Quelques minutes à peine après 20 heures et la révélation des premières estimations de résultats ( complets ici**), le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a invité Emmanuel Macron à « s’incliner et accepter sa défaite » et à charger l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP). « On a arraché un résultat qu’on nous disait impossible », s’est-il félicité, estimant que « le Premier ministre doit s’en aller ».
Comment interpréter sa déclaration, sur le fond comme sur la forme ? Et surtout, quelle analyse en tirer sur la gouvernance possible de l’union de la gauche, au-delà des divergences qui composent le Nouveau Front populaire (NFP) ? Réponses des invités de notre soirée spéciale.
Émission spéciale Écouter plus tard
Lecture écouter 2h 03
Intimider les autres composantes de la gauche
Pour le professeur d’histoire et de sociologie politique Marc Lazar, tout comme au soir du premier tour des élections législatives la semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon « prend la parole et empêche les autres composantes du nouveau Front populaire d’intervenir. Deuxièmement, il veut démontrer que c’est lui qui est le capitaine, le chef de cet ensemble. Il dicte ses conditions au président de la République. Il sait très bien qu’il n’a pas la majorité absolue pour cette coalition. »
Que veut donc, au fond, prouver Jean-Luc Mélenchon par cette prise de parole ? Pour Marc Lazar, le chef de La France insoumise (LFI) veut « intimider toutes les autres composantes de la gauche qui seraient tentés éventuellement d’accepter une proposition venue du président de la République. C’est clair et net : le message est ‘on reste unis, on reste groupés, mais aux conditions du programme du nouveau Front populaire et avec comme leader Jean-Luc Mélenchon’. Donc il place tout de suite, il prend l’offensive, et il dicte ses conditions. Je crois que ce n’est évidemment pas simplement l’intention du président de la République. C’est aussi à l’attention de ses alliés. »
Le Billet politique Écouter plus tard
Lecture écouter 4 min
La tentation présidentialiste, ou le passage à l’âge adulte
Pour le haut-fonctionnaire David Djaïz, cette prise de parole dénote d’une tentation présidentialiste de la part de Jean-Luc Mélenchon. Or l’enjeu fondamental de l’Assemblée à venir, est, selon l’essayiste, l’occasion pour la vie politique française de passer à l’âge de raison, voire à l’âge adulte. « Ce que le résultat de ce soir nous montre, c’est qu’il n’y a pas un bloc qui peut gouverner seul, analyse-t-il. Le Rassemblement national (RN) est très loin derrière ce que les dernières projections nous prédisaient. On voit que la gauche sort assez largement gagnante de ce scrutin, mais elle est traversée par des divergences de fond. Le camp présidentiel résiste plutôt bien. »
« Et donc, inévitablement, si on veut former un gouvernement avec un minimum de stabilité, il faudra entrer dans des négociations, poursuit le haut fonctionnaire. Et c’est peut être une opportunité pour la démocratie française de passer à l’âge adulte et de sortir du bonapartisme. Mais ça suppose que les dirigeants de la gauche notamment prennent clairement leurs distances avec la figure un peu toxique de Jean-Luc Mélenchon, qui a essayé de faire un hold-up sur la relative victoire du Front populaire ce soir. »
Jouer contre son camp
Pour la constitutionnaliste Marie-Anne Cohendet, Jean-Luc Mélenchon se comporterait « en adulte », en réalisant que le nombre de sièges qu’il faut avoir pour renverser le gouvernement est de 289. « Donc vouloir imposer à toute force un gouvernement minoritaire, replié sur lui-même, qui ne pourrait pas trouver d’alliance ou au moins de soutien des autres, ce n’est pas très raisonnable. On a l’impression qu’il joue contre son camp. Et il veut une nouvelle fois se placer à la tête de ce Nouveau Front populaire. Alors que le contrat d’alliance dans ce Front populaire, était qu’il n’est pas question que Monsieur Mélenchon soit Premier ministre. »
Le Billet politique Écouter plus tard
Lecture écouter 4 min
Source link : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/emission-speciale/jean-luc-melenchon-pose-ses-conditions-apres-une-victoire-du-nouveau-front-populaire-sans-majorite-9708812
Author :
Publish date : 2024-07-07 22:04:46
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.