À la surprise générale, le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des élections législatives anticipées à l’échelle nationale, dimanche 7 juillet. Une petite « victoire », sans majorité absolue pour la gauche, repoussant les ambitions du Rassemblement national. Après ce scrutin, le NFP peut-il s’imposer au niveau local, comme dans l’Aude, et tenter de consolider son socle ? Ou risque-t-il de se fissurer au point de disparaître du paysage politique ?
Quel avenir pour le Nouveau Front populaire ? Les résultats nationaux des élections législatives anticipées ont placé l’union de la gauche et de l’extrême gauche en tête au niveau national. Une petite victoire rapidement oubliée avec la recherche d’un Premier ministre sans que le président Macron, pour l’instant, ne donne le moindre signe. Cette alliance va-t-elle perdurer et s’implanter au niveau local pour d’autres échéances politiques comme les municipales de 2026 ? Dans l’Aude, les candidats du NFP ont tous été balayés par les députés sortants du Rassemblement national (RN). Reste que les prétendants de gauche souhaitent entretenir la flamme avec une dynamique « rarement vue » selon eux. « On a senti une énergie incroyable », rappelle Viviane Thivent, candidate écologiste dans la 2e circonscription du département, qui avait aussi tenté de devenir maire de Narbonne. Une élection perdue notamment en raison de l’absence d’une union des gauches (34,43 % pour la liste du socialiste Nicolas Sainte-Cluque et 13,11 % pour Viviane Thivent). Selon elle, les temps ont changé, la réponse se trouve dans l’unité : « Sur notre territoire, il y a une réelle envie de poursuivre et une volonté de mener une conquête culturelle. Nous allons continuer de nous voir », opine-t-elle.
Régis Banquet, président socialiste de Carcassonne Agglo, croit aussi en « la démarche collective ». Les résultats de ce scrutin national lui permettent d’imaginer une suite sur le terrain local. « Mais il faudra écouter tout le monde. Quand je parle de démarche collective, je pense aux associations, aux syndicats… On ne peut pas balayer d’un revers de main ce qui a été construit. Cette démarche citoyenne, il faut la cultiver », confie le maire d’Alzonne qui souhaite que chaque sujet soit abordé pour reconquérir le cœur des électeurs déçus par la gauche. « Je pense à l’immigration et la sécurité en conservant notre politique et nos valeurs. Il ne faudra pas seulement faire du sociétal. Le RN ne doit plus être le réceptacle de tous les mécontentements. »
On doit rester très prudent
Nicolas Sainte-Cluque était aussi suppléant de Viviane Thivent durant les législatives anticipées. Malgré cette victoire nationale, et une lourde défaite au plan local, il estime que cet enthousiasme ne doit pas déborder à outrance. En d’autres termes, le chemin est encore long avant de capitaliser sur une prochaine échéance. « On doit rester très prudent. Le Rassemblement national pense aussi aux municipales et espère emporter certaines villes. Face à ce péril, il faudra rassembler en élargissant notre union. Je pense notamment au centre avec qui on pourra discuter pour ce scrutin. Les municipales n’ont rien en commun avec les législatives. Il faudra voir si l’on met les étiquettes ou pas. »
Une union à Carcassonne ?
Le RN rêve de remporter la mairie de Carcassonne en 2026. Deux candidatures putatives ont déjà été annoncées par l’extrême droite : celle du député Christophe Barthès et de son ancien collaborateur parlementaire, Edgard Montagné. Tamara Rivel, qui a déjà candidaté dans cette ville, compte « faire front face au Rassemblement national ». La socialiste, qui a ouvertement soutenu Philippe Poutou, investi par le NFP dans la 1re circonscription de l’Aude, prône « une union marquée par une ferveur et un enthousiasme » qui s’est affirmé au fil des derniers jours de campagne. « Nous allons continuer de travailler ensemble. On s’est déjà donné rendez-vous samedi », confie-t-elle.
Les électeurs carcassonnais ont placé le député sortant en tête des suffrages, avec 53,43 % récoltés dans les 28 bureaux carcassonnais de la 1re circo, devant Philippe Poutou qui le talonne avec moins de mille voix d’écart, à 46,57 % (le RN, à l’échelle de la ville, a emporté 52,8 %). Un résultat à prendre en considération à l’approche des municipales : « A Carcassonne, le score est là. Il y a une attente de la part des électeurs. Me concernant, je mettrai l’énergie qu’il faut pour les municipales », conclut Tamara Rivel.
L’extrême droite lorgne également sur les élections départementales afin de faire sauter son plafond de verre. En 2021, pour cette échéance, la gauche audoise avait tâché de s’unir derrière une bannière commune afin de conserver le Département. Un seul canton a été lâché face à François Mourad et Magalie Bardou, binôme divers droite. Trois ans plus tard, Hélène Sandragné, présidente du conseil départemental de l’Aude, défend toujours cette stratégie d’union. « Nous devons nous unir avec des gens favorables à notre projet. C’est cette adhésion qui est importante. Dans l’Aude, nous avons entendu le message des électeurs. Maintenant, c’est à nous de faire le travail et leur donner des réponses. » La tâche s’annonce ardue.
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Publish date : 2024-07-09 12:45:00
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