La coalition composée de LFI, du PS, du PCF et des écologistes appelle au désistement républicain face à l’extrême droite et peut espérer remporter entre 125 et 180 circonscriptions.
Le Nouveau Front populaire (NFP) n’a pas réussi son pari de devenir la première force politique du pays mais a su, dans l’urgence, proposer une alternative à gauche assez redoutable. Constitué en 24 heures, le NFP devient la deuxième force politique du pays et s’adjuge 28,5 % des suffrages et surtout l’espoir de remporter entre 125 et 180 circonscriptions, selon les instituts de sondage.
En dépit de divergences évidentes, la coalition de LaFrance insoumise, du Parti socialiste, des communistes et des écologistes devient le principal rempart au Rassemblement national.
Et à peine les premières estimations connues, dimanche soir, tous les chefs de parti étaient unanimes et appelaient à « un barrage sans hésitation, sans tergiversation », comme le soulignait Raphaël Glucksmann. Consigne identique du maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse, qui appelait « au désistement républicain systématique pour le candidat arrivé en 3e position ». Pareil pour la présidente socialiste de la Région Occitanie, Carole Delga, qui appelait à « la responsabilité et au dépassement à un moment grave de notre histoire ».
La gauche prête à « sauver Elisabeth Borne »
Tous appelaient à « empêcher coûte que coûte une majorité absolue au RN ». Sans même regarder l’étiquette de l’adversaire du candidat d’extrême droite. « Il n’y a plus d’étiquette politique qui vaille. La seule question que l’on doit se poser est : allons-nous permettre à l’extrême droite de conquérir le pouvoir par les urnes pour la première fois ? », regrettait Raphaël Glucksmann.
Jean-Luc Mélenchon a rapidement estimé que le NFP « avait déjoué le piège tendu au pays », en qualifiant un grand nombre de candidats. Il a, pour la première fois, demandé aux candidats de gauche arrivés troisièmes de se retirer face à la menace du RN.
Une clarification qui devrait faire baisser le grand nombre de triangulaires prévues. Et qui était mis en application dès dimanche soir en annonçant se retirer de la 6e circonscription du Calvados « pour sauver Élisabeth Borne », selon les mots d’Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
Le rôle de Mélenchon toujours en débat
Mais malgré cette position ferme, le rôle trouble du chef de LFI, toujours sur les rangs pour devenir Premier ministre en cas de victoire du NFP dimanche prochain, continue de diviser dans et hors de l’union de la gauche. Et il a fallu beaucoup d’adresse pour les représentants du NFP pour éviter le piège. Olivier Faure, réélu dès le premier tour, a dû utiliser tous les artifices de communication pour esquiver ce scénario. Clémentine Autain, qui s’est montrée plusieurs fois critique à l’égard de Jean-Luc Mélenchon, s’est indignée que ce sujet soit sur la table « alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir », a-t-elle dit sur le plateau de TF1.
Autre candidat très critique du patron des insoumis, François Ruffin, qualifié pour le second tour, est lui en difficulté, arrivé quatre points derrière la candidate du RN Nathalie Ribeiro-Billet dans la Somme. Mais François Ruffin estime que la gauche « a fait un bond de 10 points et fait reculer le RN. On reste dans le match. »
Le patron des communistes, Fabien Roussel, député depuis 2017 et qui avait assuré que Jean-Luc Mélenchon ne serait pas Premier ministre, a été, lui, éliminé dès le premier tour dans la 20e circonscription du Nord.
« Compatibles avec la République »
Sommé de dire qui sera le chef du gouvernement en cas de victoire du NFP, ses représentants ont tergiversé, mettant en avant « le danger du RN ».
Même Alexis Corbière, arrivé en tête dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis, mis au ban des insoumis, a appelé à voter sans réserve « contre l’extrême droite, même en se bouchant le nez, même si cela fait mal au ventre.Il faut empêcher. »
Mais à l’inverse, la majorité présidentielle a été très ambiguë en cas de duel ou de triangulaire dans lequel se trouve un candidat LFI, n’appelant à voter pour les seuls candidats LFI « compatibles avec les valeurs de la République », comme l’a souligné Gabriel Attal.
Les racistes se jettent sur sur Rima Hassan parce qu’elle ose porter un keffieh, symbole de la lutte palestinienne.
On boit vos larmes, on est fier d’avoir une représentante de la résistance à l’extermination comme eurodéputée.
Elle sauve l’honneur de notre pays, de nos…
— Ilan Gabet (@Ilangabet) June 30, 2024
L’antisémite, pro #Hamas, Rima Hassan aux côtés de Jean-Luc #Mélenchon pour incarner, en ce moment historique, le “Front Populaire”. Quelle honte… Et quelle meilleure preuve que ce #NFP, marionnettisé par #LFI, n’est pas un barrage mais un tremplin pour le #RN !
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) June 30, 2024
Dans les rangs de la gauche, l’heure est au second tour et comme souvent, c’est parti de la rue. A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont réunies place de la République pour appeler au barrage républicain. En soulignant que ce n’était pas l’unique apanage des électeurs de gauche. Ils disposent d’une semaine pour finir de convaincre.
Les insoumis refusent d’être comparés au RN
C’est Jean-Luc Mélenchon qui a dégainé le premier dimanche soir. Pour se féliciter du bon résultat du Nouveau Front populaire et pour dire ses espoirs de victoire dans une semaine.Le chef de LFI, qui concentre beaucoup de critiques à gauche, était entouré de son fidèle lieutenant, Manuel Bompard, coordinateur de LFI qui a vait assuré le premier débat télévisé et de Rima Hassan.La nouvelle eurodéputée de La France insoumise arborait un keffieh, symbole de la lutte palestinienne qui a fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux.La plupart des internautes y voyant un signe déplacé alors qu’elle n’est même pas candidate. Le philosophe, Bernard-Henri Lévy y voit même la preuve que ce « NFP, marionnettisé par LFI, n’est pas un barrage mais un tremplin pour le RN ». Beaucoup craignant que ce symbole pousse les indécis à s’abstenir alors que l’arc républicain se met en ordre de marche mais que beaucoup d’électeurs hésitent encore.
Et à ce titre, les insoumis ont dû, une grande partie de la soirée, demander d’arrêter d’être régulièrement mis sur un pied d’égalité avec le Rassemblement national.Manuel Bompard a estimé « inacceptable et insupportable » de placer sur le même plan le Rassemblement national et La France insoumise. En particulier en réponse à la comparaison de l’ancien Premier ministre, patron d’Horizons, Édouard Philippe qui met un signe égal entre les deux formations politiques. « Cela doit s’arrêter immédiatement pour qu’on puisse enfin avoir une campagne qui permette de confronter nos propositions politiques », a tonné Manuel Bompard. Il a une semaine pour convaincre.
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Publish date : 2024-07-01 05:31:00
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