À l’issue du second tour des élections législatives, les cartes ont été redistribuées.
La journée électorale s’est conclue avec une participation record, la plus élevée depuis 1997. Le taux de participation s’est établi à 67 %, contre 56,2 % lors des précédentes élections législatives en 2022, où à peine deux Français sur cinq s’étaient rendus aux urnes.
Mais surtout, l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (qui va du NPA au Parti Radical de Gauche) s’impose et surpasse les macronistes ainsi que le Rassemblement national dont la progression semble avoir été largement freinée par les appels au « barrage républicain », les désistements (210 au total entre les deux tours) et les reports de voix en faveur du NFP et du camp présidentiel. De fait, les rêves de Jordan Bardella de devenir Premier ministre et du parti de la flamme d’accéder au pouvoir s’effondrent.
Selon les premières estimations des instituts de sondage Ifop et Ipsos, le Nouveau Front populaire pourrait devenir la première force politique au Palais Bourbon en obtenant entre 172 et 215 sièges contre 150 à 180 pour la majorité présidentielle et 120 à 152 pour le Rassemblement national. En tout état de cause, le bloc de gauche et l’extrême droite affichent une forte progression en nombre de sièges à l’Assemblée nationale, là où le camp présidentiel parvient à sauver les meubles.
Pour autant, aucun de ces blocs n’atteint la majorité absolue, fixée à 289 députés pour espérer former un gouvernement. Une absence de majorité claire qui plonge le pays dans la plus grande incertitude.
Le Premier ministre Gabriel Attal a d’ores et déjà déclaré vouloir remettre sa démission au président de la République au lendemain du scrutin, actant de fait la déroute de l’ancienne majorité présidentielle : « Je ne me résoudrai jamais à ce que l’Assemblée soit scindée en trois blocs, en particulier ce soir où le Rassemblement national obtient des scores historiques », a-t-il déclaré sur le parvis de l’Hôtel de Matignon dimanche soir.
Coalition à l’horizon ?
Dès lors, la question des alliances va se poser pour espérer voir émerger un groupe majoritaire au sein de l’hémicycle du Palais Bourbon. « Il faut un projet cohérent et solide, il ne peut pas être le fait d’un homme seul ou d’un petit groupe d’experts », a déclaré en conférence de presse l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Et ce dernier d’ajouter : « J’invite ceux qui veulent participer à la reconstruction d’un espoir ».
Il y a quelques jours, le maire du Havre avait appelé à une alliance allant des communistes aux Républicains, excluant ainsi La France insoumise de l’équation.
Pour autant, dès l’annonce des résultats, certaines voix à gauche ont laissé entendre qu’elles allaient « gouverner » comme a pu le déclarer la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier. En outre, la prise de parole du leader de la France insoumise ne s’est pas fait attendre. Pour Jean-Luc Mélenchon, « la volonté du peuple doit être strictement respectée », ajoutant qu’ « aucun arrangement ne serait acceptable (…), la défaite du président de la République est clairement confirmée, il doit l’admettre ». La question est désormais de savoir si l’alliance à gauche résistera aux appels du pied des centristes.
Du côté des Républicains, le parti annonce par la voix de Laurent Wauquiez qu' »il n’y aura ni coalition ni compromission ». Le président contesté des Républicains depuis son alliance avec le Rassemblement national, Éric Ciotti, a quant à lui dénoncé dimanche « une alliance de la honte » qui a donné « le pouvoir à l’extrême gauche » en évoquant les appels au barrage républicain contre le Rassemblement national.
Le gouvernement technique : une solution ?
Alors face au risque de blocage, la solution pourrait-elle venir d’un « gouvernement technique » ? Formés principalement de technocrates ou d’experts non politiques, ces gouvernements sont généralement mis en place dans le cadre de situations de crise politique, économique ou sociale. Ils sont appelés à prendre des mesures spécifiques pour stabiliser la situation sans être influencés par les intérêts partisans habituels.
Pour trouver des précédents historiques en France, il faut remonter à la présidence de Patrice de Mac Mahon sous la IIIe République en 1877. Des polytechniciens avaient alors été nommés dans ce gouvernement avant d’être rapidement renversés par une motion de censure de l’Assemblée nationale. À l’étranger, la formation d’un tel gouvernement avait sauvé l’Italie de la crise de la dette en 2011. Mais pour qu’une telle situation puisse voir le jour, il faudra qu’un consensus sur des personnalités soit établi, notamment pour le poste de Premier ministre.
Macron pourrait prendre la parole ce mardi 9 juillet
Mais pour l’instant, le locataire de l’Élysée semble avoir fait le choix de la tempérance.
À la vue des résultats anticipés, Emmanuel Macron a déclaré vouloir attendre la « structuration » de l’Assemblée nationale avant d’agir. Et tandis que la France s’apprête à accueillir dans moins de 18 jours les Jeux olympiques, Gabriel Attal a précisé lors de sa prise de parole vouloir assumer ses fonctions « aussi longtemps que le devoir l’exigera ».
Une prise de parole du chef de l’État pourrait avoir lieu d’ici mardi soir (information France Télévisions).
En conséquence, les prochains jours et la semaine à venir seront marqués par d’intenses tractations politiques pour les postes clés de l’Assemblée, comme celui de président de l’Assemblée nationale. L’ouverture de la 17e législature de la Ve République qui verra les nouveaux députés faire leur entrée dans l’hémicycle, se déroulera le 18 juillet prochain. Elle débutera notamment par la formation des différents groupes politiques.
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Publish date : 2024-07-07 22:17:35
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