Dans un contexte où l’accord national de cette union n’incluait initialement pas la Corse, la gauche locale s’est démenée pour présenter une candidature unique par circonscription. En vain : aucun candidat n’a réussi à franchir le cap du premier tour.
Une déception pour Michel, que nous rencontrons à Bastia : « Je suis déçu que la Corse n’ait pas su envoyer un député NFP au palais Bourbon mais au niveau national le Nouveau Front Populaire fait un très bon score, j’espère que l’on va pouvoir entrevoir des jours meilleurs ici aussi ».
Le Rassemblement national confirme sa progression
Avec quatre candidats qualifiés pour le second tour, le parti de Jordan Bardella a encore réalisé des scores historiquement hauts en Corse. Malgré de nombreuses tractations pour faire barrage au parti à la flamme et une campagne de diabolisation d’entre-deux-tours, les candidats RN, parfois totalement inconnus de la scène politique insulaire, ont obtenu un total de 42 350 voix, augmentant de près de 7 500 voix leur score combiné du premier tour.
« Nous avons d’autres priorités que la langue corse, les prisonniers politiques ou l’autonomie ! »
Une satisfaction en demi-teinte pour Hélène, fidèle du parti à la flamme : « Je suis Corse et j’ai toujours voté RN, je ne peux que me réjouir de la progression et de ce score historique mais ce matin je suis dégoutée et en colère de voir qu’avec toutes leurs magouilles politiciennes, la voix du peuple est une nouvelle fois bafouée ! Premiers en nombre de voix mais seulement troisième force politique de l’assemblée, cherchez l’erreur… » Avant de poursuivre : « Espérons au moins que localement, cela fasse comprendre à nos élus qui ont l’air de vivre sur une autre planète que nous avons d’autres priorités que la langue corse, les prisonniers politiques ou l’autonomie ! »
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Assise à côté d’elle sur un banc des quartiers sud de Bastia, son amie acquiesce : « Ils n’ont que ça à la bouche ! Ainsi, pendant ce temps, on ne parle pas des vrais problèmes et Dieu sait s’il y en a ! Santé, déchet, transports, cherté de la vie, insécurité grandissante, problèmes liés au communautarisme… Si depuis 10 ans ils avaient mis autant d’énergie à résoudre nos problèmes quotidiens qu’ils en ont mis pour leur processus d’autonomie, on aurait peut-être avancé ! ».
Une colère et des inquiétudes qui permettent au RN d’ancrer son implantation locale. Même si pour cette fois, il n’obtient aucun siège dans le département, le parti de Jordan Bardella qui a raflé un tiers des suffrages a bousculé la famille nationaliste.
Le camp nationaliste fragilisé
Alors qu’ils se sont qualifiés pour la première fois de l’Histoire pour le second tour des élections législatives dans les quatre circonscriptions du département, parfois même en arrivant en tête, les candidats RN ont donné du fil à retordre au camp des nationalistes corses qui ont dû se serrer les coudes afin de tenter d’inverser la vapeur au second tour.
C’est ainsi que dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, le nationaliste (PNC) Paul-André Colombani opposé à François Filoni (RN) a réussi à s’imposer avec 59,21 % des voix, contre 40,79 % après une « remontada ». Le député nationaliste sortant était en ballottage défavorable, devancé de 3 300 voix au premier tour par le leader du Rassemblement National en Corse.
Toujours en Corse-du-Sud, dans la première circonscription, le député sortant Laurent Marcangeli (Horizons) s’est nettement imposé avec 63,20 % des voix face à la candidate RN Ariane Quarena (36,80 %).
Un soulagement pour Hakim, un jeune étudiant qui scrutait les résultats dimanche soir : « Je savais que les Corses ne laisseraient pas la place à l’extrême droite, mais j’étais quand même très inquiet compte tenu des résultats aux élections européennes ! c’est un grand soulagement. »
Dans la première circonscription de Haute-Corse, le député sortant nationaliste Michel Castellani (Femu a Corsica) s’est également imposé avec 64,3 % des suffrages – et près de 11 000 voix d’avance – face au candidat du Rassemblement national Jean-Michel Marchal, qui réalise néanmoins une belle élection compte tenu de son arrivée récente sur l’Île de Beauté, en raflant 35,67 % des suffrages.
Des résultats qui n’ont pas manqué de faire réagir : « Le RN a présenté des candidats totalement inconnus sur l’île, ils se sont tous qualifiés au second tour dans les quatre circonscriptions et ont même mis à mal les députés sortants, nos élus insulaires feraient mieux de se poser les bonnes questions et d’en tirer les enseignements », nous confiait Anghjula. La jeune trentenaire nationaliste, amère, assistait dimanche dans sa circonscription à la défaite du député sortant Jean-Félix Acquaviva, un pilier historique de la majorité territoriale et alter ego de Gilles Simeoni.
La vague du Nouveau front populaire qui a déferlé sur toute la France pour ce second tour, n’est pas parvenue jusqu’aux rives insulaires
Dans cette seconde circonscription de Haute-Corse, la candidate RN Sylvie Jouart, arrivée en troisième position à l’issue du premier tour, s’était désistée au profit du maire de San Giuliano François-Xavier Ceccoli, lui assurant une large victoire dimanche soir. Le conseiller territorial d’opposition divers droite a remporté l’élection avec 54,48 % des suffrages contre 45,52 % pour le député sortant nationaliste.
La vague du Nouveau front populaire qui a déferlé sur toute la France pour ce second tour, n’est donc pas parvenue jusqu’aux rives insulaires. La forte percée du RN ne lui a pas permis d’envoyer des députés corses sur les bancs du Palais-Bourbon, mais à l’issue de ce scrutin, un véritable tournant est amorcé sur l’échiquier politique insulaire.
Source link : https://www.lejdd.fr/politique/legislatives-le-nouveau-front-populaire-ne-perce-pas-en-corse-147369
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Publish date : 2024-07-10 06:13:11
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