Sa lettre aux Français, la semaine dernière, avait mis toute la gauche en colère : cet aplomb avec lequel Emmanuel Macron écrit que « personne ne l’a emporté », que tous les « blocs » sont « minoritaires », et qu’il faudra « laisser [du] temps aux forces politiques pour bâtir des compromis ».
De quel droit le grand perdant de la dissolution pouvait-il se permettre d’enjamber l’arithmétique de l’Assemblée ? Lui qui voulait prendre tout le monde de vitesse, le 9 juin, sans voir que la Nupes se reconstituerait aussitôt contre lui. Mauvaise lecture du jeu.
Dix jours après le second tour, la donne a changé ?
Oui, le temps a joué et joue contre le Nouveau front populaire. Et la stratégie de l’Élysée – laisser la gauche dégorger dans la douleur ses escargots -, finit par s’avérer payante. Emmanuel Macron s’est trompé le 9 juin : la gauche s’est ressoudée dans la campagne. Mais aujourd’hui, au moment d’envisager l’exercice du pouvoir, tout se délite.
La messe n’est pas dite, mais le cimetière n’est plus très loin. Comment supporter ces interminables parties de « Qui est-ce » pour Matignon ? Cette roue qui tourne et broie les prétendants les uns après les autres, parce que trop Insoumis, trop socialistes, trop centristes, trop homophobes, trop ceci, trop cela… On a envie de dire aux dirigeants de la gauche : mais réglez ça entre vous, et arrêtez de jouer à Secret Story devant la France entière !
A qui la faute ?
PS, PC écolos, savaient à quoi s’en tenir en scellant un accord avec la France Insoumise. Efficace en nombre de sièges. Impasse pour gouverner. L’attitude de LFI, entre purge et Mélenchon-spreading, était prévisible.
LFI veut le pouvoir, mais pas maintenant, pas comme ça, pas dans une coalition promise à la censure et condamnée à décevoir. Quoi de plus confortable que de rester au bord du terrain à regarder les gouvernants tomber ? Et d’attendre le prochain tour, frais et dispo pour la présidentielle, face à Marine Le Pen ?
Mais pour la gauche de gouvernement, comment se dédire, désormais, quand on a porté si haut les idéaux d’un « Nouveau front populaire » ? L’ancien n’avait rien à avoir, et il serait bon de le rappeler.
Rien à voir avec l’ancien Front populaire
Le Front populaire de 1936 n’est pas né des appareils politiques, il a été poussé d’en bas, dès 1934, en réaction aux ligues d’extrême droite et à la montée du fascisme. Un électorat populaire. Deux ans de maturation pour un programme « pain, paix, liberté ». Pas un projet rédigé en 4 jours. Dans l’alliance du Front Populaire, la SFIO, modérée, était centrale, porté par un leader consensuel, Léon Blum. Les communistes ont soutenu, sans participer.
Après le « Qui est-ce », on pourrait jouer longtemps au jeu des sept différences, dont le Nouveau Front populaire sortirait perdant. Se revendiquer d’un passé glorieux nécessitait de s’en montrer à la hauteur !
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Publish date : 2024-07-17 05:37:30
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