Y avait-il dans ce cas, sans nom à donner, urgence à venir parler aux journalistes ? « Un accord », l’information peut paraître maigre ou vague. Mais en se raccrochant à un rare signe de consensus, Olivier Faure tente de sauver ce qui peut l’être de l’unité plus que vacillante du Nouveau Front populaire.
Le « NFP » joue sa survie. Une crise de haute intensité le secoue depuis 48 heures. « Tout cela ne peut pas finir en mauvais vaudeville… Nous n’avons jamais été si proches du but ! », s’est même désolée, lundi soir, sur Twitter, Marine Tondelier.
« Punaises de lit »
Trois épisodes ont fracturé le bloc de gauche. Ce week-end, le conseil national du PS a refusé d’apporter son appui à la Réunionnaise Huguette Bello, soutenue par LFI et le PCF comme possible première ministre. Lundi soir, le PS propose à son tour un nom : la diplomate, économiste et spécialiste du climat Laurence Tubiana. « Une personnalité irrécusable, parfaitement armée face aux urgences auxquelles nous sommes confrontés, qui est prête à accepter une mission dans laquelle elle n’a que des coups à prendre, note Olivier Faure. Comme, dans le paysage parlementaire actuel, aucun parti n’acceptera qu’un autre prenne le leadership, c’est une bonne solution d’appeler quelqu’un de la société civile ».
Bronca immédiate de plusieurs élus Insoumis, qui reprochent à la candidate pressentie d’être « Macron-compatible ». « Je tombe de ma chaise », juge mardi matin Manuel Bompard, rappelant que Laurence Tubiana a « signé il y a quatre jours une tribune dans laquelle elle appelle à constituer une coalition et un programme commun avec les macronistes ». « Un texte également approuvé par Noël Mamère, Cyril Dion, pas particulièrement macron-compatibles ! Arrêtons les fausses polémiques » rétorque Boris Vallaud (PS).
Le programme, tout le programme, rien que le programme
À ces désaccords au grand jour s’ajoute un tweet incendiaire, lundi soir, de Sophia Chikirou, fidèle parmi les fidèles de Jean-Luc Mélenchon. Elle y compare les soutiens de François Hollande, donc une partie de ses « camarades » socialistes, à des « punaises de lit ». « Vraiment pas à la hauteur du moment… C’est un registre digne de l’extrême droite », déplore, dans les couloirs de l’Assemblée, Dieynaba Diop, nouvelle députée PS des Yvelines.
Divergences stratégiques
Au-delà des querelles sur l’incarnation du mouvement à Matignon, ou de la violence des passes d’armes sur les réseaux sociaux, les divergences portent de plus en plus sur la stratégie et la gouvernance. Olivier Faure parle de « majorité de projet », de « compromis éventuels ». Il prend à témoin une configuration politique « compliquée » : le bloc de gauche est certes en tête avec 195 députés, mais loin de la majorité absolue (289). Les Insoumis se positionnent eux comme les garants du projet du Nouveau Front populaire. « Le programme, tout le programme, rien que le programme » plaident-ils.
En off, du côté de LFI, on redoute la « trahison » ou les « renoncements » des alliés socialistes. Du côté du PS, on fustige un jusqu’au-boutisme qui serait un refus de gouverner. « On a l’impression que certains Insoumis ont choisi de ne pas accéder au pouvoir, pour hurler au hold-up et mieux se préparer à la confrontation en 2027 avec le RN », confie un cacique du PS, tandis que Fabien Roussel, sur BFM, s’interrogeait mardi matin : « Peut-être que La France insoumise préfère être dans l’opposition, qui est une position beaucoup plus confortable ? »
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Publish date : 2024-07-16 19:53:21
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