Mais cette amélioration cache un autre constat : ce rassemblement à gauche n’a pas réussi à menacer le score du rassemblement… à l’extrême droite. Le Nouveau Front populaire n’a recueilli « que » 28 % des suffrages, contre 33,1 % pour l’union RN-LR ciottiste. Certes, la gauche fait légèrement mieux qu’en 2022 (elle avait totalisé alors 25 % des voix), « mais ça ne permet pas de tutoyer l’étiage d’un groupe d’opposition très fort », note Martial Foucault, du Cevipof, même si les projections pourraient changer en fonction des désistements des macronistes entre les deux tours.
« L’hypothèse que Jean-Luc Mélenchon soit Premier ministre d’une coalition a pu rebuter un certain nombre d’électeurs de gauche », ajoute l’expert. Est-ce à dire que certains partis composant le Nouveau Front populaire auraient mieux fait de faire cavalier seul, sans entrer dans la coalition ? Il est impossible aujourd’hui de répondre à la question.
Chez les Insoumis, un peu plus candidats qualifiés malgré moins de circonscriptions
Reste un constat : les Insoumis sortent gagnants de la coalition sur deux points. Grâce à un fort taux de participation et au principe du candidat unique à gauche, ils ont pu faire élire dès le premier tour 20 de leurs candidats : Éric Coquerel, Sophia Chikirou, Danièle Obono, Aymeric Caron, Manuel Bompard… Bien plus qu’en 2022, où seulement quatre avaient été élus dès le premier tour avec la Nupes.
Et alors que le parti mélenchoniste a obtenu moins de circonscriptions au cours des négociations cette année, même s’il en a eu le plus par rapport aux autres (42 % des circonscriptions de l’alliance, contre 60 % en 2022), il arrive néanmoins à qualifier au second tour davantage de ses candidats (71 % candidats LFI qualifiés, contre 67 % en 2022 avec la Nupes). 163 Insoumis sont ainsi en lice pour le second tour (avant désistement).
Chez les écolos, un score boosté qui fait oublier l’échec des européennes
La montée en puissance est encore plus flagrante pour les écologistes et leurs alliés. Alors que le parti de Marine Tondelier a obtenu quasiment le même nombre de circonscriptions au cours des négociations entre 2022 et 2024 (près d’une centaine), il a largement amélioré son « score » : cinq députés élus dès le premier tour cette année (contre zéro en 2022) et 84 % de leurs candidats qualifiés pour le second tour (contre 61 % en 2022). Sur la ligne de départ pour le second tour : 77 candidats qualifiés (avant les retraits de l’entre-deux tours). Un score boosté qui tend à démontrer que le parti écologiste a su tirer profit de l’existence de cette coalition pour faire oublier l’échec cuisant du mouvement aux européennes (5,50 %).
Le Parti socialiste double son nombre de candidats qualifiés, mais…
Le Parti socialiste semble lui aussi bénéficier à plein régime du nombre deux fois plus important de circonscriptions qui lui ont été attribuées en 2024 par rapport à 2022 (175 circonscriptions, contre 70 en 2022) : non seulement il double « logiquement » le nombre de ses candidats présents au second tour (136 candidats, contre 54 sous la Nupes), mais il envoie au Palais Bourbon cinq députés dès le premier tour.
Derrière ce satisfecit, un constat : malgré deux fois plus de candidats en 2024, le parti d’Olivier Faure arrive à en qualifier autant au second tour qu’en 2022 (77-78 %). De quoi faire dire aux contestataires de l’accord NFp que le PS aurait pu avoir davantage de circonscriptions lors des négociations à gauche ? Les socialistes se sont toujours estimés mieux placés pour réunir les voix du centre et de la droite au second tour, au nom du « front républicain », à la fois au regard de la dynamique enclenchée aux européennes (le PS a recueilli 13,8 % des voix, contre 9,87 % pour la France Insoumise) qu’à la difficulté à rassembler autour des bulletins insoumis.
Poussif chez les communistes
Le Parti communiste français ne semble, lui, pas briller davantage grâce à cette nouvelle coalition de la gauche : avec un nombre de circonscriptions attribuées similaires qu’en 2022 sous la Nupes, il qualifie le même nombre de candidats au second tour (33 candidats). Mais voit la défaite de deux de ses figures, dès le premier tour : Fabien Roussel et Léon Deffontaines. Il peut néanmoins se consoler d’envoyer à l’Assemblée deux de ses candidats, sans attendre dimanche prochain, ce qu’il n’avait pas réussi à faire il y a deux ans au premier tour.
Après les désistements pour faire barrage au RN et les duels du second tour, nul doute que la bataille à gauche pour savoir qui détient le leadership de cette nouvelle alliance sera relancée. Selon une projection Ipsos-Talan pour France Télévisions-Radio France à date de dimanche soir, 20 h, le Nouveau Front populaire pourrait obtenir entre 125 à 165 sièges à l’issue du second tour, dont 58-72 attribués à la France Insoumise, 33-43 au Parti socialiste, 28-38 aux écologistes et 6-12 aux communistes. Le Rassemblement national obtiendrait, lui, entre 230 à 280 sièges (la majorité absolue est fixée à 289 députés).
Source link : https://www.letelegramme.fr/elections/legislatives/lfi-ps-eelv-quel-parti-sort-gagnant-du-nouveau-front-populaire-a-lissue-du-1er-tour-des-legislatives-2024-6618252.php
Author :
Publish date : 2024-07-02 16:12:05
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.