À trois jours des élections législatives, la question des consignes de vote à l’issue du premier tour n’est pas tranchée dans tous les partis politiques. Si les principales forces de gauche appellent à faire barrage à l’extrême droite, plus que jamais favorite, le camp présidentiel semble se diriger vers le mot d’ordre « ni RN, ni LFI ». D’autres promettent de tout faire « pour empêcher que la France insoumise arrive au pouvoir », à l’image de l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy. On vous résume les prises de position.
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« Ni RN, ni LFI » pour le camp présidentiel ?
Les partisans d’Emmanuel Macron n’ont pas indiqué officiellement quelle pourrait être leur consigne de vote entre les deux tours. Mais lors d’une réunion mardi, le camp présidentiel s’est orienté vers le mot d’ordre « ni RN, ni LFI », semblant établir un distinguo entre Insoumis d’un coté et socialistes, communistes, écologistes de l’autre, rapporte l’Agence France-Presse. Le chef de l’État n’aurait toutefois pas encore tranché.
La réunion s’est tenue par téléconférence, ont précisé des participants à l’AFP, confirmant une information du Parisien. Autour du président de la République, ont participé le Premier ministre Gabriel Attal, les chefs des partis du camp présidentiel (Stéphane Séjourné, François Bayrou, Édouard Philippe, Hervé Marseille et Laurent Hénart), la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et quelques ministres (Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et Rachida Dati).
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Les participants ont acté « l’idée qu’il faut continuer de montrer l’inanité des programmes notamment sur le plan économique, avec un risque de confiscation fiscale qui se ferait au grand jour pour le Nouveau Front populaire, et de manière dissimulée pour le Rassemblement national », a dit une source à l’AFP.
Je ne ferai pas le choix de La France insoumise, ni du Rassemblement national
— Gérard Larcher, le président LR du Sénat
« Personnellement, je ne ferai pas le choix de La France insoumise, ni du Rassemblement national », avait lancé le 12 juin Gérard Larcher, le président LR du Sénat, sur le plateau du journal de 20 h de TF1. Sur CNews, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, avait affirmé le lendemain qu’il ne voterait « pas pour un candidat RN, ni pour un candidat LFI » en cas de duel aux élections législatives.
Même question pour le Premier ministre Gabriel Attal, le 22 juin, dans Le Parisien … et même réponse : « Mes valeurs me poussent à tout faire pour empêcher qu’arrivent à la tête de notre pays des personnes qui carburent à la division, à la haine et à la fragilisation de notre pacte républicain ».
Mercredi sur LCI, Jean-Luc Mélenchon, le chef de file des Insoumis, a jugé « infâme » de renvoyer dos-à-dos LFI et le Rassemblement national.
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À gauche, un « désistement républicain » afin de battre le RN
Ils ont appelé mardi 25 juin, dans une tribune du Monde , la droite, le centre et la gauche à mettre en place un accord de désistement entre les deux tours des législatives contre le Rassemblement national. Parmi les signataires, plus de 220 personnalités : Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, Marine Tondelier, la cheffe des Écologistes, Laurent Berger, l’ancien dirigeant de la CFDT, mais aussi Clément Beaune et Agnès Pannier-Runacher, ancien et actuelle ministres d’Emmanuel Macron.
« Comme de nombreux exemples l’ont montré, dans le passé mais aussi aujourd’hui en Hongrie avec Viktor Orban ou encore en Russie avec Vladimir Poutine, l’extrême droite excelle à changer les règles du jeu, à éliminer les contre-pouvoirs et à anesthésier le débat public », expliquent les signataires. « On sait quand elle arrive au pouvoir, mais on ne sait jamais quand et comment elle le quittera », préviennent-ils.
Le lendemain, Marine Tondelier écrivait aux chefs de partis du camp macroniste, Édouard Philippe (Horizons), Stéphane Séjourné (Renaissance), François Bayrou (Modem) et Hervé Marseille (UDI), pour les convaincre d’accepter un « désistement républicain » afin de battre le RN. Elle a également accusé ses homologues du centre et de droite d’avoir « perdu leur boussole », à l’inverse des « électeurs de gauche » qui « n’ont jamais hésité » à faire barrage à l’extrême droite, « pas par plaisir mais parce que nous avons des principes ».
Jamais aucun électeur Insoumis, j’en suis certain, ne donnera sa voix au Rassemblement national
— Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de LFI
Les Écologistes ont même été le premier parti de gauche à annoncer que leurs candidats arrivés troisièmes se désisteraient au second tour pour faire barrage au RN. Une position partagée, ce jeudi, par le Parti communiste français : « Si un candidat du PCF se retrouve qualifié au second tour en troisième position dans une triangulaire, il se désistera pour que le candidat républicain le mieux placé ait les meilleures chances de battre l’extrême droite », peut-on lire dans un communiqué.
La France insoumise (LFI) demandera également dimanche à ses électeurs, à l’issue du premier tour, de ne pas accorder leur vote à des candidats du Rassemblement national au second tour, là où les candidats de gauche ne seront plus présents, a déclaré mercredi sur LCI Jean-Luc Mélenchon.
« Jamais aucun électeur Insoumis, j’en suis certain, ne donnera sa voix au Rassemblement national. Et nous leur dirons que personne n’a à faire cette bêtise, quel que soit son motif », a-t-il indiqué. Son parti a néanmoins indiqué qu’il attendrait les résultats du premier tour pour donner des consignes en cas de triangulaire.
Ils feront barrage au Nouveau Front populaire
Dès le 13 juin, l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a indiqué qu’il voterait « bien sûr » pour le RN face à un candidat de l’alliance de gauche Front populaire s’il était dans une circonscription où LR était absent du second tour des législatives.
« Je ferai tout pour empêcher que La France insoumise arrive au pouvoir », a déclaré sur Europe 1 celui qui refuse que « la France tombe dans cette alliance d’extrême gauche ».
Le leader contesté des Républicains Éric Ciotti, qui s’est allié au RN, compte également récupérer des députés de droite au second tour si son bloc n’obtient pas la majorité absolue. « Je n’imagine pas que certains de mes amis rejoignent une coalition qui comprendrait des communistes, des socialistes et les amis de madame Sandrine Rousseau », a affirmé celui que la direction de LR tente d’exclure de la présidence du parti.
De son côté, l’extrême droite appelle à « faire barrage à l’extrême gauche », selon les mots de Jordan Bardella, le chef de file du RN, le 14 juin, sur RMC-BFMTV .
Ils réservent leurs réponses
Interrogé à ce sujet sur France Inter mercredi, le chef du parti Horizons Édouard Philippe a refusé de donner sa position avant le résultat de dimanche soir. « Aujourd’hui, je me bats pour le premier tour », a-t-il expliqué, assurant qu’il aurait « l’occasion de (s)’exprimer de façon extrêmement claire » sur ce point « au soir et au lendemain du premier tour ».
Selon un participant à la réunion du camp présidentiel de mardi, visant à discuter de la « stratégie de la campagne », « ça desservirait nos candidats de dire ce qu’on va faire pour le second tour ». Cette source évoquait une possible « stratégie circonscription par circonscription ».
Interrogé le 13 juin sur un éventuel duel entre la gauche et le RN, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, bottait en touche sur Sud Radio : « Les deux sont aussi mauvais pour la France. J’espère ne pas avoir à faire de choix. Pour le moment, nous sommes en campagne. Battons-nous… »
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Publish date : 2024-06-27 11:05:09
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