C’est la mesure la plus critiquée par la gauche et c’est logiquement sur elle que s’ouvre le programme du Nouveau Front populaire sur l’école : l’abrogation du « choc des savoirs » et la « préservation de la liberté pédagogique » des enseignants.
Cet ensemble de mesures annoncé par Gabriel Attal en décembre dernier va de la remise à plat des programmes scolaires à la fin de la remontée artificielle des notes du brevet et du bac. Mais c’est sur la mise en place des groupes de niveau que se sont cristallisées les critiques. Malgré les modifications apportées par la ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, pour en faire des « groupes de besoins », les craintes de « tri social » continuent d’alimenter les critiques .
« Gratuité intégrale à l’école »
Le programme prévoit, dans les quinze premiers jours, de « faire les premiers pas pour la gratuité intégrale à l’école ». « Les enfants sont notre avenir, ce que nous avons de plus précieux, a souligné la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, lors de la présentation du programme ce vendredi. On leur doit l’école vraiment gratuite. Cela veut dire les transports, les fournitures, les cantines, le périscolaire. »
La mesure s’inspire d’une proposition de loi déposée par la Nupes en août 2022. Ses auteurs en avaient estimé le coût à 8 milliards d’euros. LFI s’était fondé sur une étude du ministère de l’Education nationale de 2014 pour estimer le coût de la scolarité d’un enfant en maternelle (520 euros), en élémentaire (620 euros), au collège (890 euros) et au lycée (1.200 euros en voie générale et 1.250 euros en voie professionnelle).
Recruter 33.000 à 160.000 enseignants
Dans cette « grande loi » sur l’éducation censée « entamer la reconstruction de ce service public crucial », le Nouveau Front populaire s’engagerait à « réduire les effectifs par classe pour faire mieux que la moyenne européenne de 19 élèves ».
En 2022, pour limiter les effectifs à 19 élèves par classe, le candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon avait promis de recruter 160.000 enseignants . A l’époque, l’Institut Montaigne, think tank libéral, avait chiffré la mesure à 6,8 milliards d’euros. Un montant qui pourra probablement être revu à la baisse au vu de la chute de la démographie.
Le nombre d’élèves par classe
Le nombre moyen d’élèves par classe est, selon les chiffres du ministère de l’Education nationale d’août 2023, de 22,4 élèves en maternelle, de 21,6 en élémentaire, de 25,9 au collège, de 17,9 au lycée professionnel et de 30,3 au lycée général et technologique.
Au ministère de l’Education nationale, on estime que pour appliquer cette mesure, il faudrait 33.000 postes équivalents temps plein « au minimum » pour un coût estimé à 1,4 milliard d’euros. Des chiffres qui concernent uniquement « le premier degré », a précisé la ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, sur BFM TV. Sachant que le nombre d’élèves par classe est beaucoup plus élevé au collège et au lycée.
Pour attirer davantage d’enseignants et face à la crise du recrutement, le programme du Nouveau Front populaire promet une augmentation de 10 % du point d’indice des fonctionnaires dès l’été.
Plus de mixité
Cette loi servirait aussi à « moduler les dotations des établissements scolaires – y compris privés – en fonction de leur respect d’objectifs de mixité sociale ». La mesure renvoie aux propositions faites par le député LFI Paul Vannier, dans un récent rapport parlementaire.
Revaloriser les grilles de salaires, réinvestir dans les locaux scolaires, renforcer les effectifs de la médecine scolaire et de la vie scolaire, former et titulariser les accompagnants des élèves en situation de handicap sont d’autres mesures qui relèveraient de cette loi.
La mise en place d’une « garantie d’autonomie » compléterait les revenus des ménages situés sous le seuil de pauvreté. Elle serait accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel.
La loi servirait aussi à « abolir Parcoursup » – une proposition déjà formulée lors de la campagne présidentielle de 2022 – et à supprimer « la sélection dans l’université publique ». L’idée s’inspire d’une proposition de loi faite par le député LFI Hendrik Davi, en avril dernier. Celui-ci ne remettait pas en cause l’existence de filières sélectives. Il indiquait qu’« avoir des filières totalement non sélectives permet le droit à l’erreur ». « L’idée est qu’aucun élève ne soit contraint d’aller dans le privé ou de travailler directement », précisait-il alors.
Le repas à 1 euro pour tous
Le Nouveau Front populaire entend aussi « instaurer le repas à 1 euro dans les CROUS », et reprendre la mesure qu’avait mise en place le gouvernement pendant la pandémie. Une niche parlementaire du PS avait mis ce sujet dans le débat parlementaire en février 2023. Elle est aujourd’hui réservée aux seuls étudiants boursiers et en difficulté.
A plus long terme, le programme liste d’autres propositions, comme « le rattrapage des postes manquants » à l’école publique, « une loi de programmation de la recherche plus ambitieuse », l’arrêt du Service national universel ou la pratique de l’EPS à quatre heures hebdomadaires tout au long de la scolarité, avec création d’une association sportive dans toutes les écoles.
Pour « renforcer la pédagogie de la laïcité », le programme évoque enfin « un vaste plan de formation des fonctionnaires à la laïcité » sans évoquer le devenir du plan actuel de formation engagé pour l’ensemble des personnels de l’Education nationale après l’assassinat de Samuel Paty.
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Publish date : 2024-06-14 17:23:09
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