Cet article a été initialement publié en anglais
Devant l’Assemblée nationale, les députés français d’extrême gauche ont appelé ce mardi Emmanuel Macron à « respecter le résultat » des législatives de dimanche en choisissant le nouveau Premier ministre dans leurs rangs.
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Les partis composant le Nouveau Front Populaire (NFP) de gauche, qui a créé la surprise en arrivant en tête des élections législatives anticipées en France, ont affirmé qu’ils avaient le droit de gouverner et se sont engagés à limiter l’extrême droite lors de leur retour à l’Assemblée nationale cette semaine.
« Nous sommes, à partir d’aujourd’hui, au travail. Nous sommes au travail avec nos partenaires du Nouveau Front populaire, nous sommes au travail avec le groupe de la France insoumise, et nous prétendons toujours gouverner ce pays », a déclaré à la presse Mathilde Panot, présidente parlementaire de la France insoumise (LFI), à son arrivée à l’Assemblée nationale.
« Emmanuel Macron doit s’incliner devant le choix des urnes », a-t-elle ajouté.
Le Nouveau Front populaire exige que le président choisisse le prochain Premier ministre parmi ses membres
Dans une déclaration commune publiée ce mardi, *les partis du Nouveau Front populaire ont mis « solennellement en garde le président de la République contre toute tentative de détournement des institutions »**.*
Les quatre formations de gauche demandent que le président de la République « se tourne vers le Nouveau Front populaire pour lui permettre de former un gouvernement […] conformément à l’usage républicain en période de cohabitation ».
Le NFP – composé de partis de gauche, dont LFI et le Parti communiste, ainsi que de forces plus modérées comme les socialistes et les Verts – a obtenu 178 sièges lors du scrutin dimanche, devant la coalition centriste Ensemble d’Emmanuel Macron, avec 164 députés, et le RN et ses alliés, qui ont décroché 143 sièges.
Aucun d’entre eux n’a cependant remporté les 289 députés nécessaires pour obtenir la majorité absolue.
Emmanuel Macron « doit respecter le choix des électeurs »
Le dirigeant communiste Fabien Roussel a déclaré dans une interview publiée dans le quotidien régional Midi Libre mardi : « Nous demandons au président de la République […] de nous laisser gouverner », affirmant que les membres NFP « sont les plus nombreux, prêts à s’asseoir et à travailler avec le programme présenté aux électeurs ».
Un tel scénario marquerait le début d’une quatrième « cohabitation » entre un président et un Premier ministre issus de partis différents. Mais alors que les trois cohabitations précédentes ont suivi des élections législatives qui ont donné une majorité claire à un seul courant politique, ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Il y a deux ans, Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée en ne conservant que 246 députés quelques semaines après avoir été réélu à la tête du pays.
Ses appels aux différentes factions pour qu’elles fassent des compromis sont pour la plupart restés lettre morte, et son gouvernement a fait passer plusieurs réformes en utilisant l’article 49.3 de la Constitution qui lui permet de contourner le vote des députés.
La marge était cependant plus faible pour le parti présidentiel à l’Assemblée : la coalition d’Emmanuel Macron était à 43 sièges de la majorité absolue, alors qu’il manque environ 96 sièges au NFP.
Dans son interview, Fabien Roussel a néanmoins affirmé que le NFP pourrait gouverner si les députés d’Ensemble « respectent le choix des électeurs qui nous ont placés en tête ».
« Si les députés macronistes ne votent pas les motions de censure, notre gouvernement pourra gouverner », ajoute-t-il.
Le NFP s’est engagé à rétablir l’impôt sur la fortune et à abroger la réforme des retraites adoptée l’année dernière, qui a repoussé l’âge de la retraite à 64 ans, entre autres mesures.
La seule réponse est une large coalition
Clément Beaune, ancien ministre des Transports et proche allié d’Emmanuel Macron, a concédé sur X que la victoire du NFP lui donnait des « droits ».
Toutefois, il a affirmé que l’absence de majorité et le fait que de nombreux députés de gauche et du centre aient été élus « non pas sur leur seul programme », mais dans le cadre du « front républicain » visant à empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir, ne donnaient pas carte blanche au Nouveau Front populaire.
« La seule réponse, c’est une coalition large que les chefs de partis doivent commencer à négocier », écrit-il.
Alors que l’actuel Premier ministre, Gabriel Attal, a présenté sa démission à Emmanuel Macron lundi, ce dernier lui a demandé de conserver son poste jusqu’à nouvel ordre « pour la stabilité du pays ».
Tous deux ont fait part de leur volonté d’entrer dans une coalition composée de « modérés ».
Cette coalition exclurait LFI – que beaucoup dans les rangs du président considèrent comme aussi extrême que le RN – mais inclurait les 39 députés dissidents de droite des Républicains (LR) qui ont rejeté l’alliance préélectorale avec le RN conclue par leur président, Éric Ciotti.
Toutefois, Laurent Wauquiez, président LR du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, a déclaré qu’il n’envisageait « ni coalitions ni compromissions ».
Depuis l’annonce des résultats du second tour des législatives, les discussions vont bon train parmi les dirigeants du Nouveau Front populaire pour choisir un candidat au poste de Premier ministre.
Jean-Luc Mélenchon, le leader controversé de LFI, a déclaré qu’il aimerait occuper ce poste – ce qui ne serait sans doute pas au goût de certains membres du NFP. Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste, s’est également porté candidat, déclarant aux journalistes mardi : « Je suis prêt à le faire ».
« Mais en dialogue avec les partenaires car je pense que personne ne peut s’imposer à qui que ce soit », a-t-il ajouté.
Le groupe socialiste a été accueilli devant l’Assemblée par des manifestants dénonçant l’alliance du parti avec la LFI.
Ils portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « l’antisémitisme n’est pas un projet de société » et scandaient « Front républicain, ne vous compromettez pas. Nous ne voulons pas d’antisémites », en référence aux accusations à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, qui a été accusé de minimiser l’antisémitisme par le passé.
Nous sommes en sursis
Un point sur lequel les différents partis du NFP semblent s’accorder pour l’instant est la nécessité d’empêcher le RN d’occuper des postes de direction à l’Assemblée nationale.
« Nous sommes en sursis par rapport à l’extrême droite, soit nous réussissons et dans ce cas nous éloignerons peut-être la menace de l’extrême droite pour longtemps, soit nous échouons et nous courons alors le risque de les voir malheureusement arriver cette fois-ci avec une majorité absolue », affirme Olivier Faure.
Le parti d’extrême droite dispose de la plus grande délégation à l’Assemblée nationale – le NFP et Ensemble étant des coalitions de partis – ce qui a conduit certains à soutenir que l’un de leurs députés devrait obtenir le rôle de président de l’Assemblée.
Selon Cyrielle Chatelain, l’une des deux co-présidentes du groupe des Verts à l’Assemblée, ce sont les électeurs qui « ont bloqué (le RN) dans les urnes, il est donc de notre responsabilité de le bloquer à l’Assemblée nationale ».
« L’extrême droite n’est pas compatible avec la République, le RN ne doit donc occuper aucune position de leader dans cette Assemblée, c’est le mandat qui nous a été donné par les électeurs », ajoute-t-elle.
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Publish date : 2024-07-09 20:13:00
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