l’essentiel
Après cinq jours de discussions, les alliés du Nouveau Front populaire ne sont toujours pas parvenus à se mettre d’accord sur un nom à proposer à Emmanuel Macron pour succéder à Gabriel Attal à Matignon. Le temps joue pour le chef de l’État qui n’a pas renoncé à coaliser le centre, la droite LR et des ralliements individuels de gauche, pourrait se tourner vers cette alliance si elle approche le NFP en nombre de voix.
Comment sortir de l’impasse dans laquelle les alliés du Nouveau Front populaire piétinent depuis qu’ils ont remporté le second tour des élections législatives anticipées, sans toutefois obtenir la majorité absolue ? Poser la question, c’est constater qu’au bout de cinq jours de discussions, la gauche rassemblée n’est toujours pas parvenue à trancher la question du Premier ministre qu’elle proposera à Emmanuel Macron, et admettre que le processus de désignation employé jusqu’à présent a échoué.
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LFI pousse toujours le nom de Jean-Luc Mélenchon
Qu’est-ce qui bloque ? Depuis lundi, les négociations au sein du NFP peuvent se résumer à un bras de fer entre Insoumis et socialistes. Majoritaires au sein de l’alliance, sauf surprise le 18 juillet prochain, les premiers considèrent que Matignon leur revient de droit. Ils ont proposé quatre noms : Jean-Luc Mélenchon, quel que soit le rejet qu’il suscite, ou ses créatures, Manuel Bompard, Clémence Guetté et Mathilde Panot. En face, il est moins question d’ego, de manichéisme et de conflit permanent, que de réalisme : puisque ce n’est un secret pour personne, le PS sait qu’à peine nommé, un gouvernement dirigé par un Insoumis sera immédiatement censuré. « Objectivement, considère un stratège socialiste, le seul choix possible pour le NFP, c’est Olivier Faure ».
Comment lever les blocages ? Si « l’évidence » du Premier secrétaire du PS ne s’impose définitivement pas aux Insoumis, les négociateurs peuvent changer les règles de désignation du Premier ministre. L’idée est évoquée de solliciter le vote des parlementaires. Si le scrutin est étendu aux sénateurs et députés, olivier Faure l’emporte, s’il est circonscrit au Palais Bourbon, les Insoumis sont favoris. « Dans cette hypothèse, le temps joue pour LFI qui s’emploie à rallier les écologistes », indique notre observateur socialiste, en rappelant que ce processus de démocratie interne au NFP n’empêchera pas, in fine, un Premier ministre LFI et son gouvernement de tomber… Retour au point de départ.
Que n’a-t-il lâché le nom de Laurent Berger trop tôt ! En évoquant l’hypothèse de l’ex-patron de la CFDT pour conduire un futur gouvernement de gauche, Raphaël Glucksmann a grillé la seule cartouche crédible dont disposait le NFP dans la société civile. « Une personnalité de cet acabit, rompue au dialogue et à la négociation, suffisamment expérimentée pour occuper le poste et qui se situe en surplomb des partis, ferait probablement consensus. Si vous avez un nom, le NFP est preneur », ironise notre interlocuteur socialiste.
Ni Matignon, ni ministères pour les Insoumis ?
À supposer qu’Olivier Faure finisse par être désigné, s’ouvrira alors le chantier de la constitution du gouvernement, alors que l’oukase des autres blocs de l’Assemblée contre les Insoumis s’applique non seulement à Matignon, mais à l’ensemble des ministères. « Les écueils qui se dressent devant les lieutenants de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas que politiques », rappelle notre observateur. « Qui peut penser que l’installation à l’Intérieur d’un représentant d’un parti qui a dit que la police tue peut bien se passer ? Qui peut sérieusement croire qu’un Insoumis obtiendra Bercy ou les Armées ? ». Sauf à accepter l’aumône et des ministères de pacotille, LFI semble donc condamnée à sortir de l’équation gouvernementale et de « monnayer » son soutien à Olivier Faure.
Dernière hypothèse, et les mélenchonistes ont démontré leur savoir-faire en la matière : la « bordélisation ». Forcer le NFP à soutenir la candidature d’un Insoumis à Matignon, déclencher la censure à l’Assemblée, et précipiter les Français qui veulent en découdre dans la rue. « Pas cap » ? Alors qu’il n’est plus rien, Adrien Quatennens n’a-t-il pas essayé d’organiser une marche sur Matignon pour installer par la force, ou en tout cas sous la pression, un Premier ministre de gauche ?
Abroger la réforme des retraites pour bâtir une alliance ?
Et pendant ce temps, que se passe-t-il dans la tête d’Emmanuel Macron ? Les jours qui passent jouent pour lui, tout comme l’absence de consensus à gauche qui pourrait, à terme, susciter des inquiétudes sur la capacité des alliés du NFP à gouverner ensemble. Le chef de l’État n’a pas renoncé à son projet de rallier le centre et la droite LR, en confiant Matignon à Gérald Darmanin ou Xavier Bertrand. « S’il veut élargir à gauche, il existe un préalable qui, cependant, ne garantit pas le succès : l’abrogation de la réforme des retraites », considère notre commentateur socialiste, en soulignant que « les partis de gauche qui accepteraient de participer à un gouvernement de coalition républicaine prendraient le risque de brûler tous leurs vaisseaux ». Emmanuel Macron et ses stratèges n’en sont pas là, eux qui attendent l’installation de l’Assemblée le 18 juillet pour abattre leurs cartes. Si un accord avec LR est scellé d’ici là, et s’ils suscitent quelques ralliements individuels qui permettraient de se rapprocher du NFP en nombre de députés et apporteraient une touche de gauche à cette coalition, les conditions seront réunies pour que le chef de l’État se tourne d’abord vers elle pour constituer un gouvernement. Et montrer qu’il n’a pas complètement perdu…
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Publish date : 2024-07-12 15:59:00
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