A l’image de l’Assemblée nationale, le département de Seine-Maritime présente un large éventail d’élus allant de la France insoumise (LFI) jusqu’au Rassemblement national (RN), avec dans le détail cinq circonscriptions remportées par les représentants du Nouveau Front populaire, trois par des candidats de l’(ex)-majorité présidentielle et deux par ceux du RN. Avec une certaine stabilité puisque 7 députés sortants ont été reconduits dans leur fonction. Et au final, ni de franche victoire, ni de réelle défaite pour les forces en présence pour ce scrutin où le score de la participation (67,68 %) est supérieur d’un point par rapport au niveau national.
Car si la gauche décroche cinq sièges au Palais-Bourbon, c’est autant qu’en 2022. Avec tout de même une belle prise dans son escarcelle, celle de la 1re circonscription (celle de Rouen) avec la large victoire (51,23 %) de Florence Hérouin-Léautey (PS) qui reprend au candidat macroniste Damien Adam ce territoire perdu en 2017. La validation d’une stratégie, portée par le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol qui a pesé de tout son poids dans ce scrutin en étant le suppléant de son adjointe et surtout en évitant qu’un candidat LFI ne soit investi pour mener bataille.
« Sur le terrain, j’ai clairement ressenti un rejet de la politique d’Emmanuel Macron », assure la nouvelle députée socialiste. « Cette victoire, c’est d’abord cela. Et même si au final, son groupe parlementaire ne s’est pas effondré, il ne faut pas qu’il oublie que c’est grâce aux forces de gauche qui ont joué le jeu entre les deux tours pour faire barrage au RN qu’il obtient ce résultat. Il l’a déjà oublié par deux fois, lors des présidentielles. J’espère qu’aujourd’hui la macronie en tirera les leçons ».
Et si Florence Hérouin-Léautey se félicite de voir le succès du Nouveau Front populaire, elle n’oublie pas que l’extrême droite a de nouveau progressé en France. Et dans le département comme le prouve la défaite du communiste Sébastien Jumel face à au RN Patrice Martin dans la 6e. Un véritable coup de tonnerre. « Un exploit », selon le tout nouveau député qui avait été sèchement battu en 2022. L’ancien maire de Dieppe, qui entre les deux tours a reçu une longue liste de soutiens allant jusqu’au LR Xavier Bertrand, n’a donc pas pu rattraper ses 10 points de retard face à l’agriculteur du pays de Bray qui a lui pu compter sur de nombreuses voix dans les communes rurales d’un vaste secteur qui va du littoral dieppois jusqu’à la vallée de la Bresle en passant par le pays de Bray où il est implanté.
C’est d’ailleurs dans une autre campagne, celle du pays de Caux, que Robert Le Bourgeois (RN) s’impose lui aussi face au candidat du camp présidentiel Xavier Batut avec 51,66 % des suffrages. Ce fidèle du parti de Marine Le Pen, diplômé de Sciences-po, avait par le passé déjà été élu régional il y a une vingtaine d’années. Mais ce n’est que récemment qu’il a choisi de faire son retour en politique sur des terres, le secteur de Luneray, où son père était agriculteur. Sa victoire, moins large que ne lui prédisait sa confortable avance du 1er tour, envoie donc deux députés RN seinomarins à l’Assemblée, une première depuis 1986 et l’élection à la proportionnelle qui avait conduit le FN Dominique Chaboche dans l’hémicycle.
« Il y a une progression globale et générale de notre parti en Seine-Maritime, c’est indéniable. Sur des terres parfois hostiles », remarque d’ailleurs Guillaume Pennelle, le responsable départemental RN. En cumulant près de 240 000 voix sur les dix circonscriptions – où il était présent partout au second tour -, son parti fait plus que doubler son nombre de suffrages en deux ans. Et pourtant, l’ancien élu rouennais ne peut cacher une certaine déception.
Personnelle d’une part en ayant été battu par l’Insoumise Alma Dufour dans la 4e (52,51 % contre 47,49 %) où « l’alliance contre-nature d’une carpe et d’un lapin a visiblement fonctionné. Même si le désistement du candidat Horizons, Laurent Bonnaterre, qui a appelé à voter pour la représentante de Jean-Luc Mélenchon n’a aucun sens… ».
Et plus générale, puisque son parti aurait pu espérer décrocher également la 9e circonscription où Agnès Poussier-Winsback (Horizons) a réussi à déjouer les pronostics et un ballottage défavorable en s’imposant d’une très courte tête face à Douglas Potier, arrivé seulement 428 voix derrière elle. Dans la soirée, l’ancienne maire de Fécamp a d’ailleurs souligné sur France 3 qu’elle mesurait « la colère qui s’était exprimée » et qu’elle devait remercier « tous ceux qui entre le premier et le deuxième tour se sont mobilisés alors qu’ils n’avaient pas voté pour moi au 1er tour ».
Ailleurs, entre barrage républicain et ancrage territorial, les communistes Jean-Paul Lecoq (dans la 8e) et Edouard Bénard (dans la 3e) se sont facilement imposés (63,08 % pour le premier et 66,88 % pour le second), tout comme Annie Vidal (Ensemble) et Agnès Firmin-Le Bodo (Horizons) qui l’emportent avec une marge confortable (59,92 % dans la 2e circonscription et 66,18 % dans la 7e).
Enfin, le socialiste Gérard Leseul, avec 51,69 % conserve dans la 5e son siège à l’Assemblée face au RN Jean-Cyril Montier, mais avec 4 points de moins qu’en 2022.
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Publish date : 2024-07-08 10:54:00
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