir aux Français. On ne peut pas leur dire que nous allons mettre en place l’intégralité du programme. Il faut mettre en avant les mesures fortes. » Pour Jean-Baptiste Luccioni, ex-candidat du Parti socialiste dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, seule « une personnalité consensuelle, pourquoi pas issue de la société civile » et capable de rassembler en dehors du NFP pourrait débloquer la situation.
« Nous avons tout notre temps »
Pour sortir de la paralysie, les socialistes avaient réclamé le vendredi 19 juillet un « vote solennel des députés » du NFP, une proposition rejetée depuis par la France insoumise. Si les noms de Benoît Hamon ou encore de Cécile Duflot ont été évoqués par des cadres du NFP dans la journée de lundi, celui de Huguette Bello séduit toujours : « Elle incarne la rupture. Elle vient de la Réunion et rien de mieux qu’une insulaire pour comprendre les problématiques de la Corse », souligne Robin de Mari. Quand certains électeurs s’inquiètent de la situation, d’autres réclament l’apaisement : « Nous avons tout notre temps », conclut Christine, l’électrice ajaccienne. Au NFP, la patience est amère mais les fruits seront-ils pour autant délicieux ?
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Publish date : 2024-07-22 19:00:05
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