25 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour 30 milliards de nouvelles recettes la première année. Le très attendu bouclage du programme du Nouveau Front populaire (NFP) a été dévoilé lors d’une conférence de presse, vendredi 21 juin. Déployé sur trois ans, il envisage une hausse des dépenses pour atteindre 150 milliards d’euros en 2027. En contrepartie, le choc fiscal voulu par l’union de la gauche est censé rapporter également 150 milliards d’euros.
Réunis à la Maison de la chimie à Paris, les représentants des principaux partis du NFP, épaulés par des économistes qui soutiennent la coalition, ont détaillé les différents temps de leur projet. D’abord celui de la rupture, qui correspond aux premiers mois d’exercice du pouvoir en cas de victoire. Au programme : des mesures d’urgence pour « éteindre le feu social », a expliqué Alexandre Ouizille, sénateur PS de l’Oise. Outre le smic qui passera à 1 600 € net – le NFP promet d’aider les petites et moyennes entreprises pour accompagner cette hausse –, le point d’indice des fonctionnaires sera revalorisé de 10 %, tout comme l’aide personnalisée au logement (APL). Au total, cela coûtera 25 milliards d’euros d’ici à fin 2024. Un chiffre qui comprend aussi l’abrogation des réformes de l’assurance-chômage et des retraites. Pour ces dernières, une « grande loi » est promise avant 2027 avec toujours l’objectif d’un âge de départ à 60 ans.
En face, une première phase de la « révolution fiscale » devrait rapporter 30 milliards d’euros. La mise en place d’un nouvel impôt de solidarité sur la fortune (ISF), avec une composante climatique, plus fort que l’ancien, et « intégrant la fortune professionnelle » a précisé l’économiste Julia Cagé, représenterait 15 milliards d’euros de rentrées fiscales par an. À titre de comparaison, l’ISF, avant qu’il ne soit transformé par Emmanuel Macron en impôt sur la fortune immobilière, rapportait « 4 à 5 milliards » à l’État chaque année. Une taxe sur les superprofits, mesure réclamée de longue date par la gauche au Parlement, générera également 15 milliards d’euros.
150 milliards de dépenses et de recettes en 2027
Pour 2025, première année complète du NFP au pouvoir, la dépense publique grimpera à 100 milliards d’euros supplémentaires. L’embauche de fonctionnaires dans l’enseignement et la santé, le soutien à la rénovation des bâtiments et à la filière des énergies renouvelables, et l’introduction d’une garantie autonomie qui complétera les revenus des jeunes situés sous le seuil de pauvreté seront les principales lignes budgétaires nouvelles.
« Afin de ne pas aggraver les comptes publics, mis dans une situation dangereuse par Emmanuel Macron, de nouvelles recettes sont mobilisées auprès des plus riches », justifie le programme. La suppression de niches fiscales et la flat tax – qui permet une taxation limitée sur les capitaux –, un impôt sur l’héritage de hauts patrimoines, le passage de 5 à 14 tranches d’impôt sur le revenu et la progressivité de la CSG porteront les nouvelles rentrées à 100 milliards d’euros.
Enfin, pour la fin du mandat, des projets de grande ampleur tels qu’un plan de développement du fret ferroviaire ou le recrutement « massif » de fonctionnaires amèneront les dépenses à 150 milliards d’euros. Un impôt sur les bénéfices des multinationales inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, avec d’autres nouveaux dispositifs fiscaux, viendra abonder les caisses de l’État. Résultat, au total, les recettes atteindront 150 milliards d’euros, assure le Nouveau Front populaire.
La stratégie du multiplicateur keynésien interroge
Bien que détaillé, ce chiffrage apparaît sur certains points plutôt optimiste. Il n’intègre pas, par exemple, le blocage des prix de certains produits voulu par le NFP. Selon l’Institut Montaigne, laboratoire d’idées d’inspiration libérale, l’encadrement des prix alimentaires pourrait ne rien coûter à l’État s’il n’était pas compensé. En revanche, le blocage des tarifs de l’énergie et des carburants se situerait autour de 24 milliards d’euros.
Pour sa défense, l’union de la gauche avance sa méthode de relance keynésienne par le pouvoir d’achat. « Nous comptons sur un effet multiplicateur, argumente Éric Coquerel, députant Insoumis sortant et ancien président de la Commission des finances. L’augmentation des salaires va booster la consommation et remplir les carnets de commandes des entreprises. » Cette stratégie du multiplicateur rappelle en tout cas les programmes qui ont fait gagner la gauche par le passé.
Centré sur la demande, stimulant les salaires et la consommation, le plan du NFP pourrait cependant se heurter à la situation budgétaire. La dette publique française de 110 % du PIB pourrait rendre les promesses difficiles à tenir si la gauche au pouvoir n’arrivait pas à rassurer les investisseurs étrangers.
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Publish date : 2024-06-21 16:46:32
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