Elections législatives 2024dossierLe Rassemblement national est devant à l’issue de ce premier tour qui a fortement mobilisé, selon les premières estimations ce dimanche 30 juin à 20 heures. Le Nouveau Front populaire suit tandis que la majorité présidentielle dévisse.
L’extrême droite sur sa lancée des européennes. Déjà large vainqueur du scrutin du 9 juin dernier avec 31,37 % des suffrages (à plus de 16 points de la deuxième, la macroniste Valérie Hayer), le Rassemblement national remporte ce dimanche 30 juin le premier tour des élections législatives anticipées. Avec un score de 34 % selon les premières estimations Ipsos pour France Télévisions, le parti lepéniste porté par Jordan Bardella durant la campagne express explose encore un peu plus le «plafond de verre» qui le sépare du pouvoir, en profitant au passage de la mobilisation historique ce dimanche.
Jamais les marinistes n’étaient arrivés en tête d’un scrutin législatif en France. En juin 2022, le RN avait fini en troisième position au premier tour avec 18,68 % des voix. Une semaine plus tard, 89 députés frontistes étaient élus. Cette fois, l’extrême droite peut envisager une majorité relative, voire absolue. Auquel cas Jordan Bardella pourrait s’installer à Matignon.
En deuxième position, la gauche réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire résiste avec 28,1 % des voix, selon les premières estimations Ipsos. Soit un peu mieux qu’au premier tour des législatives de juin 2022. Il y a deux ans, les roses, rouges et verts, rassemblés dans la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes) avaient fini au coude à coude avec la macronie avec 25,66 % des suffrages. Divisés pendant les européennes, les communistes, socialistes, insoumis et écologistes sont parvenus à remettre (au moins un temps) les rancunes de côté et à nouer un accord en quelques jours à peine. Et ce, malgré l’explosion de la Nupes après le 7 octobre et la discorde de ces derniers mois.
Le risque de voir l’extrême droite s’installer au pouvoir a convaincu les plus critiques (François Hollande, Carole Delga…) de la précédente union, dominée par LFI, de soutenir le Nouveau Front populaire. Une coalition «rééquilibrée» à l’aune des résultats du 9 juin dernier où le PS, représenté par Raphaël Glucksmann, était sorti en tête à gauche avec près de 14 % des suffrages. Durant un peu plus de trois semaines, la gauche unie aura martelé «qu’elle est la seule alternative possible au Rassemblement national».
La macronie distancée
Et elle n’avait visiblement pas tort. Ce dimanche soir, la macronie, avec ses 20,3 %, est distancée par le duo de tête. Une violente déconvenue pour la majorité relative sortante. En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, Emmanuel Macron pensait pouvoir profiter de la division de la gauche pour se présenter comme le seul rempart au RN. Un pari manifestement perdu. Pendant la plus grande partie de la campagne, le Président a multiplié les prises de parole pour dramatiser au maximum l’enjeu et en mettant un signe«égal» entre «les extrêmes», en reprenant notamment les mots de la droite et de l’extrême droite. Dans un podcast, le locataire de l’Elysée, qui a prévenu qu’il resterait en poste quel que soit le résultat, est même allé jusqu’à affirmer que les programmes du RN et de LFI mènent «à la guerre civile». Sans effet notable sur les électeurs. Les chances de voir Gabriel Attal, qui a mené la campagne, rester à Matignon sont aujourd’hui quasi-nulles.
Derrière, les Républicains poursuivent leur lente décrépitude. Avec 10,2 % des voix, le parti de droite (tendance canal historique) se maintient au même niveau que lors du premier tour des législatives en 2022. Déjà affaibli depuis l’émergence d’Emmanuel Macron en 2017, LR a vécu un énième mélodrame au début de la campagne. Contre l’avis de tous, le président du parti Eric Ciotti a annoncé nouer un accord avec le Rassemblement national pour des candidatures uniques dans une soixantaine de circonscriptions. Reconquête, le parti d’Eric Zemmour qui n’a présenté que 330 candidatures à travers la France faute d’accord avec le RN, coule totalement, avec 0,6 % des suffrages selon les premières estimations.
La composition de la future Assemblée nationale dépendra de différents facteurs. Et notamment du respect (ou non) du front républicain des différents partis face à l’extrême droite. A gauche, les socialistes, écologistes et communistes ont déjà affirmé qu’ils appelleront à voter contre les concurrents du RN dans tous les cas de figure. «Jamais aucun électeur Insoumis, j’en suis certain, ne donnera sa voix au Rassemblement national. Et nous leur dirons que personne n’a à faire cette bêtise, quel que soit son motif», a martelé Jean-Luc Mélenchon. Les macronistes, arrivés au pouvoir grâce aux voix de la gauche, semblent se diriger vers un «ni-ni» en cas de duel RN-LFI.
Cette décision de la majorité présidentielle sortante pourrait avoir un impact d’autant plus fort qu’environ 300 triangulaires devraient sortir des urnes ce dimanche soir, selon une estimation de l’institut Ipsos, du fait de l’énorme participation . Les candidats auront jusqu’à mardi soir et le dépôt des listes en préfecture pour se désister en faveur de celui qui serait le mieux placé pour battre l’extrême droite. Les communistes, écologistes et socialistes ont d’ores et déjà prévenu qu’ils se désisteraient s’ils arrivaient en troisième position derrière un candidat macroniste. Après l’annonce des premiers résultats ce dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon a été limpide : «Nous retirerons notre candidature», a martelé le leader insoumis.
Dès leur publication par le ministère de l’intérieur dans la soirée, retrouvez l’ensemble des résultats par circonscription du premier tour des élections législatives 2024 sur le site de Libération.
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Publish date : 2024-06-30 18:19:28
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