Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Montpellier, dimanche 23 juin. SYLVAIN THOMAS / AFP
Vendredi 14 juin au soir, lors d’une conférence au siège du Parti ouvrier indépendant (POI), à Paris, Jean-Luc Mélenchon mesurait la brièveté de cette campagne des élections législatives. « Quinze jours, ça va vite, mais en même temps, c’est moins de temps pour la calomnie, et c’est assez de temps pour qu’on puisse prévoir très solidement les choses », disait-il. En trois semaines, les gauches et les écologistes se sont unis puis désunis, dans deux mouvements contradictoires qui auront coexisté. Sans pouvoir tout à fait défaire le Nouveau Front populaire créé pour l’occasion, ils augurent d’une gauche durablement tenaillée. Face à Raphaël Glucksmann, son antithèse sociale-démocrate, Jean-Luc Mélenchon construit un pôle de gauche radicale, au prix d’exclusions, de remplacements militants et de nouvelles mains tendues à des partenaires d’extrême gauche.
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Pour construire, détruire ; pour renforcer, épurer. Car « le parti se renforce en s’épurant », selon la maxime mise en exergue par Lénine, utilisée dans toute la galaxie de la gauche communiste pendant des décennies, et notamment sous le mandat de Maurice Thorez, l’autre artisan du Front populaire de 1936. Pendant ces trois semaines, elle aura aussi beaucoup servi. Vendredi 14 juin, l’exclusion de cinq députés La France insoumise (LFI) sortants a commencé par la suppression de la boucle de communication des élus à l’Assemblée nationale. Dans la soirée, les exclus ont découvert leur absence sur la liste des investis. Dans le même temps, les dernières candidatures d’ouverture se décantaient. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), éconduit en 2022 et aux européennes, a obtenu de LFI une circonscription de l’Aude pour Philippe Poutou.
Autre nouveauté, Raphaël Arnault, de la Jeune Garde antifasciste, à Lyon, candidat en 2022 dans la ville avec le soutien du NPA, est parachuté à Avignon. Au grand dam de la gauche locale, qui a déjà « son » candidat, Philippe Pascal, proche de la Gauche démocratique et sociale, et appuyé par Cécile Helle, la maire socialiste. Dans cette ville cernée par le Rassemblement national, son profil a plus de chances de gagner, arguent-ils. Mais LFI tient au signal envoyé à la jeunesse antifasciste. Les jeunes LFI en reprennent les codes, eux qui ont lancé le 18 juin un appel à la création d’un « réseau antifasciste insoumis ».
Se défaire des « gêneurs »
« A la fin, ce sera eux [l’extrême droite] ou nous », clame depuis longtemps Jean-Luc Mélenchon. La situation politique, qui voit les forces autour d’Emmanuel Macron se réduire, est pour lui une confirmation. Seulement, le Nouveau Front populaire lui échappe… Lundi 24 juin, les chefs de parti du Parti communiste (PCF), du Parti socialiste et d’Europe Ecologie-Les Verts ont encore martelé leur refus de le voir accéder à Matignon. Alors, tout en se réclamant de cette union, Jean-Luc Mélenchon a commencé à construire la suite, en se défaisant des « gêneurs ».
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Publish date : 2024-06-27 14:00:12
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