Publié le 11 juillet 2024 à 18h57, mis à jour le 11 juillet 2024 à 21h06
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Plusieurs personnalités de la société civile, dont Samuel Grzybowski, Julia Cagé ou Laurence de Cock appellent le président à respecter le choix des urnes et à nommer un gouvernement de gauche.
Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur
au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.
Dimanche dernier, à la surprise générale, le Nouveau Front Populaire (NFP) est arrivé en tête du second tour des élections législatives, devenant de fait la première force politique à l’Assemblée nationale.
Depuis, tout le monde tergiverse et chacun y va de sa proposition. Comme si ne s’imposait pas une seule évidence : la victoire du NFP oblige de fait le président de la République. La ou le Premier ministre devra venir des rangs de la gauche.
Ignorer cette réalité, considérer que personne n’a gagné, reviendrait à bafouer la volonté populaire exprimée par les urnes. Il s’agirait purement et simplement de voler le résultat des élections aux citoyennes et citoyens qui ont été nombreux à s’exprimer. D’un déni de démocratie qui ne pourrait avoir à terme que des conséquences funestes.
Car non, la solution ne saurait se trouver du côté de Renaissance, du Modem et d’Horizons. Il y a un mois, la dissolution décidée par le président a conduit à une recomposition du paysage politique. Le camp présidentiel a perdu plus de 90 sièges par rapport à 2022. Au contraire, la gauche obtient près de 40 sièges supplémentaires et surtout – ce qui devrait tous nous préoccuper avant tout aujourd’hui − le RN en a gagné 50. Le « en même temps » a fait long feu et c’est une ligne politique claire qui s’impose aujourd’hui. Le NFP, bien que sans majorité absolue, offre une alternative réelle pour les mois à venir et surtout représente la principale force politique du pays, autour de laquelle l’agenda politique doit donc être établi.
Aux députés Renaissance, Modem et Horizons nous disons :
Si votre groupe a pu maintenir une présence significative au sein de l’Assemblée nationale, cela est avant tout grâce aux 214 désistements républicains que nous avons été nombreux et nombreuses à organiser dans l’entre-deux-tours. Au total, ce sont 129 désistements du NFP qui ont eu lieu en faveur de vos candidatures, et 72 % des électeurs et électrices du NFP ont voté pour vous dans le cadre du Front Républicain. Vous devez aujourd’hui prendre vos responsabilités et accepter de vous comporter comme une opposition digne dans une Assemblée nationale dominée par le NFP. D’autant qu’il ne faut pas l’oublier : au-delà de cette élection, le président Emmanuel Macron comme les député·es du groupe Ensemble doivent beaucoup à la gauche. Par le passé, la gauche a en effet toujours appelé à un Front Républicain pour barrer la route à l’extrême-droite, en 2002, comme en 2017 et en 2022. Lorsque les rôles changent, il est du devoir de chacun de prendre ses responsabilités.
Aux députés NFP, nous disons :
Proposez-nous un nom. Maintenant. Il faut d’urgence que vous désignez une ou un Premier ministre afin qu’Emmanuel Macron ne puisse détourner le sens des résultats des élections qu’il a choisi d’organiser sur un coup de poker destiné à déstabiliser l’ensemble du champ politique. Ne lui donnez pas la chance de détourner le résultat des urnes. Il aura beau jeu de le faire et de vous le reprocher ensuite.
Monsieur le président de la République, nommer un gouvernement de gauche serait une démonstration de maturité politique et de respect du processus démocratique, dont notre pays a aujourd’hui tant besoin. Une telle configuration éviterait de donner du grain à moudre à l’extrême droite, qui se nourrit des dysfonctionnements et des blocages politiques pour propager son discours du « tous pareils » ; nous payons d’ailleurs encore aujourd’hui le non-respect de fait de la volonté exprimée par les citoyennes et les citoyens lors du référendum européen de 2005. Le gouvernement pourrait ainsi répondre aux aspirations qui traversent l’ensemble des électorats et reconstruire le pays autour de services publics forts, partout sur le territoire, et de l’amélioration du pouvoir de vivre.
Des compromis entre bloc présidentiel et gauche unie pour voter des lois historiques ont déjà existé par le passé. Leur traduction fut historique, à l’image de la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse. En nommant un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire, vous montrerez que vous respectez non seulement la volonté des électeurs et des électrices, mais aussi les principes fondamentaux de notre République.
Nous comptons sur vous.
Les signataires :
Anna AGUEB-PORTERIE, organisatrice syndicale
Alice BARBE, entrepreneure sociale
Fatima BENOMAR, co-présidente de Coudes à coudes
Julia CAGÉ, enseignante-chercheuse et économiste
Boris CHENAUD, militant de la Carmagnole
Laurence DE COCK, historienne et enseignante
Sarah DURIEUX, activiste et militante féministe
Diana FILIPOVA, écrivaine
Laura-Jane GAUTIER, journaliste
Samuel GRZYBOWSKI, co-initiateur de la Primaire Populaire et Union Maintenant
Mathilde IMER, co-initiatrice Convention Citoyenne & Primaire Populaire
Floraine Jullian, bureau de Victoires Populaires
Pierre Khalfa, économiste
Armel LE COZ, co-fondateur de Démocratie Ouverte
Charles MERLIN, Créateur de contenu engagé
Magali PAYEN, fondatrice d’On est prêt
Blanche SABBAH, autrice de BD & Activiste féministe
Yamina SAHEB, chercheure en politiques climatiques au GIEC
Sur le sujet Elections législatives de 2024
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Publish date : 2024-07-11 16:57:27
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