Très attendus et très débattus par ses adversaires, le chiffrage et le financement du programme du Nouveau Front populaire ont été dévoilés ce vendredi midi lors d’une conférence de presse. Réinstaurer l’ISF, créer plus de tranches pour l’imposition sur le revenu, abandonner la flat tax pour augmenter le SMIC, les APL, et abroger les réformes retraites et chômages… 20 Minutes fait le point sur le programme économique de l’union de la gauche qui veut « abolir les privilèges des milliardaires ».
150 milliards d’euros en 2027
S’il est au pouvoir, le Nouveau Front populaire veut que l’Etat « organise la distribution sociale », a affirmé Alexandre Ouizille, sénateur socialiste de l’Oise, au cours d’une conférence de presse. Pour cela, « il faut éteindre le feu social actuel », a-t-il dit. Ainsi, les « premières urgences » sont l’abrogation de deux réformes, celle des retraites et celle de l’assurance chômage.
L’alliance de la gauche veut également augmenter de 14 % le Smic pour le passer à 1.600 euros net par mois. Quand l’une des premières mesures d’Emmanuel Macron a été de « baisser les APL », le Nouveau Front populaire prévoit d’augmenter les aides au logement de 10 %. Le point d’indice des fonctionnaires sera également augmenté de 10 %. Ces mesures coûteraient alors « 25 milliards d’euros » de dépenses pour 2024.
Pour les années suivantes, notamment pour « l’embauche d’enseignants pour réduire le nombre d’élèves à 19 par classe », pour un plan « de recrutement des professionnels du soin et du médico-social » mais aussi « l’intensification de la rénovation thermique », le Nouveau Front populaire prévoit, en cas de victoire aux législatives, 100 milliards d’euros de dépenses en 2025. En 2026, elles sont évaluées autour de 125 milliards d’euros et à 150 milliards d’euros fin 2027, a précisé le sénateur de l’Oise.
Comment financer toutes ces dépenses ?
Le Nouveau Front populaire veut alors réinstaurer l’ISF, supprimé par Emmanuel Macron à son arrivée à l’Élysée, « avec une composante climatique à 15 milliards d’euros », et la mise en place d’un impôt sur les superprofits, « qui rapporte elle aussi 15 milliards d’euros », a précisé l’économiste Julia Cagé, au cours de la conférence de presse. Ces 30 milliards d’euros serviraient à financer les « 25 milliards d’euros » que coûteraient les dépenses « de premières urgences » citées plus haut.
Dans le programme sont également prévues la « suppression de niches fiscales inefficaces et injustes » et l’introduction d’un « impôt sur les plus hauts patrimoines ». « De ce point de vue là, la mise en place d’un barème de quatorze tranches d’impôt et d’une progressivité de la CSG » ainsi que « la suppression de la flat tax » sont « fondamentales », a indiqué Éric Coquerel, ancien président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. Avant d’affirmer : « 92 % des Français ne verront pas leur fiscalité transformée, ou au contraire la verront atténuée. »
Des mesures approuvées par des économistes
Après la présentation de ce programme économique par les représentants du Nouveau Front populaire, l’économiste Eloi Laurent a pris la parole. « Il y a des mesures de dépenses sociales qui peuvent sembler non crédibles mais qui peuvent complètement changer la donne », a-t-il dit. Il a ensuite cité l’économiste britannique John Keynes, assurant qu’« une dépense sociale peut devenir un investissement » et peut être « efficace économiquement ».
« Ce que propose aujourd’hui le Nouveau Front populaire, c’est d’introduire de la justice fiscale », a, quant à elle, qualifié l’économiste Julia Cagé.
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Publish date : 2024-06-21 10:55:00
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