Un nom «d’ici la fin de la semaine». C’est ce que répètent toutes les personnalités du Nouveau Front populaire (NFP) lorsqu’elles sont interrogées dans les matinales radio et sur les plateaux télés. Pour l’instant, socialistes, écolos, insoumis et communistes ne cessent de se parler pour tenter de s’entendre, «au consensus» disent-ils, sur le nom d’un chef ou d’une cheffe de gouvernement. Ce qui ne garantit en rien une acceptation d’Emmanuel Macron qui veut que les partis – hors RN – représentés à l’Assemblée nationale «bâti[ssent] une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays». Libération esquisse le portrait de celles et ceux, à gauche, dont les noms reviennent pour occuper le poste de Premier ministre.
Olivier FaureLe socialiste «consensuel» ?
«C’est maintenant au rassemblement de la gauche et des écologistes de se prononcer sur son choix.» Mercredi soir sur France 2, Olivier Faure a répété qu’il était «prêt» à occuper le poste de Premier ministre, après l’avoir confié mardi, au moment de son arrivée à l’Assemblée nationale avec les autres députés socialistes. Pour le PS, seul leur premier secrétaire peut ainsi prétendre à ce poste, avec un profil davantage consensuel qu’un insoumis.
Né à La Tronche, une commune iséroise, d’un père français agent des impôts et d’une mère infirmière vietnamienne, il adhère au Parti socialiste dès ses 16 ans puis gravit progressivement les échelons du parti avant d’en prendre la tête en 2018. Réélu à sa tête haut la main en 2021, avec difficulté en 2023, après l’accord avec les insoumis au sein du Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et la fronde de plusieurs barons locaux, la dissolution et le rééquilibrage des forces avec LFI au sein de la gauche lui a redonné du crédit.
Collaborateur parlementaire après des études de droit et de sciences politiques, Faure a fait ses classes à l’Assemblée au début des années 90, puis comme conseiller de Martine Aubry en 1997, époque cohabitation et ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Il fait un crochet par la rue de Solférino au cabinet de François Hollande du temps où il était premier secrétaire avant de retourner à l’Assemblée nationale comme secrétaire général du groupe socialiste pour épauler Jean-Marc Ayrault. En 2012, il passe de l’autre côté de la barrière en devenant député de la 11e circonscription de Seine-et-Marne. Il en est donc à son quatrième mandat.
Clémence GuettéLa favorite insoumise
La voilà sur le tremplin. Alors que Jean-Luc Mélenchon ne citait jusqu’ici que les noms de Manuel Bompard et Mathilde Panot comme «prêts» à faire leur entrée à Matignon à défaut d’être accepté par les autres forces de gauche, il s’est mis à glisser dans chaque interview celui de Clémence Guetté. Depuis plusieurs jours, après son passage sur France 2 avant le second tour des législatives, les insoumis font même expressément campagne pour la députée (réélue) du Val-de-Marne sur les réseaux. Originaire de Bressuire dans les Deux-Sèvres, cette ancienne de Sciences-Po, 33 ans aujourd’hui, milite depuis plus de quatorze ans auprès de Jean-Luc Mélenchon, qui l’a rapidement repérée et fait monter dans la hiérarchie.
Guetté a d’abord adhéré au Parti de gauche, la formation créée par l’ancien socialiste après sa sortie du PS en 2008, puis a participé aux campagnes présidentielles de 2012, 2017 et 2022 du leader insoumis. Entre 2017 et 2022, elle était secrétaire générale du groupe à l’Assemblée. Régulièrement chargée de la coordination des programmes du tribun (puis de celui des différentes unions de la gauche…) elle est réputée pour son sérieux, sa connaissance du contenu des propositions ainsi que son calme et sa froideur dans les échanges.
Marine TondelierLa révélation écolo
Sa veste verte, ses répliques cinglantes et surtout le rôle clé qu’elle a joué dans l’unification des gauches en auront fait l’une des figures du Nouveau Front populaire dans cette campagne législative. Secrétaire nationale des Ecologistes depuis 2022, l’ancienne «collab» de Cécile Duflot voit son nom revenir dans les discussions à gauche. Sans expérience de gestion locale ou dans un ministère, la trentenaire puise cependant une certaine légitimité dans le trait d’union qu’elle incarne dans l’union, entre socialistes et insoumis. Elue d’opposition depuis 2014 au conseil municipal d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), elle serait aussi un symbole de la lutte contre le Rassemblement national. Depuis des années, elle est en première ligne pour constater les méthodes brutales et les attaques de l’extrême droite au plan local, notamment à l’encontre de ses opposants et de la presse. Marine Tondelier, qui a grandi dans cette ville, a par ailleurs écrit un livre à ce sujet en 2017, intitulé les Nouvelles du front.
La patronne des écolos a rejoint le parti en 2009, un peu par hasard, après avoir assisté à un meeting de José Bové pour les élections européennes. Depuis, elle y milite activement, après avoir notamment dirigé les Jeunes Verts puis été collaboratrice parlementaire de la sénatrice Aline Archimbaud entre 2011 et 2015, et de Cécile Duflot entre 2015 à 2017, soit après son passage au ministère du Logement. Depuis 2021, elle est également conseillère régionale des Hauts-de-France.
Laurent BergerLa carte mystère ?
Il ne dit pas oui. Mais se garde bien d’enterrer l’hypothèse… Le nom de l’ancien leader de la CFDT en tant que potentiel Premier ministre revient régulièrement dans les discussions. «Je pense qu’il y a une figure de la société civile qui est capable d’apaiser, […] qui portera un projet de justice sociale et d’écologie» avait ainsi déclaré, le premier, Raphaël Glucksmann sur France 2 le 10 juin à propos de Laurent Berger, histoire de ne pas laisser s’installer le seul nom de Jean-Luc Mélenchon.
Le quinquagénaire, originaire de Guérande dans la Loire-Atlantique, s’est lancé tôt dans le syndicalisme. D’abord en intégrant la Jeunesse ouvrière chrétienne de 1991 à 1994, avant de rejoindre l’Union locale de la CFDT de Saint-Nazaire en 1996. Il prend finalement la tête de la CFDT en 2012, qu’il quitte en 2023, laissant sa place à Marylise Léon. Cette dernière a d’ailleurs réfuté aujourd’hui dans la matinale de France Inter l’hypothèse selon laquelle l’ancien leader syndical pourrait occuper le poste de chef de gouvernement : «Il va rester fidèle à la tradition des secrétaires généraux de la CFDT : il ne s’engagera pas en politique.» Le manque de fermeté de Laurent Berger lorsqu’il fallait se mobiliser contre la politique d’Emmanuel Macron et son gouvernement a régulièrement été critiqué à sa gauche entre 2017 et 2023 – jusqu’à la réforme des retraites qu’il a combattue frontalement, permettant de maintenir l’unité syndicale.
Aujourd’hui, à la tête de l’Institut mutualiste pour l’environnement et la solidarité du Crédit mutuel, Laurent Berger assure ne pas être intéressé par le poste de chef de gouvernement. Dans un entretien accordé au Monde le 24 juin, il affirmait : «Je n’ai ni vocation ni la volonté de réinvestir la vie publique. Si certains pensent que Matignon m’intéresse, je peux vous assurer que ma vie actuelle me satisfait totalement.» Mais ça c’était avant qu’on pense que la gauche devienne la première force représentée à l’Assemblée nationale.
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Publish date : 2024-07-11 16:13:00
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