Des affiches « drôles, fraîches, joyeuses, qui marquent une époque ».
Selon lui, le projet est en tout cas venu opportunément « dépoussiérer » la communication visuelle et politique classique. « Les partis se sont contentés depuis belle lurette de créations plus institutionnelles les unes que les autres. Là, on a des affiches drôles, fraîches, joyeuses, qui marquent aussi une époque », affirme-t-il.
Une esthétique et un esprit « optimiste » qui plaisent également à Antoine, graphiste du Studio Topo, à Lyon. « J’aime bien cette idée de créer, grâce à mes compétences professionnelles, une “arme” qui va pouvoir servir potentiellement à 1, 10 ou 1 000 personnes, qui vont pouvoir partager ou imprimer mon affiche. Au fond, c’est un travail d’équipe », ajoute le jeune homme de 31 ans, qui a créé l’image « C’était mieux avant, quand les gens ne votaient pas pour l’extrême droite ».
« Mettre sa peur dans l’action »
Le travail d’équipe est également au cœur d’une initiative similaire : Formes de luttes. Créé en 2019 à l’occasion de la mobilisation contre la réforme des retraites, ce collectif met aussi à disposition gratuitement sur son site des œuvres en faveur du Nouveau Front populaire (mais pas que).
« Depuis quelques jours, les images arrivent en flux continu, explique Sébastien Marchal, cofondateur de Formes de luttes. Au fond, on est peu de graphistes à produire des formes sur le terrain politique et social. Mais cela ne veut pas dire que ceux qui travaillent davantage sur un terrain culturel, voire institutionnel ou commercial n’ont pas d’idées politiques, comme en témoignent leurs propositions lors de nos appels à images. » Depuis 2019, près de 700 images signées de plus de 300 graphistes ont été mises en ligne.
Des affiches publiées sur Formes de luttes : celles de Bureau Coupe Coupe (à g.) et Dugudus.
Contrairement à celles de 24×36, toutes les affiches de Formes de luttes sont signées de leurs auteurs et autrices, et servent également à la création d’autocollants distribués en manifs. Leurs formes sont par ailleurs très différentes, là où celles du site de Geoffrey Dorne et Mathias Rabiot ont toutes la même typographie et la même palette de couleurs. « C’est important pour nous de maintenir la dimension des auteurs et de la diversité du graphisme », explique Bruno Charzat, cofondateur du collectif, où bon nombre d’artistes sont par ailleurs impliqués dans des associations, des syndicats ou des partis.
Sur Formes de luttes, les affiches de Louise Jardin (à g.) et Affiche Encollèr.
Parmi les contributrices, on peut citer Magali Brueder, qui a rejoint Formes de luttes il y a environ quinze jours. « Cela fait longtemps que j’utilise mes capacités de graphiste et d’artiste pour communiquer autour des luttes, quelles qu’elles soient. Aujourd’hui, il y a un sentiment d’urgence : les législatives vont arriver très vite. Ce qui se passe fait peur, mais je me dis qu’il vaut mieux essayer de mettre sa peur dans l’action plutôt que dans l’immobilisme », dit-elle.
Gerald Holubowicz confirme : « Tout le monde ne peut pas forcément se déplacer, faire du porte-à-porte, du tractage. Proposer des affiches politiques, c’est une façon de participer humblement à cette mobilisation. »
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Publish date : 2024-06-22 07:21:00
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