2024 EKA. 20 – 07:25h
ÉDITO – L’intégration d’EH Bai dans la nouvelle alliance des forces de gauche créée à l’occasion des prochaines élections législatives est inédite.
Goizeder Taberna. © Guillaume FAUVEAU
Il y a 15 ans, peut-être même dix, la question ne se posait pas. Les élections législatives ne sont pas faites pour les abertzale, disait-on, leur candidature est symbolique. Entre-temps, le contexte a évolué. Leur progression électorale a été continue, leur présence dans les institutions étendue et, à mesure que les autres partis s’affaiblissaient, EH Bai est devenue la première force de gauche au Pays Basque Nord. Elle pesait 16 000 voix aux dernières élections législatives, 20 000 aux départementales. Mais la seule lecture quantitative ne pourrait pas expliquer qu’en 2024, Peio Dufau soit investi dans la sixième circonscription par les plus hautes instances, à Paris, du Nouveau Front populaire et qu’Alain Iriart soit désigné suppléant de la socialiste Colette Capdevielle dans la cinquième. D’autant que cette configuration définie en vue des élections des 30 juin et 7 juillet est une exception dans l’Hexagone.
En Bretagne, l’Union démocratique bretonne soutient l’union de la gauche, mais elle n’a obtenu aucune circonscription en échange, au grand regret de ses représentants. Premier député de la fédération Régions et peuples solidaires (RPS) élu en 2012, Paul Molac, lui, se retrouve à faire campagne face à une candidate du Nouveau Front populaire. Le député sortant du Morbihan repart donc seul, alors que le RPS se présente depuis 1989 avec les écologistes, qui eux appartiennent au Nouveau Front populaire. En Corse aussi, indépendantistes et autonomistes se présentent en dehors de cette alliance.
C’est dans le faire, le faire ensemble, qu’on trouve les raisons de l’exception basque. Depuis la fin des années 1990 et la dynamique autour de Batera puis, dix ans plus tard, le mandat d’arrêt européen émis à l’encontre d’Aurore Martin, les partis politiques de gauche comme de droite ont appris à travailler ensemble, avec les acteurs de la société civile. Le processus de résolution du conflit enclenché en 2011, puis la bataille pour la reconnaissance institutionnelle du Pays Basque Nord, ou encore celle pour la langue basque ont rapproché les artisanes et les artisans de ce territoire. Il n’y a qu’à voir la composition des multiples délégations qui se sont déplacées à Paris ces dernières années pour aller frapper à la porte de quelque ministère que ce soit. Lorsqu’il faut parler au nom du Pays Basque, les étiquettes politiques s’effacent. Le débat et la confrontation électorale reprennent de plus belle très vite après, évidemment. Le contraire serait contre-nature.
Tous les coups sont alors permis. Cependant, les propos excessifs tenus par les représentants du centre et de la droite locale sur le supposé extrémisme du Nouveau Front populaire perd de sa crédibilité au regard de cette expérience commune. Au Pays Basque Nord, on ne peut pas mettre dans le même panier l’extrême droite et l’alliance des gauches, comme on a pu l’entendre ou le lire. À la Communauté d’agglomération, des élus de gauche, aussi assoiffés de justice sociale que les porte-étendards du nouveau front, travaillent bien avec des élus Renaissance et Les Républicains. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ! », écrivait Albert Camus. Le Conseil d’État a tranché, La France insoumise, membre du Nouveau Front populaire, se trouve à gauche, le Rassemblement national à l’extrême droite.
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ÉDITO
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Publish date : 2024-06-20 05:26:04
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