Satisfait que l’extrême droite ne gouverne pas le pays, le maire de Montpellier qui ne craint pas « le bruit et la fureur » de Jean-Luc Mélenchon estime que le prochain Premier ministre doit rapidement abroger la réforme des retraites et passer le Smic à 1 600 €.
Vous attentiez-vous à ce sursaut ?
Je constate que les Françaises et les Français ont déjoué tous les instituts de sondage. Nous étions en situation de quasi-référendum pour ou contre la République et je me réjouis que le spectre d’une majorité pour l’extrême droite ait été balayée. Et que ce succès de la gauche résulte de l’unité et des désistements républicains. Je veux saluer tous les candidats qui se sont retirés, car ce n’est jamais simple. J’ai fait le choix de ce rassemblement pour combattre l’extrême droite dont la nature est anti-républicaine, raciste et anti-sémite…
Malgré tout, le RN engrange plus de 10 millions de voix, pouvez-vous vous satisfaire de ce résultat ?
Non ! Je prends ce résultat avec humilité, gravité et responsabilité. Le RN fait des scores trop importants et a de nombreux sièges en Occitanie. Il faut entendre leur colère, leur désarroi, leur désespoir parfois. Quand on ne trouve plus de médecin dans un territoire, c’est que notre société dysfonctionne. L’efficacité de l’action publique n’est pas à la hauteur. Il y a par ailleurs une demande de sécurité à laquelle il faut urgemment répondre. Je n’oublie pas qu’une partie des électeurs du RN, était des électeurs de gauche. On doit apporter des réponses fortes.
Le Nouveau Front populaire est-il en mesure de gouverner le pays avec une majorité de 180 sièges ?
On entre, sur le plan institutionnel, dans une situation inédite. Désormais le pouvoir sera au Parlement. Les responsables de la coalition se réunissent pour proposer un Premier ministre qui fait consensus et, je le rappelle, cela ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon. Il faut sortir de la posture jupitérienne, du sentiment de mépris, où le Président ne peut plus menacer de dissolution… Je souhaite une coalition fidèle à ses engagements, constructive, appelée à durer, attachée à la République, qui n’a pas vocation à s’écrire au rythme du bruit et de la fureur. Il faudra que les revenus les plus aisés contribuent à ce programme autour du pouvoir d’achat des Français. Le dogme libéral supposé par Bruno Le Maire n’est plus tenable.
Ne craignez-vous pas qu’Emmanuel Macron cherche à gouverner à droite en s’alliant avec Les Républicains ?
Le pays aspire à être gouverné dans un esprit de justice. La brutalité de la réforme des retraites qui est très dure pour les ouvriers, la catégories C de la fonction publique, est rejetée. Si demain, le Président se tourne à droite toute, c’est qu’il n’aura pas entendu le message des Français. Après s’être engagé dans une dissolution dont on ne comprend pas le sens, courir après M. Wauquiez serait une nouvelle erreur.
Le NFP peut-il revenir sur la réforme des retraites et s’engager sur le Smic à 1 600 € ?
Ce n’est pas qu’il le peut mais qu’il le doit. Il s’y est engagé. Je me suis engagé dans la gratuité des transports à Montpellier et il faut tenir les promesses. La hausse du Smic est majeure après deux années d’inflation. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez l’a fait en Espagne et le monde ne s’est pas effondré. Au contraire.
Ne continuez vous pas à redouter la brutalité de certains insoumis au sein de la coalition ?
La stratégie du bruit et de la fureur, de l’invective et de l’outrance ne constitue pas une politique d’amélioration du quotidien des Français. J’espère que les nouveaux députés à l’Assemblée assureront avec dignité leur fonction malgré les opinions parfois différentes. Pour ma part, je reste ferme sur mes convictions et ne comptez pas sur moi pour débaptiser l’école Samuel-Paty pour céder d’un pouce au principe de laïcité, à l’universalisme républicain, au combat contre le racisme et l’antisémitisme. Je serai présent dans ce débat à Montpellier et au niveau national.
Pourriez-vous intégrer ce gouvernement, à l’éducation par exemple ?
J’ai décliné cette proposition de la part d’Emmanuel Macron. Certes je serai plus en phase si elle m’était proposée par le NFP. Mais j’ai l’engagement d’être, jusqu’en 2026, le maire de Montpellier et de ne me consacrer qu’à la ville et à sa Métropole. J’ai promis de ne pas cumuler. Mais je porterai ma voix pour réaffirmer l’importance des principes qui m’ont fait m’engager sur des piliers majeurs : défendre une République sociale, laïque, uniiversaliste, écologique et féministe.
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Publish date : 2024-07-08 18:01:00
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