Cinquante nuances de Nouveau Front populaire ou en tout cas au moins quatre ? Ce jeudi, le Medef et une dizaine d’organisations patronales reçoivent les principales coalitions en lice pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Une invitation pour avoir un représentant unique avait été faite à l’alliance de gauche. Surprise des organisateurs : ce sont finalement… quatre émissaires différents (PS, LFI, Ecologistes et PCF) qui devront se partager le temps de parole dévolu.
L’anecdote montre bien que, derrière la bannière commune, les partenaires sont loin d’avoir surmonté toutes leurs différences sur les questions économiques. Ces dernières années, les députés des différents groupes de gauche avaient pourtant fait front commun à la commission des Finances de l’Assemblée nationale sur bien des sujets. Mais ce compagnonnage n’a pas fait disparaître des lignes de clivage – sur les retraites, sur l’Europe, sur la trajectoire budgétaire – qui ressortent avec cette campagne électorale express.
Pas d’unanimité
Le chiffrage du programme commun lui-même fait entendre des sensibilités différentes. Face aux attaques de la majorité contre des mesures « qui mèneraient à la ruine », l’ancienne rapporteure générale du Budget à l’Assemblée, la députée PS sortante Valérie Rabault monte au front. « Le programme du Nouveau Front populaire représente 106 milliards d’euros de dépenses nouvelles », explique-t-elle aux « Echos ». Un chiffrage bien moindre que les 286 milliards annoncés par le camp présidentiel, et qui pourra être critiqué sur plusieurs points : le blocage des prix de première nécessité n’est pas quantifié, et celui de l’abolition des réformes des retraites et de l’assurance-chômage paraît sous-estimé.
Pourtant, ce chiffre ne fait pas l’unanimité. « C’est une vision personnelle », a répliqué LFI dans un communiqué. « Ce chiffre de 106 milliards, c’est très insuffisant pour répondre aux urgences du programme et aux besoins des gens », répond la députée sortante LFI Aurélie Trouvé, qui annonce qu’un « chiffrage commun par tous les partenaires sera fait dans les prochains jours ». Avant cela, il faudra s’entendre sur les modalités de certaines mesures annoncées. « Sur les hausses d’impôts, tant que nous ne nous sommes pas entendus sur la façon dont on taxerait, les chiffres avancés ne sont pas assez étayés », estime-t-elle.
Questions sur la dette
LFI a en tout cas prévu d’évaluer le coût que représente le passage de la retraite à 60 ans. « C’est l’objectif commun du programme », rappelle Aurélie Trouvé. « On passera progressivement à 60 ans », avait précisé lundi Eric Coquerel (LFI), président sortant de la commission des Finances de l’Assemblée. Mais ça ne va pas autant de soi pour le PS. Vendredi Olivier Faure indiquait qu’une telle réforme dépendrait « des finances publiques ».
Avec cela, difficile de savoir encore quelle trajectoire budgétaire sera assumée par le Nouveau Front populaire. Valérie Rabault estime que le déficit devrait encore être à 3,6 % en 2029, même avec une croissance soutenue d’ici-là, quand Manon Aubry (LFI) expliquait mardi matin sur France Inter que « le budget serait à l’équilibre d’ici la fin du mandat ». La précision est d’importance quand on connaît le niveau d’endettement actuel de la France.
Mais là aussi, les divergences demeurent : les Insoumis sont toujours partisans de financer la dette d’une façon détournée par la Banque de France, via ce qu’on appelle le « circuit du Trésor ». Rien d’acceptable pour Valérie Rabault et les socialistes.
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Publish date : 2024-06-18 17:13:31
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