Depuis dimanche soir et les résultats du premier tour des élections législatives, c’était la grande question qui travaillait les Français opposés à l’extrême droite : combien parmi les centaines de candidats qualifiés pour des triangulaires allaient retirer leur candidature entre les deux tours pour éviter une majorité du Rassemblement national le 7 juillet ? Alors que les qualifiés au second tour avaient jusqu’à 18 heures ce mardi 2 juillet pour confirmer leurs candidatures, 214 auraient finalement décidé de jeter l’éponge, selon un décompte de l’AFP, en attendant les chiffres définitifs du ministère de l’Intérieur.
Sur le sujet, la gauche a été très claire : dans toutes les circonscriptions où le RN est arrivé en tête, et qu’un candidat du Nouveau Front populaire est troisième (ou quatrième), elle avait promis de se désister. Il doit en être de même pour celles où un candidat RN est arrivé en deuxième position mais qu’un maintien du candidat du NFP pourrait conduire à son élection.
Le billet de Thomas Legrand
Du côté du camp présidentiel, c’était beaucoup plus flou : quand certains appelaient à un retrait systématique dans les circonscriptions où un candidat de l’alliance de la gauche est en position favorable pour barrer la route du RN, d’autres parlaient plutôt de choix au cas par cas, excluant nombre de circonscriptions où le candidat en question a été investi par La France insoumise. Chez Les Républicains, dont le parti n’a aujourd’hui de «républicain» que le nom, c’était pire encore : aucune consigne de vote ou de retrait n’a été donnée, certains cadres, comme François-Xavier Bellamy, s’inquiétant plus de la prise de pouvoir de la gauche que de celle de l’extrême droite.
Trois fois moins de triangulaires
Au soir des résultats, sur les 501 seconds tours, il y avait en France 306 triangulaires possibles et cinq quadrangulaire. Dans l’attente donc des chiffres du ministère de l’Intérieur, il resterait désormais à peine une centaine de triangulaires et deux quadrangulaires.
Dans le détail, 121 candidats investis par le Nouveau Front populaire ou la gauche se sont désistés dans des circonscriptions où le RN aurait été en mesure de s’imposer face à plusieurs adversaires, selon l’AFP. Ces retraits se font au profit de candidats d’Ensemble dans les trois quarts des cas, et de LR dans une vingtaine de circonscriptions. Dans le sens inverse, 78 candidats d’Ensemble se sont également retirés, tout comme trois candidats de LR.
Il resterait une quinzaine de candidats de la majorité, une grosse dizaine de LR et divers droite, et une poignée de candidats de la gauche qui auraient pu retirer leurs candidatures lors de triangulaires.
Quatre ministres se retirent
Le retrait systématique a coûté leur poste à plusieurs membres du gouvernement. Ministre déléguée aux Outre-mer et élue dans la 9e circonscription de l’Essonne, Marie Guévenoux s’est désistée au profit de la candidate du NFP arrivée en tête. Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités et de la Ruralité, Fadila Khattabi, déléguée, elle, aux Personnes âgées et aux Personnes handicapées, et Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat chargée de la Ville et de la Citoyenneté, ont dû faire de même. La secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées et députée sortante de la majorité Patricia Mirallès, arrivée en troisième position (22,54 %) dans la 1re circonscription de l’Hérault, s’est retirée de la course ce mardi en fin d’après-midi.
A l’inverse, d’autres gros noms de la macronie vont bénéficier de ces désistements. C’est le cas de l’ex-Première ministre Elisabeth Borne, qui pourrait être réélue dans le Calvados grâce au retrait de Noé Gauchard, ou de Gérald Darmanin, qui bénéficiera du désistement d’une candidate investie par La France insoumise. Ironie de l’histoire, ce même Darmanin renvoyait encore il y a quelques jours sur le même plan LFI et RN.
Tous les désistements n’avaient pas que vocation à bloquer l’extrême droite. Purgée de LFI mais candidate quand même en Seine-Saint-Denis, Raquel Garrido a décidé de se retirer au profit du candidat investi par le NFP, Aly Diouara, et ce pour éviter que l’UDI Aude Lagarde, la femme de Jean-Christophe Lagarde, ne bénéficie de cette division à gauche. Plus surprenant, Gilles Le Gendre, dissident Renaissance, a annoncé se retirer dans une triangulaire où il affrontait un autre candidat du camp présidentiel et une candidate du Parti socialiste… tout en appelant à soutenir la socialiste.
Enfin, l’alliance entre le Rassemblement national et la droite ciottiste a aussi retiré trois candidats. Parmi eux, le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, pourtant arrivé deuxième dans la 5e circonscription du Maine-et-Loire, qui a dit être «écœuré par une campagne électorale nauséabonde». Ou encore Ludivine Daoudi, candidate dans la 1re circonscription du Calvados, dont une photo est récemment ressortie où elle posait avec une casquette militaire nazie.
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Publish date : 2024-07-02 16:25:00
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