S’appuyant sur les chiffres du dépouillement avant 23 heures, des commentateurs ont déploré que le NFP ait plus de députés élus avec 5,1 millions de voix alors que le RN et ses alliés cumulaient à 9,3 millions de votes. Mais ces chiffres ne correspondent pas au décompte définitif et masquent le fait que l’extrême droite présentait beaucoup plus de candidats au second tour.
Il est minuit passé, dans la nuit électorale de dimanche à lundi, quand l’éditorialiste Eric Brunet évoque sur LCI ce qu’il croit être une anomalie. «Je voudrais quand même dire, je ne pense qu’à ça moi… Je pense à l’état de stupéfaction des électeurs français. Vous savez qu’aujourd’hui il y a 9 300 000 Français qui ont voté Rassemblement national. Et il y a eu 5 100 000 votes pour le Nouveau Front populaire. […] Il y a probablement, à cette minute, des gens qui nous regardent et qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. Méfions-nous, parce que cette incompréhension peut susciter beaucoup de réactions un peu épidermiques dans la semaine à venir.»
Ce même chiffre est cité par le média d’extrême droite, Frontières (ex-Livre noir) dans un message posté après minuit sur le réseau social X. Sans commentaire, ils présentent ces résultats : 9,3 millions d’électeurs pour le «Rassemblement national + Ciotti» contre 5,1 millions pour le «Front Polulaire» (sic) représentés sur des diagrammes, où le président du RN, Jordan Bardella, apparaît deux fois plus grand que Jean-Luc Mélenchon.
Pourtant, à la lecture du décompte officiel du ministère de l’Intérieur, les informations d’Eric Brunet et de Frontières apparaissent fausses, puisqu’elles sous-estiment le bloc de gauche. D’après ces résultats définitifs, l’union de la gauche a obtenu 7 005 564 voix, contre 8 745 165 pour le Rassemblement national et 1 365 039 pour l’Union de l’extrême droite, la terminologie choisie par le ministère de l’Intérieur pour désigner les candidats issus de l’alliance formée par Eric Ciotti et soutenus par le RN.
Au total, le bloc d’extrême droite obtient donc 10 110 204 votes contre 7 005 564 voix pour les candidats du NFP.
La différence de chiffres s’explique par le fait que tous les bulletins n’avaient pas encore été totalement dépouillés quand Eric Brunet et Frontières annonçaient l’alliance d’extrême droite à 9,3 millions de voix. Une capture d’écran du site de BFM TV montre que les données citées par Eric Brunet correspondaient aux résultats disponibles avant 23 heures, quand environ 75 % des bulletins avaient été comptabilisés.
Le décompte des votes des Français vivant dans les grandes villes ou à l’étranger est tombé après 23 heures et a permis au bloc de gauche d’engranger plus de voix.
En sièges le NFP (LFI+NPA+EELV+PS+Place Publique) arrive en tête, devant le groupe Ensemble (Rennaissance+Modem+Horizons) qui arrive lui même devant le nombre de sièges du RN (RN+LR-Ciotti).
En voix (à 75 % des résultats comptabilisés) le RN arrive largement en tête avec plus de… https://t.co/NpFU96U2xc pic.twitter.com/tYCMddq5J2
— Kâplan (@KaplanBen_Fr) July 7, 2024
Reste que selon les résultats définitifs, le RN et ses alliés obtiennent 142 sièges contre 178 pour le Nouveau Front populaire, alors que l’extrême droite a obtenu plus de suffrages.
Cela s’explique facilement par le nombre de candidats maintenus au second tour pour chaque formation. Le Rassemblement national et ses alliés étaient beaucoup plus présents au second tour, puisque 127 candidats du NFP se sont désistés. Seuls 4 candidats d’extrême droite qualifiés au second tour y ont renoncé. Logiquement, les électeurs ont pu voter plus souvent pour le RN et ses alliés puisqu’ils présentaient plus de candidats. Selon un décompte du Monde, 335 candidats du NFP et alliés se sont maintenus au second tour, contre 482 candidats du RN et alliés.
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Publish date : 2024-07-08 17:40:43
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