Pierre, feuille, ciseaux, refus de serrer la main au jeune assesseur RN, jeudi 18 juillet, lors de l’élection à l’Assemblée nationale : trois députés du Loiret reviennent sur la reconduction au perchoir de Yaël Braun-Pivet et sur la « drôle » d’ambiance qui régnait alors dans l’hémicycle du palais Bourbon.
Si l’élection de Yaël Braun-Pivet trouve grâce aux yeux de la nouvelle députée divers droite, Constance de Pélichy ? Oui et non, « car je ne pense pas de manière binaire ». Mais incarne « la nuance ». Elle déplore ainsi une réélection de nature « à envoyer le mauvais message aux Français, qui peuvent être tentés de se dire que rien n’a changé depuis deux ans ». Après que les urnes ont pourtant parlé, plutôt en faveur du Rassemblement national et de la coalition Nouveau Front populaire.
Maintenant, la reconduction au perchoir de l’élue macroniste traduit aussi le fait « que différents blocs modérés, centraux et de droite, semblent capables de travailler ensemble ». De bon augure, estime-t-elle, dans la perspective « de voir se former un gouvernement demain, et donc de sortir la France du blocage institutionnel et de l’impasse politique dans laquelle elle se trouve. »
Jour 1 à l’Assemblée nationale : les sensations des nouveaux députés du Loiret, Constance de Pélichy et Emmanuel Duplessy
La nouvelle députée du Loiret (Gien-Sologne), Constance de Pélichy. Photo : Marion Boisjot
« Progressivement, poursuit-elle, on arrive à une meilleure lisibilité de l’offre politique, ce qui n’était pas encore le cas hier matin (NDLR, jeudi 18 juillet, avant l’élection de la présidente de l’Assemblée nationale). »
Pierre, feuille, ciseaux, elle réagit
Mais avant de parler, au soir du 18 juillet donc, l’élection, lunaire dans son déroulé, a aussi vu certains députés insoumis et écologistes, et parfois même une macroniste, refuser de serrer la main à la tribune de leur jeune collègue RN, assesseur du scrutin, au moment de glisser bulletin dans l’urne. L’un d’eux, le LFI François Piquemal, se sera même illustré en produisant devant lui un chifoumi, un malvenu pierre, feuille, ciseaux, depuis très commenté sur les réseaux. Ce qui, là aussi, fait réagir Constance de Pélichy :
Personnellement, je considère que, même si on a des désaccords profonds, on se doit de se respecter. Moi, je leur ai serré la main, je serre la main de tout le monde. Derrière ces élus Rassemblement national, il y a des électeurs, des Français qui ont le droit au respect, même si on ne partage pas leurs valeurs.
« Oui, je suis choquée »
Sa collègue Stéphanie Rist (Ensemble pour la République) trouve « choquante » l’attitude consistant à refuser un serrage de main : « Oui, je suis choquée. À l’heure où le pays est déjà ultra-divisé, je me demande en quoi va consister l’étape d’après », dans l’outrance.
Il ne faut pas se tromper, il y a les partis politiques que l’on combat et puis il y a le respect des êtres humains derrière. On peut à la fois être poli et ne pas coopérer, ce sont deux choses différentes.
Sans surprise, « même si je ne le prends pas du tout pour une victoire », Stéphanie Rist se dit « ravie que la présidente (Yaël Braun-Pivet) ait été réélue » au perchoir. Car « on a besoin de stabilité, et qu’elle a su (depuis 2022) donner leur place à chacun des groupes politiques à l’Assemblée. » Reste, achève la députée, « que nous avons perdu les élections (législatives) et qu’il faut le prendre avec beaucoup d’humilité. »
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« Je lui ai dit bonjour, mais… »
« Un déni de démocratie » que cette élection, vitupère l’écologiste (Génération.s/ Nouveau Front populaire), Emmanuel Duplessy. « Après que sa formation (celle de Braun-Pivet) a été mise en échec lors des trois derniers scrutins », des législatives et européennes. Résultat, « on se retrouve avec les mêmes ministres, bien que démissionnaires, et la même présidente d’assemblée, ce qui me semble être problématique au plan démocratique. » Et d’ajouter : « On est son premier groupe, et on va probablement se retrouver en marge des postes clés de l’Assemblée, en contradiction totale avec ses règles et les résultats des urnes. »
Emmanuel Duplessy fait partie des députés qui ont refusé de serrer la main à l’assesseur RN : « Je lui ai dit bonjour, mais ai, effectivement, refusé » la main que lui tendait le benjamin de l’assemblée. Pourquoi ?
Car je reste fidèle à mes valeurs et refuse de participer à la banalisation de l’extrême droite,
qui n’entre pas dans les champs républicain et démocratique. Je n’ai pas été élu pour coopérer…
Et le nouveau député de conclure « que tout ça reste bien anecdotique par rapport à tout ce qui se passe à l’Assemblée nationale ». Après avoir cependant pris la peine de poster sur son compte X la vidéo du vent mis à son jeune collègue député. Pour l’anecdote.
David Creff
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Publish date : 2024-07-19 11:55:00
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