Le verdict des urnes a parlé, mais les incertitudes demeurent plus que jamais. Ni le Nouveau Front populaire (autour de 190 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le RN et ses alliés (plus de 140 sièges) ne peuvent atteindre, seuls, les 289 députés nécessaires à la majorité absolue.
Les discussions ont commencé dans la soirée et vont se poursuivre dans les jours qui viennent, expliquent les partenaires de l’alliance de gauche. « On n’a pas besoin d’avoir un nouveau gouvernement nommé cette semaine, on est dans aucun des scénarios des cohabitations précédentes, on a tout à inventer », souligne la sénatrice socialiste Corinne Narassiguin. « On va prendre le temps qu’il faut (…) et faire les choses étape par étape », a également tempéré Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise.
Le front de gauche refuse toute entente avec des élus macronistes
Dimanche soir, toutes les formations de gauche l’ont répété : ce sera sur le programme du Nouveau Front populaire, fort de ses quelque 190 élus, que doit se baser le projet du nouveau gouvernement.
« Aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable », a martelé le leader insoumis, Jean-Luc Mélenchon, refusant « d’entrer dans des négociations » avec le parti présidentiel. « Nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires », a ajouté le patron du PS Olivier Faure. « Il n’y aura aucune compromission ou combinaison contre-nature », confirme Sébastien Vincini, secrétaire national du PS.
Face aux rumeurs d’une coalition entre le camp présidentiel et la frange la plus modérée du Nouveau Front populaire, un cadre insoumis s’agace : « Les macronistes tentent de nous voler la victoire et de faire une coalition ». « Il faut que le président de la République nous contacte », ajoutait dimanche soir cette source. Reste que la résilience du camp macroniste est un gros caillou dans la chaussure du bloc de gauche tout comme les divisions en son sein. LFI est loin d’être majoritaire au sein de l’alliance : EELV progresse avec un total de 34 sièges (contre 23 en 2022), tout comme le PS, qui double son nombre de députés pour atteindre 65 élus (contre 31 en 2022).
Attal prêt à assumer ses « fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera »
« Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes », s’est réjoui Gabriel Attal. S’il a annoncé qu’il remettrait lundi matin sa démission à Emmanuel Macron, il s’est aussi dit prêt à assumer ses « fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera », notamment à l’approche des Jeux olympiques (26 juillet – 11 août).
Le camp présidentiel présentera « des conditions préalables à toute discussion » en vue d’une majorité, a prévenu dimanche le patron de Renaissance Stéphane Séjourné, citant la laïcité, la construction européenne et le soutien à l’Ukraine, et concluant que « Jean-Luc Mélenchon et un certain nombre de ses alliés ne peuvent gouverner la France ». Édouard Philippe (Horizons) a lui aussi appelé les forces politiques « à favoriser la création d’un accord » sans le Rassemblement national ni la France insoumise.
Concernant la capacité de la coalition de gauche à gouverner, le chercheur du Cevipof, Martial Foucault, reste dubitatif : « Ca reste un groupe minoritaire, une coalition de partis qui arrive première avec moins de 200 sièges. Cette alliance contre le RN aboutit à une forme de paradoxe institutionnel. Les électeurs se sont mobilisés, ont répondu à cet appel mais pour produire une France ingouvernable à ce stade. »
Législatives 2024 : revivez la soirée électorale
Message reçu du côté des communistes. « Nous allons devoir, sur bon nombre de sujets, élargir notre majorité parce qu’elle ne suffira pas autrement », reconnaît le porte-parole du parti, le sénateur de Paris Ian Brossat. « Nous ne sommes pas dans une situation de confort total », a reconnu Olivier Faure, le patron des socialistes, qui prévoit des « obstacles nombreux », « l’opposition des lobbies » et « de ceux qui vont voir leurs privilèges s’estomper ».
Une prise de parole présidentielle très attendue
Qui pourrait être désigné Premier ministre? « La question est prématurée », assure Sébastien Vincini. Les Insoumis persistent dans l’idée que c’est au groupe majoritaire de proposer un nom. Les autres penchent pour une décision collective des députés de l’alliance, Jean-Luc Mélenchon étant devenu une figure trop clivante et urticante, même au sein d’une partie de la gauche.
L’ancienne insoumise « frondeuse » Clémentine Autain, qui a acté sa séparation avec LFI, plaide aussi pour un vote de l’ensemble des députés du Nouveau Front populaire sur le poste de Premier ministre, en excluant François Hollande – qui a lui-même dit ne pas postuler – et Jean-Luc Mélenchon.
La prise de position d’Emmanuel Macron est elle aussi très attendue, car c’est lui qui dispose du pouvoir de nomination du Premier ministre. Ce processus pourrait prendre beaucoup de temps, dans l’attente d’un accord hypothétique entre plusieurs forces politiques sur un candidat pour Matignon et sur un programme. A moins qu’il n’opte pour un gouvernement technique sur le modèle italien, ou sur son équipe sortante pour expédier les affaires courantes à court terme. Le camp présidentiel présentera des « conditions préalables à toute discussion » en vue d’une majorité, a prévenu le patron de Renaissance Stéphane Séjourné, tandis que l’Élysée a joué la prudence, indiquant que le chef de l’Etat « attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires ».
Les portes du Palais Bourbon ouvrent officiellement à 14 heures lundi pour accueillir une partie des 577 députés de la nouvelle législature… Tous ne seront pas au rendez-vous: les Insoumis, par exemple, ont prévu de venir ensemble mardi à 10 heures.
(Avec AFP)
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Publish date : 2024-07-08 05:00:00
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