Rassurer à dix jours du premier tour. Le Nouveau Front populaire, l’alliance de la gauche formée pour les élections législatives, a chiffré en partie le programme économique qu’il entend appliquer en cas de victoire au second tour le 7 juillet. Hausse du smic, blocage des prix… les premières annonces avaient suscité de nombreux doutes quant à leur financement.
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Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avait défendu jeudi que ce programme économique coûterait 200 milliards d’euros sur cinq ans à la France, mais en rapporterait 230 milliards « par un coup de fouet à l’activité ». « La dépense sociale crée du bien-être, lequel permet la consommation qui, elle, produit de l’emploi et des recettes fiscales », avait argumenté le fondateur de LFI.
« Priorité au pouvoir d’achat »
Ce vendredi, le sénateur communiste Ian Brossat a été le premier à prendre la parole lors de cette conférence de presse à Paris. Il a dénoncé la dégradation des finances publiques de la France, dont il tient pour responsables les gouvernements d’Emmanuel Macron.
Éva Sas, députée EELV membre de la commission des finances à l’Assemblée nationale, a ensuite évoqué la volonté de « rupture immédiate et claire avec la politique d’Emmanuel Macron ». « Priorité au pouvoir d’achat », souligne l’écologiste, en mettant de nouveau en avant la hausse de 14 % du smic pour l’établir à 1 600 euros net par mois.
Cette annonce effraie déjà les chefs d’entreprise, qui auront en charge cette augmentation. Cette hausse sera « positive pour les entreprises » car elle stimulera, selon la députée, la consommation et la commande publique et facilitera les recrutements dans les secteurs en pénurie. Néanmoins, des aides « temporaires » seraient allouées aux très petites entreprises (TPE) qui ne pourraient supporter ce coût.
Ensuite, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille a répété le souhait d’abroger la réforme des retraites et de l’assurance chômage. Le NFP prévoit « 25 milliards de dépenses » pour 2024 : 10 % de hausse du point d’indice des fonctionnaires et du montant des aides pour le logement (APL). Il annonce aussi le financement par l’État, dès la rentrée de septembre, des frais de cantine, du périscolaire et des transports.
Comment le financer ? Avec « un argent oisif, improductif », affirme Alexandre Ouizille. Pour cela, le retour de l’impôt sur la fortune (ISF) avec « une composante climatique » rapporterait 15 milliards d’euros. L’imposition sur les superprofits ramènerait, elle, 15 milliards d’euros en 2024.
Supprimé par Emmanuel Macron à son arrivée à l’Élysée, la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI) avait marqué la volonté du gouvernement de renforcer l’attractivité française en matière d’investissements.
La politique fiscale du gouvernement n’a conduit à aucun investissement supplémentaire, ni créations d’emplois, appuie Julia Cagé, l’une des économistes chargés par le NFP de chiffrer le programme. La suppression de l’ISF a conduit à « une augmentation des inégalités économiques », là « c’est le retour de la justice fiscale », ajoute-t-elle.
Une réinstauration de l’ISF en cas de victoire du NFP pourrait ainsi rapporter « douze, treize milliards » les premières années avant de monter à 15 milliards, au lieu de « quatre, cinq » milliards dans la mouture précédente », a-t-elle précisé.
« Fin des cadeaux fiscaux »
L’année 2025 serait consacrée à la « reconstruction écologique et des services publics ». Le député LFI Éric Coquerel promet de « mieux répartir les richesses ». Des taxes sur le capital dit « non productif » (dividendes, actionnariat) doivent permettre de récupérer des fonds sur les « cadeaux fiscaux alloués aux plus riches ». Avec, affirme l’Insoumis, aucun changement sur la feuille d’impôt pour 92 % des Français.
Ensuite, 100 milliards d’euros de rentrées fiscales permettraient d’embaucher de nouveaux professeurs pour réduire le nombre d’élèves à 19 par classe, d’intensifier la rénovation thermique et de financer « une garantie autonomie » pour les jeunes qui se trouvent sous le seuil de pauvreté. Ces 100 milliards d’euros doivent provenir de la suppression de niches fiscales, d’une hausse de l’impôt sur le patrimoine ou encore de l’apparition de 14 tranches d’impôt.
Impôt sur les transactions financières
Enfin, en 2026-2027, le Nouveau Front populaire promet de « transformer profondément le pays », à la campagne et en ville. Transport ferroviaire, services publics, budget de la culture… Éric Coquerel a égrainé les annonces sans préciser leur financement. Tout juste annonce-t-il 150 milliards d’euros de recettes avec l’application d’un impôt sur le chiffre d’affaires des multinationales et les axes sur les transactions financières.
Concernant la réforme des retraites, le NFP prévoit bien son abrogation à l’été. Éric Coquerel évoque ensuite des « discussions » avec les partenaires sociaux d’ici 2027 sur un éventuel retour à l’âge de départ à 60 ans.
« Nous n’augmenterons pas le déficit cet été », assure le député de Seine-Saint-Denis. Il souligne aussi que le programme présenté « court jusqu’à 2027 », et qu’au niveau du coût total du programme, « nous ne sommes pas très éloignés de ce qui est dit par Jean-Luc Mélenchon sur cinq ans ».
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Publish date : 2024-06-21 11:16:00
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