« Siamo tutti anti-fascisti ! » À trois heures du matin, dans la cour d’honneur du Palais des papes, 2 000 personnes se lèvent en cadence et entonnent, les bras en Y, le célèbre chant italien : « Nous sommes tous des antifascistes. » De la CGT Spectacles à la Comédie-Française en passant par JoeyStarr qui se livre à une critique virulente de l’Histoire coloniale de la France, toutes les nuances de la gauche culturelle sont présentes, en plein Festival d’Avignon, pour « faire barrage à l’extrême droite ».
La maire d’Avignon, Cécile Helle, prévoyait de faire de ce grand moment d’« unité de la culture contre le fascisme » le dernier grand meeting de campagne du candidat qu’elle soutenait initialement, Philippe Pascal, dissident du Nouveau Front populaire soutenu par le PS, le PCF, les Écologistes. Mais le lanceur d’alerte, figure du milieu associatif local, n’est pas parvenu à se qualifier au second tour, distancé de six points par l’antifa LFI Raphaël Arnault, « fiché S », parachuté dans une circonscription qu’il découvre. Madame le Maire appelle à voter pour faire barrage à « l’extrême droite », sans jamais prononcer son nom.
La candidate Renaissance, Malika Di Fraja, arrivée en 4e position refuse de soutenir l’Insoumis au nom du front républicain : « Je ne donne aucune consigne de vote. Je plains les électeurs qui devront prendre une décision dimanche. »
La candidate RN, Catherine Jaouen, met en avant son ancrage local, son expérience du terrain. « Avignon s’est dégradée, nous vivons l’augmentation de l’insécurité. Il n’y a même pas de lieu en ville pour accueillir les sans-abri », déplore celle qui affronte Raphaël Arnault au second tour. Candidate de « l’Union nationale », elle n’a qu’un seul message : « Si vous ne voulez pas envoyer un fiché S à l’Assemblée nationale, votez Catherine Jaouen », lit-on sur les autocollants qui recouvrent les affiches de son opposant. L’ambiance est tendue. Catherine Jaouen a reçu des menaces physiques et verbales, son immeuble a été tagué. « Je n’ai jamais vécu une telle radicalisation de l’ultragauche. Ils nous font devenir paranos, c’est leur but », assure la candidate RN qui a dû recourir aux services de deux agents de sécurité pour assurer sa protection.
De l’autre côté du front électoral, la vigilance aussi est de rigueur. À la « fête populaire », vendredi soir, le service d’ordre de La France insoumise, constitué pour l’essentiel d’éléments antifas, est sur les dents. Filtrages et contrôles systématiques. « On sait qu’on peut subir des infiltrations, la campagne est sans merci », justifie Martin, l’un des gros bras postés à l’entrée.
La suite après cette publicité
« Je n’ai jamais vécu une telle radicalisation de l’ultragauche »
Raphaël Arnault, sur scène, apparaît aimable, avenant. Le beau gosse mise sur son sourire enjôleur, pour gommer son profil clivant. Il pose d’ailleurs sur les réseaux sociaux, un chaton dans les bras : « Si vous nous envoyez à l’Assemblée, on s’occupera du pays comme de lui. » En public, il s’échine à rassurer : « Mon programme n’a rien de révolutionnaire », martèle-t-il.
Pétrifié par la violence du duel entre le RN et le NFP, l’électorat du « bloc central » venu assisté à cette tragédie politique sur la scène du festival, devra dimanche, trancher cet impossible dilemme.
Source link : https://www.lejdd.fr/politique/legislatives-raphael-arnault-le-fiche-s-qui-fragilise-le-front-republicain-147200
Author :
Publish date : 2024-07-07 09:35:05
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.