Le surprenant résultat du second tour des élections législatives installe une situation inédite, qui nécessitera plusieurs jours pour être clarifiée. La coalition du Nouveau Front populaire (Insoumis, PS, Écologistes, PC, etc.) dispose maintenant d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. Sa première responsabilité consiste donc à choisir dans ses rangs une personnalité que le chef de l’État pourra difficilement refuser de nommer Premier ministre. « Il ne faut pas que nous puissions donner le sentiment que nous ne sommes pas capables de gouverner », annonce Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
Cette personnalité devra, non seulement, faire consensus au sein de la coalition, mais aussi être acceptable pour Emmanuel Macron, disposer d’une bonne maîtrise des rouages parlementaires et, surtout, démontrer sa capacité à exercer la fonction la plus exigeante et la plus complexe de la République. A priori, ils sont peu nombreux à correspondre à ce profil de perle rare.
Vallaud, Jadot, Delga ?
C’est évidemment le cas d’Olivier Faure, lui-même bâtisseur du renouveau du PS. À un moindre titre, Boris Vallaud, qui présidait, jusqu’alors, le groupe socialiste à l’Assemblée, peut y prétendre. Le choix d’un écologiste, tel le sénateur Yannick Jadot, pour improbable qu’il soit, n’est pas à exclure. Et si Carole Delga, l’ambitieuse présidente de la région Occitanie en rêve, elle est par trop éloignée des rudes réalités parlementaires.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, on a compris qu’il a déjà le regard tourné vers 2027 et préférera négocier quelques ministères de poids pour ses proches. Toujours est-il que le choix du prochain locataire de Matignon devrait intervenir dans les jours prochains.
Charge à lui de constituer un gouvernement. Avec l’obligation de ne pas trop priver la gauche de ses quelques élus de poids au Parlement où les principales décisions seront déterminées et, si possible, de confier des responsabilités à des volontaires venus d’autres horizons. Car il faudra bien trouver des figures de poids, notamment pour les grands ministères régaliens. Ainsi, pas question d’ignorer des sujets aussi prégnants que la sécurité, la Justice, la Défense et les Affaires étrangères.
Une architecture gouvernementale délicate
La feuille de route de ce gouvernement sera cependant conforme aux grandes lignes du programme du Nouveau Front populaire, tout en instaurant un dialogue social digne de ce nom et en tenant compte des contraintes, notamment budgétaires. Ce qui implique donc la maîtrise de la technostructure qui a pesé de tout son poids sous Hollande comme sous Macron. De ce point de vue, au-delà même du choix des ministres, il faudra être attentif à l’architecture gouvernementale. Diviser Bercy entre un pôle budget et fonction publique et un pôle économie et entreprises, pour réduire la toute-puissance de la direction du Trésor ? Détacher les outre-mer de la tutelle de l’Intérieur pour y proposer une politique moins sécuritaire ? Constituer un grand ministère des Collectivités et des Territoires pour répondre au sentiment d’abandon d’une partie de ces territoires ?
Ainsi, ce futur gouvernement devra faire preuve de virtuosité afin d’obtenir des majorités sur tel ou tel texte. Même si lui non plus ne pourra pas échapper au recours au 49.3 pour faire voter le budget. En revanche, il pourrait ne pas être aussi éphémère qu’attendu. Pour le faire tomber, il faudrait, en effet, le vote d’une motion de censure, réunissant, par exemple, les voix des macronistes et du RN. Improbable, d’autant que ces forces politiques n’ont pas besoin d’une nouvelle crise pour préparer la présidentielle de 2027, leur nouvel objectif.
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Publish date : 2024-07-08 16:04:00
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