Une surprise, et un pari réussi pour l’alliance de gauche. Le Nouveau Front populaire (NFP) s’affirme comme la première force politique du pays à l’Assemblée nationale, au soir du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet. La coalition de gauche arrive en tête et obtient de 180 sièges de députés pour la 17e législature qui s’ouvre, selon le ministère de l’Intérieur.
« C’est un immense soulagement pour une écrasante majorité de personnes dans notre pays. (…) Ces personnes se sont senties menacées, terriblement. Qu’elles se rassurent, elles ont gagné », a réagi Jean-Luc Mélenchon sur France 2 dimanche soir, avant d’appeler le Premier ministre à « s’en aller ». « Le président a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner », a également martelé le leader de La France Insoumise.
Le Nouveau Front populaire devance de peu le bloc présidentiel Ensemble, arrivé deuxième avec de 152 à 158 élus, et le Rassemblement national et ses alliés, en troisième place malgré son arrivée en tête le soir du premier tour avec 33,22% des voix. Le bloc d’extrême droite dispose de 143 fauteuils, d’après cette estimation.
Sans obtenir de majorité absolue, la nouvelle union de la gauche aura davantage de députés que la Nupes, précédente alliance entre La France insoumise, le Parti socialiste, Les Ecologistes et le Parti communiste français. Celle-ci disposait de 150 sièges dans l’hémicycle.
Le Nouveau Front populaire est né dans l’urgence au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron le soir du 9 juin. L’alliance réussit ainsi son pari de devancer le Rassemblement national et ses alliés, ainsi que le camp présidentiel, une inversion par rapport aux résultats des élections législatives de 2022.
Dans le détail, à gauche, La France insoumise (LFI) obtient 71 sièges. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon disposait de 75 députés de 2022 à juin. Le Parti socialiste réalise quant à lui un bond, passant de 31 sièges pendant la précédente législature à 64 sièges. Les Ecologistes disposeront aussi d’un groupe parlementaire, dont le seuil est situé à 15 députés, avec de 33 sièges, contre 21 jusqu’à présent. Enfin, le Parti communiste français enverra 9 élus au Palais-Bourbon. Il pourrait rallier des députés ultramarins pour constituer un groupe parlementaire, comme lors des précédentes mandatures.
La courte campagne a été marquée par des divisions à gauche, notamment sur le rôle des partis dans une grande coalition qui pourrait voir le jour en cas de majorité relative du RN. Les cadres de LFI ont exclu toute participation à un gouvernement qui ne prendrait pas comme base le programme du Nouveau Front populaire, qui comprend l’abrogation de la réforme des retraites et des réformes de l’assurance-chômage, l’augmentation du smic à 1 600 euros net ou l’indexation des salaires sur l’inflation. D’autres membres de cette alliance sont plutôt favorables à une participation à un gouvernement d’union, pour lutter contre l’extrême droite.
Des tensions sont aussi apparues autour de la figure de Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise. Si le mouvement de gauche radicale a défendu le tribun comme un possible Premier ministre en cas de victoire, qui avait rassemblé 22% lors de la présidentielle en 2022, certaines figures se sont publiquement opposées à cette éventualité. « Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre », ont balayé, chacun de leur côté, Olivier Faure et François Ruffin. Ce dernier, élu avec La France insoumise en 2017 et 2022, a par ailleurs annoncé qu’il ne siégerait pas avec les insoumis en cas de réélection.
Un scénario qui va devenir réalité, puisque François Ruffin, en grande difficulté dans la 1re circonscription de la Somme, a pourtant été réélu député. Il obtient 52,96% des voix face à la RN Nathalie Ribeiro Billet, dont le score atteint tout de même 47,05%. Le député sortant avait bénéficié du désistement d’Albane Branlant (Ensemble), qualifiée au second tour avec 22,68%.
L’ex-président de la République François Hollande sort lui aussi victorieux dans son fief de Corrèze, avec 43,10% des suffrages. L’ancien élu socialiste, qui avait créé la surprise en annonçant briguer un nouveau mandat de député dans la 1re circonscription du département, affrontait la candidate du Rassemblement national, Maïtey Pouget (31,69%), et le député LR sortant, Francis Dubois (25,21%), dans une triangulaire.
Autre figure de la gauche qui sauve son siège : le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud, réélu avec 56,65% des voix, devant la candidate Rassemblement national Sylvie Franceschini (43,35%) dans la 3e circonscription des Landes. Le député y affrontait pour la première fois le RN au second tour, après avoir obtenu 37,1% au premier.
Ces noms viennent ainsi s’ajouter à ceux des 32 candidats de gauche élus dès le 30 juin, à l’instar de Mathilde Panot, ex-présidente du groupe LFI, dans le Val-de-Marne, de Manuel Bompard, coordinateur de LFI, dans les Bouches-du-Rhône, d’Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, en Seine-et-Marne, ou de l’écologiste Sandrine Rousseau à Paris.
Malgré la nette avancée du Nouveau Front populaire par rapport au contingent de 150 députés envoyé à l’Assemblée nationale par la Nupes après les législatives de 2022, certains membres de la coalition ont essuyé des échecs. Parmi eux, Philippe Poutou, en ballottage défavorable face à Christophe Barthès, n’a pas réussi à remonter la pente face au candidat du RN dans la 1re circonscription de l’Aude. L’ancien candidat à la présidentielle recueille 38,56% des suffrages contre 61,44% pour son concurrent d’extrême droite.
Jean Lassalle, ancien candidat à la présidentielle et aux européennes, est lui aussi battu dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Il n’obtient que 23,16% des voix, battu par le candidat NFP Iñaki Echaniz, qui décroche 47,92% des voix dans une triangulaire.
Dans la 6e circonscription de la Meurthe-et-Moselle, la députée LFI sortante et vice-présidente de l’Assemblée Caroline Fiat (45,36%) a été largement devancée par le RN Anthony Boulogne (54,64%). Enfin, l’ancienne vice-présidente socialiste de l’Assemblée Valérie Rabault est battue dans la 1re circonscription du Tarn-et-Garonne. Son adversaire LR-RN Brigitte Barèges, maire de Montauban, obtient 51,25% des voix.
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Publish date : 2024-07-08 05:35:49
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