Comme à chaque élection, les retraités devraient être les plus mobilisés ce dimanche 30 juin, au premier tour des élections législatives. Logiquement, les partis politiques leur font les yeux doux. Dernier exemple en date : le site Internet maretraitenupes.fr, lancé jeudi par la majorité présidentielle sortante et relayé le soir même par le Premier ministre Gabriel Attal sur les réseaux sociaux. Censé montrer une baisse des pensions de retraite si la gauche devient majoritaire à l’Assemblée nationale, il ulcère les responsables du Nouveau Front populaire (NFP). L’un d’eux, Manuel Bompard, a même annoncé lancer une « procédure en urgence » On fait le point.
D’où vient ce « simulateur » ?
Il a été créé ce jeudi 27 juin par Renaissance (ex En Marche !), le parti d’Emmanuel Macron, comme affiché dans les propriétés d’identification du site. L’outil propose de remplir sa « pension de retraite nette » et de découvrir quel en serait le montant « avec une majorité de députés NUPES/NFP » (Nupes étant le nom de la précédente coalition de gauche, formée en 2022).
Par défaut, la page affiche d’emblée une retraite de 1 200 euros, devenus 1 134 euros. Soit « -792 euros de retraite perdue chaque année », affirme le site. « À 1 200 euros de retraite, on perd », a d’ailleurs avancé Gabriel Attal jeudi soir lors du débat télévisé avec Jordan Bardella et Olivier Faure. Les mentions légales du site, obligatoires mais qui n’étaient pas présentes jeudi soir, sont désormais affichées ce vendredi matin.
Retrouvez sur nos pages dédiées les candidats de votre circonscription et, le 30 juin à partir de 20h, les résultats du premier tour des législatives à Paris, Lyon, Marseille et dans toute la France.Pourquoi est-il si critiqué ?
Le calcul se base sur un amendement déposé par des députés socialistes en février 2023, et rejeté. Celui-ci prévoit la création de 7 taux différents et progressifs pour la Contribution sociale généralisée (CSG), selon les revenus annuels. Actuellement, il existe quatre taux pour la CSG, en fonction du revenu fiscal de référence et du nombre de part du foyer fiscal : 0 % (exonération), 3,8 % (taux réduit), 6,6 % (taux médian) et 8,3 % (taux normal).
Pour reprendre l’exemple de 1 200 euros, la CSG actuellement de 0 % passerait à 5,5 % si l’amendement en question était appliqué, selon Renaissance. Soit 66 euros par mois, et donc on retrouve les 792 euros par an…. mais à condition que ce soit une personne seule, car le nombre de parts fiscales au sein du foyer fait varier le taux de CSG. Or, le simulateur ne permet pas de remplir ce paramètre.
En outre, les auteurs de l’amendement assurent que ce taux devrait s’appliquer par « tranches », comme pour l’impôt sur le revenu, et non pas « seuils ». Par exemple, 4 % entre une somme X et une somme Y puis 6 % entre la somme Y et une somme Z, et non 6 % entre la somme X et la somme Z.
Plus globalement, rien ne dit que l’ensemble des députés de gauche validerait un tel amendement déposé par des parlementaires du Parti socialiste, l’une des quatre principales composantes du Nouveau Front populaire. D’ailleurs, le programme du NFP ne reprend pas un tel barème à son compte. « Tout ce qui irrigue notre programme, c’est la justice sociale », tonne Boris Vallaud (PS), l’un des coauteurs de l’amendement.
Contactée ce vendredi matin, l’équipe de campagne de Renaissance et de ses alliés n’a pas donné suite à l’heure où nous publions.
Est-il illégal ?
C’est ce que pensent certains au sein du NFP. « Ce simulateur est mensonger : il s’appuie sur des modes de calculs qui ne figurent pas dans le programme du Nouveau Front Populaire et donne des résultats complètement incohérents pouvant induire en erreur les électrices et les électeurs », a tonné ce vendredi matin le chef de file de La France insoumise, en dénonçant une « campagne de désinformation inacceptable ».
Pour justifier son action, le député sortant nous précise simplement se baser sur la nouvelle loi dite « anti fake news ». Cette législation sur « la manipulation de l’information », promulguée en décembre 2018, a été voulue par la majorité présidentielle sortante. Si des « allégations ou imputations inexactes ou trompeuses d’un fait de nature à altérer la sincérité du scrutin à venir sont diffusées de manière délibérée, artificielle ou automatisée et massive » dans les trois mois précédents un scrutin, un juge a 48 heures pour se prononcer et « faire cesser cette diffusion » s’il estime les critères réunis. Il peut être saisi par un représentant de l’État, un candidat ou un parti politique.
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Publish date : 2024-06-28 11:28:00
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