Devant la Bastille en carton qu’ils s’apprêtent à faire tomber à coups de bâtons, des enfants du quartier tournent en rond, main dans la main, à l’image de la gauche depuis le résultat des élections législatives, qui ne parvient pas à s’accorder sur un nom de Premier ministre. Les tractations occupent les esprits à la fête des 1000 Bastilles organisée par François Ruffin, réélu député de la 1ere circonscription de la Somme, au square Paul-Gauguin, à Amiens-nord ce dimanche 14 juillet.
« Ça suffit »
« C’est ne pas se montrer à la hauteur de l’histoire que de ne pas être fichu en une semaine de trouver un Premier ministre, tacle François Ruffin. Ça fait une semaine que ça dure, ça suffit ! » Lui a pris ses distances avec la France insoumise et il observe de loin les conciliabules au sein des quatre partis qui composent le Nouveau Front populaire, arrivé en tête après les élections législatives.
Qu’importe la personne, d’après lui, « les partis doivent se mettre d’accord et s’ils n’y arrivent pas, je propose que tous les députés du NFP se réunissent et que nous nous mettions d’accord sur un nom », avance le député samarien qui estime que « chaque jour qui passe où on est incapable de désigner un Premier ministre, c’est Emmanuel Macron qui a d’autant plus de raison de dire que la gauche n’est pas capable de gouverner. »
De l’égocentrisme
Ce sentiment est partagé par Viviane, une militante qui vient de Montdidier et qui explique à son petit-fils comment viser au chamboule-tout des personnalités politiques. Elle est engagée à gauche depuis ses vingt ans, elle en a aujourd’hui 73, et les blocages actuels ne la surprennent pas : « La gauche a du mal à accepter que tout le monde n’est pas pareil et ne peut pas penser la même chose, ça n’a jamais été véritablement évident. »
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Rachid est davantage remonté face à ces discussions qui traînent : « Il y en a qui prennent un malin plaisir à ce que ça traîne et à ne pas surfer sur l’élan positif que ça pourrait avoir et on sent que ce n’est pas pour un projet mais de l’égocentrisme mal venu. » Il était retourné aux urnes pour ces législatives, porté par l’unité du NFP alors il est aujourd’hui très critique de ce qu’il appelle « une démonstration de plus de la politique politicienne », visant « M. Faure et le PS » notamment.
La Bastille en carton détruite par des enfants du quartier d’Amiens-Nord, à la fête des 1000 Bastilles organisées par le député François Ruffin. © Radio France –
Theo Boscher
Mais il juge que son député, François Ruffin, qui a appelé cette semaine à une « maison commune » avec les forces de gauche, aurait dû s’abstenir de ces propos : « Le message de fond est bien et il a droit d’avoir ces propos mais je ne suis pas sûr que le timing était le bon. » Le nouveau gouvernement est attendu de pied ferme. Une mère du quartier, Alma, glisse : « Il y a besoin que la vie change ici. »
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Publish date : 2024-07-14 18:00:42
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