La bataille des législatives se poursuit sur le terrain miné du chiffrage des programmes. À moins de dix jours du premier tour des législatives, le nouveau Front populaire (NFP) a présenté à la presse les grands axes de son programme budgétaire et fiscal des prochaines années. S’appuyant sur une logique de relance keynésienne, le bloc des gauches entend opérer « une rupture radicale » avec la politique opérée jusqu’ici par le gouvernement. « En 2025, la dépense publique pourra atteindre 100 milliards d’euros », a annoncé Eric Coquerel, l’ancien président de la Commission des Finances (LFI).
Impôt sur le revenu : quand le Nouveau Front populaire veut revenir 40 ans en arrière
En face, la coalition des gauches et des écologistes prévoit 100 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Sont attendus, entre autres, un impôt sur les successions des plus hauts patrimoines (17 milliards d’euros), un impôt sur le revenu avec un barème composé de 14 tranches (5,5 milliards d’euros) ou encore la suppression de la flat tax (2,7 milliards d’euros). D’ici 2027, les dépenses pourraient monter à 125 milliards d’euros.
La coalition des gauches n’a pas apporté tous les détails de son chiffrage, mais cette présentation permet de se faire une idée de la politique économique du bloc des gauches. Critiqué de toutes parts, la coalition a tenté de rassurer les milieux économiques et dirigeants sur son cap fixé jusqu’en 2027, devant le Medef la veille lors d’une audition fleuve des candidats. Mais la politique fiscale présentée pourrait réveiller des craintes chez le patronat.
Législatives : au Medef, le grand écart fiscal des candidats
Côté recettes, un ISF Climat et des taxes sur les superprofits dès 2024
Face au marasme budgétaire en cours, la coalition des gauches a prévu d’augmenter la fiscalité sur le capital. A travers un budget rectificatif dès l’été, le Nouveau Front populaire prévoit des rentrées fiscales supplémentaires de 30 milliards d’euros. Dans le viseur figurent les superprofits générés dans les secteurs de l’énergie ou l’agroalimentaire (15 milliards d’euros).
Du côté des ménages, l’alliance des gauches a annoncé la mise en place d’un impôt sur la fortune avec un volet climat (15 milliards d’euros). Une initiative soutenue par l’économiste proche d’Emmanuel Macron, Jean Pisani Ferry. Interrogée sur le rendement du précédent ISF évalué à 5 milliards d’euros, l’économiste Julia Cagé et professeure à Sciences-Po a expliqué que « la situation du patrimoine en France a changé depuis 2017 ».
« Avec la même fourchette et le même taux, on aurait sans problème entre 12 et 13 milliards d’euros ».
L’impôt sur la fortune de 2017 « était un ISF gruyère. Il ne rapportait pas suffisamment et il n’était pas assez ciblé. L’assiette était trouée », a poursuivi l’économiste. Sur le réseau social X, l’ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, a jugé que le programme fiscal était « confiscatoire ».
« « Confiscatoire » est un jugement moral mais pas un raisonnement économique. J’aimerais avoir un échange avec lui sur la taxation du capital », a répondu l’économiste. S’agissant de l’assiette, « l’outil de travail sera exonéré », a précisé à La Tribune, Eric Coquerel. La coalition ne s’interdit pas « de réfléchir à des modulations de l’assiette », d’après plusieurs économistes présents pendant la conférence de presse.
Le retour de l’ISF vert de Jean Pisani-Ferry
Côté dépenses, pouvoir d’achat et investissement
Dans les grandes masses budgétaires présentées, le Nouveau Front populaire (NFP) a prévu un programme de relance par la demande assez classique. Pressés par l’envolée des prix, les Français ont dû se serrer la ceinture depuis 2022 pour payer leurs factures d’énergie et leurs courses alimentaires.
Législatives : bataille à couteaux tirés sur le pouvoir d’achat
Face à ces difficultés, le bloc des gauches prévoit de soutenir le pouvoir d’achat des ménages avec la hausse du SMIC à 1.600 euros net, l’indexation des salaires sur l’inflation, la revalorisation des APL de 10% et le dégel du point d’indice des fonctionnaires 10%. Ce premier paquet représenterait une enveloppe de 25 milliards d’euros.
Un pôle public bancaire pour accompagner les PME et les TPE
Face aux craintes des entreprises sur le salaire minimum ou l’indexation des salaires, « il s’agit d’accompagner davantage les TPE et les PME », a expliqué l’économiste Eric Berr, maître de conférence à l’université de Bordeaux et proche de La France Insoumise. Le pôle public bancaire (principalement Bpifrance et la Banque postale) pourra proposer des avances à 0% sur 1 ou 2 ans.
Un fonds spécifique de solidarité pour les petites et moyennes entreprises pourrait être crée « pour la reprise à 0 % de leurs charges financières ». S’agissant du financement, le NFP met sur la table « un dispositif de crédit bonifié pour les PME-TPE souhaitant se développer ».
Le programme propose un « financement à 0 %, voire à taux négatif, de leurs investissements, le taux étant d’autant plus abaissé que ceux-ci sont utiles socialement et écologiquement ». Lors de la présentation, les élus ont joué sur le clivage PME/grandes entreprises. « Nous considérons que la préoccupation d’entreprises cotées en bourse n’est pas la même que la plupart des chefs d’entreprise du pays », a justifié Eric Coquerel. Promettant une remise à plat des soutiens aux entreprises, l’élu de Seine-Saint Denis veut « reprendre l’aide aux entreprises qui n’en ont pas besoin et aider celles qui en ont besoin ».
Abrogation des réformes des retraites et de l’assurance-chômage
Sur l’assurance-chômage et les retraites, le Front populaire a prévu une abrogation des dernières réformes du gouvernement dès l’été. « Ce qui signifie un retour à l’âge de départ à 62 ans. Nous entendons proposer une grande loi sur la retraite à 60 ans avant 2027. Nous allons travailler avec les partenaires sociaux », a expliqué Eric Coquerel.
Sur l’assurance-chômage, le bloc des gauches prévoit de revenir sur la prochaine réforme censée être mise en œuvre en fin d’année après le décret du 1er juillet. Mais la coalition n’a pas apporté de précisions sur les précédentes réformes passées depuis 2019.
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Publish date : 2024-06-21 15:23:00
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