Plus facile de choisir ses cerises que son candidat, pour Saïd. Devant les étals chamarrés du marché de la place de Narbonne, à Massy, le retraité encore indécis ce vendredi matin assure que ce sera « l’un des deux ». Les deux, ce sont Jérôme Guedj, député sortant, et son ancienne suppléante Hella Kribi-Rom-dhane, entrée en dissidence après vingt-cinq ans à ses côtés. Cette 6e circonscription de l’Essonne fait exception : ici, le label Nouveau Front populaire (NFP) n’a pas rassemblé, mais fracturé. Jérôme Guedj a refusé les couleurs de son investiture par la coalition des gauches, « par devoir de vérité et de loyauté envers les électeurs ». Il arbore donc sur ses affiches et tracts les logos des partis de gauche, à l’exception de La France inoumise et du Nouveau Parti anticapitaliste. En face, Hella Kribi-Romdhane, écologiste de Génération·s et conseillère municipale de Massy, se présente au nom du Nouveau Front populaire.
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Deux notoriétés s’opposent, celle du député sortant, bien implanté en Essonne, et celle d’une « marque » récente mais déjà puissante. « Contre le RN ! » lance Irina à la volée en proposant un tract NFP. La jeune femme, tendance LFI, préfère l’union d’une « gauche écologiste, sociale, antiraciste ». Un de ses camarades appuie : « Dans cette circonscription multiculturelle, il faut un rassemblement le plus large possible. » « Votre député Jérôme Guedj, contre l’extrême droite ! » lance le candidat lui-même, au coin opposé du marché.
La circonscription semble promise à la gauche. Mais laquelle ?
Élu il y a deux ans sous la bannière Nupes, Guedj ne devra rien à LFI cette fois, assure-t-il en tirant sur sa cigarette, avant de revenir sur cette rupture progressive. Il regrette que LFI n’ait appliqué que la moitié du mot d’ordre « radicalité et solennité », prôné par Clémentine Autain au début de la législature. Les violentes attaques personnelles de Jean-Luc Mélenchon, son ancien mentor, sur fond de conflit israélo-palestinien, ont consommé le divorce.
Le camp présidentiel n’a pas présenté de candidat face au socialiste : un soutien implicite. Le baiser de la mort ? « Il est quand même très difficile de faire de moi un macroniste », balaie Guedj en souriant. Même si la liste Bardella y est arrivée en tête aux européennes (19,2 %), la circonscription semble promise à la gauche. Mais laquelle ? Le duel a des airs de primaire et les rivaux envisagent un désistement en cas de triangulaire dangereuse. « La profession de foi du second tour n’est pas facile à préparer », reconnaît Jérôme Guedj. À deux pas, Sarah tracte avec ferveur pour lui. Et pour la survie d’une gauche à l’ancienne ? « D’une gauche républicaine », corrige-t-elle.
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Publish date : 2024-06-30 08:35:07
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