Le 15 juin, la publication de la liste des investitures de La France insoumise avait créé la stupeur pour certains de ses élus. Sans demander leur avis aux autres forces de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), la direction du mouvement, en dépit de son engagement à reconduire les députés sortants, a fait le ménage et puni des frondeurs opposés à la ligne de Jean-Luc Mélenchon. Leur point commun : avoir critiqué ces derniers mois la stratégie et le manque de démocratie au sein de LFI. Cinq, parmi la dizaine d’ « insoumis des insoumis », ont été exclus de l’investiture. Mais, hormis Frédéric Mathieu à Rennes qui a préféré jeter l’éponge, les autres n’ont pas renoncé, forts du soutien local des socialistes et écologistes. Avec pour résultat des sorts bien différents.
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Raquel Garrido reléguée
L’ex-avocate et chroniqueuse télé avait arraché en 2022 la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis (Bagnolet, Drancy) aux mains depuis vingt ans de l’ex-maire de Drancy, le centriste UDI Jean-Christophe Lagarde. Mais la voilà victime des déchirements au sein de son parti. Confrontée au candidat officiel de LFI Aly Diouara, employé de la mairie de Drancy très engagé dans la cause palestinienne, elle se retrouve en difficulté, en troisième position avec 23,7 % des voix, près de dix points derrière son rival, grand favori pour le 2e tour avec 33,1 % des suffrages. Elle reste toutefois en position de se maintenir. A droite, Aude Lagarde, qui a repris le flambeau à la mairie de Drancy et dans la course à la députation depuis que son mari a été rendu inéligible, condamné pour détournement de fonds publics, est en embuscade, avec 24,6 % des voix.
Alexis Corbière résistant
Dans le couple médiatique qu’il forme avec Raquel Garrido, l’ex « chouchou » aujourd’hui banni par Mélenchon s’en sort bien mieux à Montreuil, dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, ex-fief communiste qui a toujours voté à gauche. En 2022, il avait été réélu dès le premier tour, avec 63 % des voix. Cette fois, la concurrence de l’urgentiste militante Sabrina Ali Benali, investie par LFI, le conduit au 2e tour même s’il fait la course en tête avec 40,2 % des voix, contre 36,4 % pour sa rivale. Aucun autre candidat n’est en mesure de se maintenir.
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Danielle Simonnet loin devant
Les dissidences au sein des alliances de gauche, la cofondatrice de Parti de gauche, mélenchoniste historique répudiée, les a toujours connues depuis qu’elle est entrée dans la bataille des élections législatives : en 2012 et en 2017 dans la 6e circonscription de Paris, elle s’est présentée en rebelle face à la verte Cécile Duflot, en vain, puis en 2022, dans la 15e circonscription de la capitale (XXe arrondissement) acquise à la gauche, elle a été intronisée par la Nupes, mais a dû ferrailler face à une socialiste en rupture de ban, Lamia El Aaraje, pour l’emporter. Cette fois, avec 42 % des suffrages, elle a gagné son bras de fer contre Céline Verzeletti (NFP), syndicaliste CGT intronisée par LFI, arrivée loin derrière avec 23 % des voix. Le candidat de la majorité présidentielle, Mohamad Gassama, termine troisième avec 16,2 %.
Hendrik Davi devancé
A Marseille, le tenant de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, facile vainqueur d’une macroniste en 2022, se retrouve, maintenant qu’il a été désavoué par LFI, dans une triangulaire serrée menée par un nouvel arrivant du Rassemblement national, Franck Liquori, qui obtient 25,8 % des voix. Avec 24,4 % des suffrages, ce proche de Clémentine Autain est à touche-touche avec Allan Popelard, un enseignant investi par LFI proche du lieutenant de Mélenchon, Manuel Bompard, qui se trouve en troisième position avec 23,3 %. Les trois candidats sont qualifiés pour le second tour, mais Allan Popelard devrait se désister.
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Quid des dissidents « autorisés » ?
D’autres grandes figures de LFI se sont montrées tout aussi critiques que leurs camarades sur le fonctionnement du parti et les prises de position de Jean-Luc Mélenchon, notamment sur le conflit israélo-palestinien, sans pour autant être désinvestis. Voici les scores de ces dissidents « autorisés ».
Éric Coquerel dans un fauteuil
En 2022, dans la 1re circonscription de Seine-Saint-Denis (Saint-Denis, Saint-Ouen, Ile-Saint-Denis), le cofondateur du Parti de gauche Éric Coquerel n’avait pas été élu au 1er tour, du seul fait de l’abstention massive. Cette fois, grâce à une participation bien plus forte, c’est fait, avec 65 % des voix.
Clémentine Autain sans suspense
La militante féministe et anti-capitaliste, en poste depuis 2017, s’évite un second tour dans la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis (Sevran, Tremblay-en-France, Villepinte), acquise à la gauche. Elle est rééluee avec 62,6 % des voix. Mais la surprise vient du Rassemblement national qui fait une percée avec les 18,9 % obtenus par sa candidate Renée Joly.
François Ruffin au combat
Le journaliste, documentariste, à la tête de son petit parti Picardie debout ! et sans étiquette LFI, avait été plutôt facilement réélu en 2022 dans sa 1re circonscription de la Somme face à la candidate du Rassemblement national, Nathalie Ribeiro-Billet. Cette fois la tendance est inversée : avec 34 % des voix, il se trouve en ballottage très défavorable derrière la même opposante du RN, qui a obtenu 41 % des voix. Il sera peut-être aidé par le désistement en sa faveur d’Albane Branlant, la candidate de la majorité sortante, Ensemble, arrivée en troisième position avec 23 %, à qui Emmanuel Macron a demandé de se retirer.
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Publish date : 2024-07-01 08:27:00
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