Elections législatives 2024dossierLes parties prenantes de l’union de la gauche aux législatives fixent un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 mais restent en désaccord sur le rôle donné à l’atome. La résolution du dissensus étant repoussée aux discussions dans le cadre de la présidentielle 2027.
Au cours d’une conférence de presse, le jeudi 20 juin, destinée à présenter les grandes lignes du programme de sa liste Ensemble, Gabriel Attal a consacré quelques minutes à la question de la filière nucléaire française. Comme pour les autres points de son exposé, le Premier ministre a mis en parallèle ses propositions avec celles des deux principaux concurrents à l’élection, d’une part le RN, et d’autre part l’union de la gauche. Cette dernière étant désignée, tout au long de ce discours, non pas sous l’appellation de Nouveau Front populaire (NFP) mais comme «la Nupes», ou «la Nupes de LFI».
Derrière le Premier ministre en campagne, une diapositive sur laquelle on peut lire : «Avec la Nupes : moratoire sur le nucléaire = hausse des prix et dépendance à l’étranger.» Et Attal d’expliquer : «Pour la Nupes, de son côté, le jour d’après tient en deux piliers. Une écologie brutale, faite de contraintes, d’interdits, de sanctions, de taxes, et la fin du nucléaire. […] Dès le jour d’après, la Nupes l’a dit, La France insoumise l’a dit, elle enclencherait la sortie du nucléaire […] C’est nous condamner, comme l’Allemagne, à rouvrir nos centrales à charbon […], c’est détruire des milliers d’emplois, c’est renoncer à notre souveraineté énergétique et nous mettre entre les mains de nations étrangères.»
Division au sein de la gauche
Or, le programme commun du Nouveau Front populaire ne formule pas de proposition autour de la fermeture des centrales nucléaires. Et pour cause : comme récemment détaillé dans les pages de Libération, le nucléaire reste un sujet de division au sein de la gauche, entre un Parti communiste (PCF) pro atome, un Parti socialiste qui voit dans le nucléaire est «une énergie de transition», et LFI et Les Ecologistes qui affichent l’ambition du 100% d’énergies renouvelables en 2045.
Interrogés sur cette absence de consensus, différents représentants des partis réunis sous la bannière NFP ont donné des éléments de réponses. Sur France Info, Fabien Roussel (PCF) explique que LFI et les écolo sont d’accord pour que les décisions sur le sujet «soient prises par le Parlement». Autrement dit, qu’en cas de majorité d’élus NFP à l’Assemblée, et la mise en place d’un gouvernement représentant ces sensibilités politiques, le cap ne soit pas arrêté au niveau du ministère mais débattu au Parlement. «Le plan pluriannuel pour l’énergie qui a été voté cette année sera remis à l’ordre du jour, pour savoir si les engagements financiers sont confirmés pour les années qui viennent, déclare Roussel. Dans ces engagements financiers, il y a la construction de nouvelles centrales et l’investissement dans les énergies renouvelables. J’ai une totale confiance dans le Parlement, demain, pour voter de nouveau ce programme pluriannuel de l’énergie.»
Sur le même sujet, Eric Coquerel (LFI) a expliqué face au Medef que le NFP «ne touche pas au programme actuel». «C’est là-dessus que nous nous sommes entendus. [LFI] est pour la sortie du nucléaire, on le sait. Mais là, le mandat que nous donnons, c’est de ne pas toucher au parc [nucléaire] actuel», et de remettre «aux élections présidentielles» les décisions sur ce sujet.
La résolution du dissensus repoussée à la présidentielle 2027
Lors de ce même évènement, l’animatrice de l’échange a proposé de résumer la situation «sur la question du nucléaire» en quelques mots : «Ça va dépendre du résultat des élections législatives, [de savoir] si LFI est devant le PS et le PCF ou si c’est l’inverse ; et à partir de là, vous allez choisir et déterminer votre politique nucléaire.» Boris Vallaud (PS) voit dans cette présentation «une forme de caricature». Et d’expliquer que «c’est un débat que nous aurons» : «Comment est-ce que nous arrivons à la neutralité carbone en 2050 ?» Pour enfin condenser son point de vue en quelques mots «la décarbonation avant la dénucléarisation». Evoquant les six nouveaux EPR décidés par Emmanuel Macron,Vallaud affirme qu’il «n’est pas prévu d’arrêter la réflexion et le chantier». Quant à savoir s’il est question de «fermer un autre Fessenheim», Vallaud répond : «Non».
En bref : contrairement à ce que laisse croire Gabriel Attal, la ligne de La France insoumise sur le sujet du nucléaire n’est pas celle du programme du bloc de gauche – la résolution du dissensus étant repoussée à des débats parlementaires ultérieurs et aux discussions entre partis dans le cadre de la présidentielle 2027.
Sur les questions énergétiques, les parties prenantes du NFP s’entendent actuellement sur la mise en place d’un «plan climat visant la neutralité carbone en 2050», le renforcement «des filières françaises et européennes de production d’énergies renouvelables», avec l’accent sur les énergies hydroliennes. Autre point d’accord : cesser le financement des énergies fossiles par les banques, «en commençant par les nouveaux projets». Mais aussi l’abandon de la fusion de l’Agence de sûreté nucléaire et de l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire.
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Publish date : 2024-06-24 11:05:56
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