Cette campagne est inédite à bien des égards. Dissolution surprise, extrême droite aux portes du pouvoir, union de la gauche… Mais aussi parce qu’elle a lieu en même temps qu’une compétition sportive de premier plan, à savoir l’Euro de football. Plus qu’un détail calendaire, cela représente un défi de plus pour les partis politiques qui doivent organiser leurs temps forts en fonction des matchs de l’équipe de France.
A Montreuil, pour son premier rassemblement commun, le Nouveau Front populaire (NFP) a décidé de faire de son meeting en plein air l’avant-match de la rencontre France-Autriche. « L’équipe de France, elle est là, elle est à Montreuil », s’époumone le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Et cette équipe met en scène ses derniers capés, venus de la société civile : l’économiste Thomas Piketty, Manès Madel, vice-président de l’Union syndicale étudiante, le fondateur de Mediapart Edwy Plenel…
Enfin, les représentants politiques entrent en scène, alors que la pluie tombe dru et que les drapeaux palestiniens s’agitent. Marine Tondelier raille le « très perspicace » Emmanuel Macron, qui pensait qu’« ils n’arriveraient jamais à s’organiser ». Le communiste Ian Brossat fait huer l’alliance nouée entre « Le Pen et Ciotti ». Chacun y va de sa citation et de sa référence tutélaire. Angela Davis pour l’insoumise Mathilde Panot. Clémentine Autain en appelle à Victor Hugo. François Ruffin à Johnny – « Nous allons retrouver l’envie » – puis à Baudelaire. Il faut savoir parler à tous les publics.
L’union au défi des « purges »
L’entente de la gauche semble se concrétiser. Mais ce serait oublier qu’à Montreuil, il y a aussi une guerre intestine qui fait couler beaucoup d’encre depuis quelques jours. Le député sortant de la circonscription, Alexis Corbière, a été éconduit par La France insoumise pour sa « fronde » à la ligne Mélenchon, et n’a pas reçu d’investiture du parti. Sur sa route, se présente maintenant Sabrina Ali Benali, une urgentiste parrainée par LFI.
Dans la foule, les jeunes militants insoumis distribuent des tracts en soutien à la nouvelle candidate maison. « La France insoumise investit les candidats qu’elle veut », juge une première. « Les positions de Corbière, Garrido, Ruffin ou Autain ont fragilisé le parti au moment où La France insoumise était mise au pilori médiatiquement », abonde un autre.
Non loin de là, un homme passe avec un panneau « Mélenchon tu pues quand tu purges ». « Ce n’est pas le moment de se diviser comme ça. On a une chance unique qui n’est pas arrivée depuis 81 », croit de son côté Mélina, 27 ans, une habitante de Montreuil qui ne sait pas encore pour laquelle des deux candidatures elle votera.
Puis vient sur scène Rima Hassan, qui met les pieds dans le plat. « Plein soutien aux candidats du Nouveau Front populaire comme Sabrina Ali Benali ! » Des applaudissements mêlés de sifflets accueillent la prise de position. « Corbière, il n’a pas été élu peut-être ? C’est trop facile », répond une voix dans la foule. Et quand François Ruffin prend le micro quelques instants après l’insoumise fraîchement élue eurodéputée, il ne fait pas non plus semblant : « Plein soutien à mon ami et camarade Alexis Corbière ». Le public applaudit, Mathilde Panot et Rima Hassan, à l’écart du reste de « l’équipe », ont le sourire crispé.
« Faisons serment de rester unie jusqu’à la victoire », conclut Olivier Faure. « Front populaire ! », chante la foule. Puis La Marseillaise, alors que le match vient de débuter.
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Publish date : 2024-06-17 21:27:00
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