Dans le Médoc, le second tour de ces élections législatives verra s’affronter le député sortant RN Grégoire de Fournas et Pascale Got, la candidate PS du Nouveau Front populaire. Le retrait de Stéphane Sence, le candidat du parti Horizons, qui était parvenu à se qualifier pour une triangulaire, est venu rajouter du « piment » et de l’incertitude à ce duel. Lundi 1er juillet, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, il a appelé « à ne donner aucune voix au RN », mais sans jamais citer le nom de l’opposante. Dans cette 5ecirconscription de la Gironde, la bataille va être serrée. Avec 42,32 % des suffrages…
Dans le Médoc, le second tour de ces élections législatives verra s’affronter le député sortant RN Grégoire de Fournas et Pascale Got, la candidate PS du Nouveau Front populaire. Le retrait de Stéphane Sence, le candidat du parti Horizons, qui était parvenu à se qualifier pour une triangulaire, est venu rajouter du « piment » et de l’incertitude à ce duel. Lundi 1er juillet, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, il a appelé « à ne donner aucune voix au RN », mais sans jamais citer le nom de l’opposante. Dans cette 5e circonscription de la Gironde, la bataille va être serrée. Avec 42,32 % des suffrages (35 457 voix), Grégoire de Fournas dispose d’une avance de 8 826 bulletins sur Pascale Got, qui a obtenu au premier tour 31,79 % (26 631). Si l’écart est important, les 15 576 voix du centriste Stéphane Sence pourraient peser lourd dans cette lutte finale, mais à condition que la consigne de vote soit respectée et que la mobilisation reste forte au second tour.
L’inquiétude du monde de la culture
Pascale Got, qui a été députée dans cette même circonscription (de 2007 à 2017), est connue pour sa capacité à réaliser ce que le milieu footballistique appelle une « remontada ». En 2007, la représentante socialiste, qui disputait ses premières élections législatives, avait créé la surprise en coiffant sur le poteau le député UMP Jean-François Régère. Il disposait pourtant d’une avance de 6 382 voix au premier tour. En 2017, Benoît Simian, candidat La République en marche, n’avait gagné son siège de député du Médoc que d’un cheveu. Entre le premier et le second tour, Pascale Got était parvenue à progresser de 10 000 bulletins. Même si le contexte politique n’est plus le même qu’il y a sept ans, le candidat RN sait qu’il devra se battre jusqu’à la dernière seconde de cette finale.
Dans cette circonscription du Médoc, Pascale Got, qui est conseillère départementale du canton Sud-Médoc et vice-présidente du Département de la Gironde, peut s’appuyer sur un réseau solide. De nombreux élus locaux lui ont apporté un soutien. Elle fait d’ailleurs équipe avec Véronique Ferreira. La maire Divers gauche de Blanquefort, ville de 16 000 habitants, a accepté d’être sa suppléante. Mardi 2 juillet après-midi, le binôme est allé à la rencontre des acteurs culturels et éducatifs de cette petite ville, située à cheval entre la métropole de Bordeaux et le territoire plus rural du Médoc.
À Blanquefort, Pascale Got (à droite) et Véronique Ferreira à la rencontre des acteurs éducatifs, qui s’inquiètent de voir le RN accéder au pouvoir.
J. L.
« Il n’y a plus de respect »
Dans cette commune, acquise à la gauche, Grégoire de Fournas a réalisé 31,53 % (2 673) des suffrages au premier tour des élections législatives, contre 40,66 % (3 447) pour Pascale Got. Les électeurs proches de la socialiste ne cachent pas leur inquiétude. « Dans les échanges, on observe que les gens ont des avis plus tranchés. Il y a l’impact des réseaux sociaux qui se fait sentir. Il y a trop de contrevérités qui circulent. C’est un poison ! » lance Marie Deloupy, la directrice du cinéma local Les Colonnes. Pour elle, l’accession du RN au pouvoir aurait pour conséquence « de fragiliser fortement le monde de la culture et du spectacle. S’il faut résister, on résistera ! » Samuel Nunes, le directeur de l’association ABCS, structure engagée dans l’éducation populaire, est dans le même état d’esprit. « Le RN, c’est le repli ! » dit-il.
« On le voit bien avec tous ces faits divers qui sont repris par les médias. C’est la peur qui fait voter RN ! »
Dans le parc situé en face du Pôle jeunesse, Pascal, 60 ans, se dit révolté. « On le voit bien avec tous ces faits divers qui sont repris par les médias. C’est la peur qui fait voter RN ! » Alors que Grégoire de Fournas attaque Pascale Got sur son étiquette Nouveau Front populaire et « le risque de voir l’arrivée de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon au pouvoir », l’ancienne députée veut rassurer les électeurs centristes. « Je suis une socialiste modérée, qui a toujours été fidèle à sa famille politique. Les gens connaissent mon travail sur le terrain. Tout le monde sait où je suis. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qui a pu se passer chez LFI. »
Pour Grégoire de Fournas, qui faisait campagne au même moment sur les quais de Pauillac, une commune estuarienne située dans le canton Nord Médoc, et largement acquise au RN avec plus de 53 % des suffrages, « la seule alternative est de donner une majorité absolue à Jordan Bardella pour qu’il puisse répondre aux priorités des Français ». À ses côtés, Régine, une militante âgée de 68 ans, résume ainsi les choses. « Aujourd’hui, nous voulons du changement. Macron n’a pas aidé les gens qui méritaient de l’être. Je ne suis pas raciste. Mes parents sont d’origine portugaise. Leur génération s’est parfaitement intégrée à leur arrivée en France. Aujourd’hui, il n’y a plus ce respect. Il est temps de remettre de l’ordre ! » À Pauillac, comme dans d’autres communes plus rurales du Médoc, l’accueil réservé au candidat frontiste est bien moins glacial qu’il y a quelques années. Tout en distribuant ses affichettes de campagne, Grégoire de Fournas prend la pose avec un électeur voulant figurer la photo. Dans le Médoc, le RN poursuit son ancrage.
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Publish date : 2024-07-03 05:30:00
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