Pas question de se précipiter : « On n’a pas besoin d’avoir un nouveau gouvernement nommé cette semaine, on est dans aucun des scénarios des cohabitations précédentes, on a tout à inventer », souligne la sénatrice socialiste Corinne Narassiguin. « On va prendre le temps qu’il faut […] et faire les choses étape par étape », a également tempéré Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise.
« Aucune compromission »
Dimanche soir, toutes les formations l’ont répété : ce sera sur le programme du Nouveau Front populaire, fort de ses quelque 190 élus, que doit se baser le projet du nouveau gouvernement. Avec en ligne de mire l’abrogation de la réforme des retraites, de la loi immigration et de la réforme de l’assurance chômage, mais aussi des mesures sur le pouvoir d’achat, comme le smic à 1 600 euros net, pour les services publics, et « la question de la sécurité », assurent les socialistes. L’augmentation du smic se fera « par décret », a promis Jean-Luc Mélenchon.
« Aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable », a encore martelé le leader insoumis, refusant « d’entrer dans des négociations » avec le parti présidentiel. « Nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires », a ajouté le patron du PS Olivier Faure. « Il n’y aura aucune compromission ou combinaison contre nature », confirme Sébastien Vincini, secrétaire national du PS. Face aux rumeurs d’une coalition entre le camp présidentiel et la frange la plus modérée du Nouveau Front populaire, un cadre insoumis s’agace : « les macronistes tentent de nous voler la victoire et de faire une coalition ». « Il faut que le président de la République nous contacte », ajoutait dimanche soir cette source.
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Mais même le maire socialiste de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, qui était un fervent opposant au mariage avec les Insoumis au sein de l’ancienne alliance Nupes, l’assure : « il n’y a pas besoin de faire sans » LFI. « La Nupes c’est terminé, LFI n’est pas majoritaire », assure-t-il. En effet, si au sein du Nouveau Front populaire les Insoumis sont le parti qui compte le plus d’élus (environ 75), leur poids est à relativiser : ensemble, les socialistes, les communistes et les écologistes seront plus nombreux qu’eux. Sans compter les « frondeurs » qui ont consommé la rupture avec la direction insoumise.
« Élargir notre majorité »
Concernant la capacité de la coalition à gouverner, le chercheur du Cevipof, Martial Foucault, reste dubitatif : « ça reste un groupe minoritaire, une coalition de partis qui arrive première avec moins de 200 sièges ». « Les termes, de ce que certains appellent l’apaisement, réparer une France abimée, donner un cap politique qui répare, me semblent mal partis quand on indique que ce sera le programme et rien d’autre. Ça va prendre beaucoup de temps pour y voir clair sur un gouvernement de coalition », ajoute le politologue.
Message reçu du côté des communistes. « Nous allons devoir, sur bon nombre de sujets, élargir notre majorité parce qu’elle ne suffira pas autrement », reconnaît le porte-parole du parti, le sénateur de Paris Ian Brossat. Même analyse de la part de l’écologiste Yannick Jadot : « Il nous revient de construire des majorités autour de notre projet ». « Nous ne sommes pas dans une situation de confort total », a reconnu Olivier Faure, le patron des socialistes, qui prévoit des « obstacles nombreux », « l’opposition des lobbies » et « de ceux qui vont voir leurs privilèges s’estomper ».
Quel Premier ministre ?
Et le premier écueil sur lequel le Nouveau Front populaire risque de s’échouer sera celui de l’incarnation. Qui pourrait être désigné Premier ministre ? « La question est prématurée », assure Sébastien Vincini. Les Insoumis persistent dans l’idée que c’est au groupe majoritaire de proposer un nom. Les autres penchent pour une décision collective des députés de l’alliance, Jean-Luc Mélenchon étant devenu une figure trop clivante et urticante, même au sein d’une partie de la gauche.
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Publish date : 2024-07-08 05:01:17
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