Les estimations sont tombées. Ce vendredi, les responsables du Nouveau front populaire (NFP), coalition de gauche réunissant notamment La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS) et les Ecologistes (EELV), ont chiffré leur programme économique. Alors que la France est sous le coup d’une procédure de la Commission européenne pour déficit public excessif (5,5 % en 2023), Éric Coquerel (député LFI), ancien président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, a assuré que le programme ne provoquerait pas une augmentation des déficits.
De son côté, le centre de recherche économique de l’assureur Allianz estime, dans une étude publiée le même jour mais avant les annonces précises, que le programme NFP aggraverait le déficit à 6 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2025 (contre 4,4 % selon les projections actuelles de l’OFCE). Et ce, en provoquant un ralentissement de la croissance de 0,3 % point de base, pour s’établir à 1%. La dette publique, quant à elle, pourrait augmenter de 4,1 points en un an et demi et ainsi atteindre 114,7 % du PIB.
Un déficit aggravé
Côté pile, les principales dépenses du programme NFP ont été évaluées à 142 milliards euros par an par Allianz. L’alliance des parties de gauche estime pour sa part la facture à 100 milliards pour l’ensemble des mesures.
Allianz Trade chiffre à 27 milliards d’euros l’augmentation des budgets de la culture, de l’aide étrangère et du sport. La revalorisation du SMIC de 14 %, mesure phare de la coalition, coûterait 6,7 milliards d’euros en plus. Importantes, les augmentations des prestations sociales et des salaires des fonctionnaires nécessiteront la dépense de 40 milliards d’euros au total. Le programme NFP ne détaille pas autant les coûts par secteur.
Les estimations des économistes d’Allianz concernant le programme économique du NFP.
Crédit: Allianz Research
Côté face, le durcissement de la fiscalité, principalement des plus riches, pourrait rapporter 92 milliards d’euros par an à la puissance publique, selon les économistes de la société d’assurance. Une estimation plus proche de celle du NFP, cette fois-ci, qui a indiqué que les recettes fiscales seraient équivalentes aux dépenses (environ 100 milliards).
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Parmi les propositions phares pour y parvenir : le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), contenant une disposition sur le climat, ainsi qu’une taxation des superprofits. Les deux mesures rapporteraient 10 milliards chacune, selon Allianz. Un nouveau désaccord de chiffres avec le NFP qui estime que ces deux mesures généreraient 30 milliards d’euros.
Dépenses et recettes prises en compte, le coût budgétaire net arriverait à 50 milliards d’euros annuels pour l’Etat, d’après l’assureur.
Augmentation du coût de la dette
Les fortes dépenses budgétaires du NFP auraient un impact néfaste sur l’état de la dette, avance Allianz. Selon Maxime Darmet, économiste en charge de l’étude, « les taux d’intérêt pourraient grimper de 3,8 % en 2025 et se stabiliser par la suite ». Si le programme du RN était appliqué, ils atteindraient 3,6 %. Cette tension sur la capacité d’emprunt de la France conduirait à ce que les dépenses d’intérêts atteignent 64,5 milliards d’euros l’année prochaine.
Autre inquiétude formulée dans l’étude d’Allianz ; l’élargissement des obligations d’Etat. Elles pourraient augmenter de 90 points de base dans 10 ans. Au moment où « les effets économiques négatifs s’accumuleraient au fil du temps dans un contexte de perte de compétitivité », détaille le rapport.
Dans l’hypothèse de la réalisation de ces prédictions, les économistes rappellent que la Banque centrale européenne (BCE) devrait « intervenir en cas de « dynamique de marché désordonnée » ». L’instrument de protection de la transmission (IPT) de la BCE permettrait ainsi contenir des effets de contagion et limiter les risques d’une crise de la dette.
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Malgré les estimations fournies par l’étude, Maxime Darmet juge néanmoins peu probable qu’elles soient un jour appliquées. Allianz prévoit en effet que le NFP, et même le Rassemblement national (RN), n’arrivera à constituer qu’une majorité relative lors des élections. Et « dès le premier projet de loi, une motion de censure serait votée et approuvée », ce qui renverserait le gouvernement. En conséquence, les économistes d’Allianz imaginent la mise en place d’un « gouvernement technocratique », comme dans le cas où Jordan Bardella arriverait au pouvoir. Celui-ci épargnerait l’état des comptes publics en gardant un déficit proche de 5 % du PIB. Mais en conséquence, « pas grand-chose ne serait à attendre sur le front de la politique économique ». Les élections se profilant comme celles du changement deviendraient alors celles de la continuité.
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Publish date : 2024-06-21 17:54:00
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