Énorme surprise pour la coalition NFP qui vire en tête mais qui ne dispose cependant que d’une très faible latitude pour gouverner.
Le Nouveau Front populaire (NFP) avait une mission : empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir. De ce point de vue, la coalition de gauche, créée dans l’urgence, en 24 heures, au lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, a largement rempli son contrat. En allant même très au-delà.
En devenant la première force politique du pays, le NFP a créé une énorme surprise. Ainsi que beaucoup d’espoirs. Mais n’a pas levé tous les doutes dans cette union hétéroclite, dominée par des insoumis souvent vilipendés par toutes les oppositions : « Nous sommes en tête, mais on est dans une Assemblée divisée, a reconnu Raphaël Glucksmann (Place publique). Et donc, il va falloir se comporter en adulte. »
Des fissures dans la coalition
Avec 182 à 193 sièges, le NFPreste loin des 289 parlementaires nécessaires pour gouverner la France.Loin de la majorité absolue.Avec une majorité relative également fragile.Davantage que celle de Gabriel Attal. Et ce, même si l’insoumise Clémentine Autain se félicitait du « sursaut », promettant de « faire différemment » et de « faire infiniment mieux », l’équation semble insoluble.
Car le plus dur commence pour ce Nouveau Front populaire dont l’accord électoral reste précaire.Qui va devoir lever les doutes sur les fissures observées avec La France insoumise qui a fait élire des parlementaires d’extrême gauche, à l’instar de Raphaël Arnault élu dans le Vaucluse et connu pour être fiché S.
Pas de main tendue vers le centre
Des différences béantes dans cette gauche recomposée. « Les Français demandent de l’attention, du respect et non du bruit, de la fureur ou du mépris », résume la présidente de la Région Occitanie Carole Delga en pointant le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon. Ce qui n’a pas empêché ce dernier de prendre la parole encore le premier dimanche soir et d’exiger du Président qu’il « s’incline » et qu’il « appelle le Nouveau Front populaire à gouverner ».
Un NFP qui devra appliquer son programme commun, comme l’a confirmé Olivier Faure, patron du Parti socialiste, en éludant toute recomposition ou main tendue vers le centre.Une possible union confirmée par la figure montante de la gauche française, Marine Tondelier.L’écologiste a décliné l’idée d’un rapprochement s’il n’y a pas « un projet dans lequel il y a l’abrogation de la réforme des retraites ou le smic à 1 600 € ». Une fermeté qui promet d’importantes difficultés.
François Ruffin : « Une dernière chance offerte »
Et toujours sans dire qui va diriger ce gouvernement qui va le mettre en œuvre.Alors que le NFPa toujours refusé de nommer celui qui serait Premier ministre en cas de victoire.Dimanche soir, sur les plateaux de télé, pas un nom n’a émergé.Même Jean-Luc Mélenchon n’a pas exigé que ce soit lui mais a suggéré que ce soit un insoumis arrivé en tête avec 76 à 81 sièges pour LFI, 64 à 67 pour le PS et 33 à 35 pour les écologistes.
Les grandes manœuvres n’ont pas tardé. Dès dimanche soir, les principales composantes du Nouveau Front populaire (LFI, PS, PCFet EELV) se sont réunies pour décider de la stratégie à tenir. Certes, le NFP a très largement bénéficié du front républicain mais avait consenti le plus lourd tribut à cet arc républicain en procédant à 130 désistements sur 220 triangulaires possibles. Offrant de nombreuses circonscriptions à la majorité présidentielle. Mais écartant la menace du RN, dont la dynamique s’est largement inversée depuis dimanche dernier. Une menace qui s’éloigne pour un temps seulement, comme le souligne François Ruffin, réélu dans la Somme sans le soutien de LFI, qui a bien résumé la situation : « Les électeurs nous laissent une dernière chance pour la France », a-t-il estimé en demandant à « transformer la colère en espérance, nous devons apaiser et non brutaliser ».
A voir s’il sera entendu dans les jours houleux à venir dans un climat d’incertitudes et de passions intactes…
Mélenchon : « Faire appliquer notre programme »
Le Nouveau Front populaire peut-il gouverner depuis sa coalition ? Peut-il durer dans sa diversité, dans ses différences, ses désaccords et son hétérogénéité ? Avec moins de 200 députés, la coalition des insoumis, des socialistes, des communistes et des écologistes va-t-elle pouvoir mettre en œuvre un programme à 250 milliards d’euros ? Ce programme bâti en quatre jours et quatre nuits destiné à gouverner la France pour les cent jours à venir.Celui qui prévoit d’abroger dès cet été la réforme des retraites et son départ à l’âge de 64 ans, et de rehausser le salaire minimum à 1 600 € ? Une majorité de projets peut-elle réussir avec cette courte majorité à moins de 200 députés quand la majorité présidentielle a échoué avec 50 de plus ?
Et pourtant, Jean-Luc Mélenchon l’a asséné dimanche soir : « Ce sera le programme du Nouveau Front populaire, tout le programme rien que le programme du Nouveau Front populaire. » Manuel Bompard ne le dit pas autrement : « Nous pouvons gouverner et faire appliquer le programme du NFP. » Mais une affirmation ne devient pas une vérité par incantation.Surtout quand les socialistes restent aussi discrets sur leurs intentions pour l’avenir.Et ce, même si Raquel Garrido, insoumise dissidente, rappelle que « nous serons unis et dignes. Dignes car unis ». Cela reste à démontrer dans les jours à venir.
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Publish date : 2024-07-08 14:09:00
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