Temps de lecture:
2 min
Si le Nouveau Front populaire, vainqueur des législatives, accède au pouvoir, l’une des premières mesures qu’il compte mettre en œuvre est la taxation des superprofits des entreprises. Un dispositif qui pourrait rencontrer un écho favorable au sein d’autres partis politiques.
© Jacques Gaimard/Pixabay
– Le NFP attend 15 milliards d’euros de recettes d’une taxe sur les superprofits des entreprises dès cette année
Que vous ayez voté ou non pour le Nouveau Front populaire (NFP), vainqueur – mais sans majorité absolue – des élections législatives, l’une de ses mesures phares et d’application immédiate, si tant est qu’il accède à Matignon, ne semble pas pour vous déplaire. Selon un sondage réalisé par Viavoice pour Libération, et publié le 24 mars, près des deux tiers du millier de personnes interrogées considéraient comme prioritaire une taxation temporaire des superprofits de certaines entreprises, afin de tenter d’endiguer un déficit public représentant 5,5% du produit intérieur brut en 2023. Et cette proportion d’adeptes de la taxation des profits réalisés à la faveur de circonstances exceptionnelles grimpait même à 72% chez les partisans du président de la République, et à 72% également parmi ceux de droite !
Pourtant, difficile de faire plus gauchiste que la taxation des superprofits des entreprises. Lors de la présentation du programme économique du NFP, le 21 juin, le sénateur socialiste de l’Oise Alexandre Ouizille était tombé à bras raccourcis sur «les entreprises qui bénéficient disproportionnellement des crises que nous traversons et qui doivent (donc) contribuer à les régler». Une allusion à peine voilée à la flambée des prix du gaz et de l’électricité en 2022, qui a logiquement profité aux finances des énergéticiens. Ces «marges exceptionnelles, accumulées dans des secteurs comme l’énergie ou l’agroalimentaire», il faut les redistribuer, avait d’ailleurs précisé le député LFI-NPF Eric Coquerel. Cela au moyen d’une taxe sur les superprofits, dont le NFP attend 15 milliards d’euros de recettes dès cette année.
La suite sous cette publicité
La suite sous cette publicité
À lire aussi :
Taxe sur les superprofits : les producteurs d’électricité vont encore passer à la caisse
Braun-Pivet et Bayrou raccord sur la taxation des superprofits
Mais cette idée fait également son chemin dans les rangs du parti Ensemble (Renaissance-Modem-Horizons), déficit public colossal et promesse de ne pas augmenter les impôts des ménages obligent. La députée Renaissance des Yvelines Yaël Braun-Pivet, aujourd’hui candidate à sa reconduction à la présidence de l’Assemblée nationale, avait jeté un pavé dans la mare en déclarant au micro de France Bleu Sud Lorraine, le 22 mars, qu’elle était «partisane de regarder lorsqu’il y a des superdividendes, des superprofits, des rachats d’actions massifs par les entreprises, à une réflexion pour savoir s’il n’y a pas là, de façon exceptionnelle, une capacité que nous pourrions avoir à augmenter les recettes de l’Etat».
Elle avait enfoncé le clou le lendemain dans Le Figaro, affirmant que «nous devons nous interroger sur nos recettes, y compris sur la possibilité de taxer les superprofits dans les grandes entreprises ou les rachats d’actions». Une position proche de celle d’un autre pilier d’Ensemble, le MoDem. Les élus du parti centriste demandent «depuis déjà plusieurs exercices budgétaires qu’on explore cette voie-là», avait rappelé François Bayrou, patron du Modem, sur RTL, à l’époque.
La suite sous cette publicité
À lire aussi :
Super-profits : Bruno Le Maire “ne sait pas ce que c’est”
La taxation des superprofits, un combat d’arrière-garde ?
Une voie dans laquelle le gouvernement, fidèle à sa promesse de ne pas augmenter les impôts, ne s’engagera pas en 2025, en tout cas pas au-delà de «la récupération des rentes qui ont pu être faites par les énergéticiens tout simplement parce que les prix ont flambé», avait rétorqué le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Son jeune patron Gabriel Attal n’a pourtant «pas de dogme à ce sujet», lui. «En 2022/2023, on a assumé de créer une taxe sur les superprofits des énergéticiens et des pétroliers, elle a rapporté 600 millions d’euros, on peut tout à fait l’améliorer», avait déclaré le Premier ministre sur TF1 le 27 mars.
Sauf que «même si certains groupes politiques se mettent d’accord sur une taxation des superprofits, ils risquent d’arriver après la bataille», souffle à Capital Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès. Pour lui, la taxe sur les superprofits, «c’était plus un sujet de 2022», quand les prix du gaz, de l’électricité ou encore du fret atteignaient des sommets. «Aujourd’hui, ils sont revenus à des tarifs plus normaux, une telle mesure risque donc de ne pas servir à grand-chose», insiste-t-il. Dommage, pour une fois qu’on tenait presque une mesure transpartisane !
Recevez nos dernières news
Chaque matin, les infos à retenir sur les marchés financiers.
Source link : https://www.capital.fr/entreprises-marches/taxer-les-superprofits-le-nouveau-front-populaire-est-pour-et-il-nest-pas-le-seul-1499488
Author :
Publish date : 2024-07-10 15:50:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.