L’édito d’Alexandra Schwartzbrod
Embourbée dans les négociations autour d’un ou une futur(e) Premier(e) ministre, les insoumis préférant miser sur la présidentielle, la gauche offre un spectacle désespérant, loin des espoirs suscités par son score aux législatives.
Au moins, désormais, les choses sont claires : au vu des différents messages envoyés par les cadres de LFI ces dernières vingt-quatre heures, le mouvement mélenchoniste n’a aucune intention de la jouer collective, ni même peut-être de gouverner. La très intéressante candidature de Laurence Tubiana au poste de Première ministre, proposée par les socialistes, écologistes et communistes, a été rejetée violemment par les insoumis, et notamment par Sophia Chikirou qui a accusé cette économiste et diplomate d’être trop proche de François Hollande et d’Emmanuel Macron, allant jusqu’à comparer «le hollandisme» aux «punaises de lit», ce qui en dit long sur le niveau des débats alors que les électeurs de gauche se désespèrent de voir un peu de raison se mêler à ce trop-plein d’émotion.
Samedi soir, les socialistes ne s’étaient pas montrés beaucoup plus ouverts en rejetant la candidature de la présidente du conseil régional de la Réunion, Huguette Bello, avancée par les communistes et les insoumis. Ils ont depuis lors accepté de remballer la candidature d’Olivier Faure pour avancer celle de Laurence Tubiana, plus consensuelle, mais cela n’a pas suffi. En continuant à refuser par principe de considérer une candidature pour Matignon qui ne viendrait pas d’eux-mêmes, les insoumis prouvent qu’ils préféreraient enjamber cette période post-législatives pour mieux se concentrer sur la présidentielle que brigue Jean-Luc Mélenchon. Le gouvernement à venir étant assuré d’avoir des difficultés à gouverner, le raisonnement du leader insoumis c’est «courage fuyons, et misons tout sur 2027». Au mépris des souhaits d’une bonne partie des électeurs du Nouveau Front populaire. Il faudra bien trouver une ou un Premier ministre pourtant et, si la gauche ne parvient pas à s’unir et à s’entendre sur un même nom – comme elle semble prête à le faire pour la présidence de l’Assemblée nationale –, elle offrira un boulevard au chef de l’Etat qui, dans sa «lettre aux Français», proposait la semaine dernière de bâtir une coalition dont le centre, c’est-à-dire lui, serait bien sûr le pivot. Il est temps que les leaders de gauche se ressaisissent et se montrent enfin à la hauteur des attentes et espérances de leurs électeurs.
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Publish date : 2024-07-16 18:38:00
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